Liste des groupes Black Metal Avslut Tyranni

En Suède, il fait froid et la nature est rude. Du coup, pour survivre, l’homme a dû s’adapter, ce qui a donné les Vikings, d’ailleurs, encore de nos jours, le stéréotype du bon Scandinave, c’est plutôt le géant blond barbu et tatoué qui pèse 100 kg de muscles que le petit gringalet cacochyme à lunettes. C’est peut-être pour ça que le pays a été l’un des berceaux du metal extrême, en est encore aujourd’hui l’un des viviers les plus prolifiques, et qu’il a notamment vu se développer une vague de black metal qui bastonne dur depuis le début des années 90.
Avslut se classe aisément dans cette catégorie : formé en 2016, le quintette de Stockholm explose deux ans après avec la sortie de son premier album sur Osmose, Deceptis, qui finira dans le top black 2018 de bien des metalleux. Inutile de vous dire que ce n’est pas en un an et demi que les Suédois se sont calmés, et que Tyranni reprend les choses là où son grand frère les avait laissées : amateurs de black brutal et mélodique à la suédoise, préparez-vous à morfler et à ramasser vos dents, les neuf nouveaux titres de la horde débarquent et ils ne vont pas faire de quartier !

Bon, on ne va pas se mentir, si vous cherchez de l’originalité, autant passez votre chemin : Avslut fait dans la plus pure tradition du black suédois, privilégiant l’efficacité à la personnalité. Ceci dit, il le fait rudement bien, et il me paraît difficile pour un amateur du genre de ne pas succomber une nouvelle fois au talent des cinq grimés. En fait, Tyranni est encore plus rapide et destructeur que le premier opus, et nous envoie une flopée de morceaux particulièrement assassins, portés par un riffing froid et tranchant, une pluie de blasts et le chant hurlé et impérieux de C. Le côté mélodique n’en est pas laissé de côté pour autant, la force du groupe résidant notamment dans ces passages aussi dévastateurs qu’hypnotiques aux harmoniques ensorcelantes (Tyranni, au refrain supersonique et mémorable qui dégage une noirceur vraiment palpable, Stigens Ände au riff central qui s’accroche dans un coin de notre tête pour ne plus nous lâcher ou le superbe Ändlöst Slaveri de clôture, généreux de 8,37 minutes, avec ce refrain au riffing épique vibrant de noblesse).

Oui, clairement, il y a des titres qui sortent les muscles et que les amateurs de mandales devraient apprécier, collant des tartines de blasts sans considération pour nos pauvres oreilles (Likvidering, titre par ailleurs un peu générique et en dessous du reste de l’album à mon sens, Den Eviga Flamman, l’excellent et explosif Underjordens Apostlar qui défonce tout sur son passage, pur déferlement de percussions hystériques, de distorsion et de hurlements sauvages qui rappellent pas mal Dark Funeral), mais les Suédois arrivent toujours à trouver une bonne balance, et ne tombent jamais dans le piège du bourrinage à outrance qui tape dans le vide, parvenant à rester accrocheurs de bout en bout sans lasser une seconde. D’ailleurs, dans une veine plus mélancolique, on a des titres comme Allt Förgas, morceau plus lent et sombre qui laisse s‘exprimer les dissonances et qui retrouve de la vigueur sur le refrain, ou un Drap qui, au contraire, dézingue sur les couplets et se fait plus introspectif et ténébreux sur un refrain aux guitares traînantes et mélodiques supportées par la double pédale.

En résumé, si vous aimez des groupes comme Dark Funeral, Setherial ou, plus récemment, Nordjevel, cet album est fait pour vous et vous ne pouvez pas passer à côté. Moins linéaire que Blood of Serpents, autrement plus frontal et méchant qu’un Istapp, ce Tyranni est un parfait condensé de black à la suédoise ultra efficace et varié, avec une super production et neuf compositions qui buttent avec classe. A s’enfiler par - 15 degrés avec deux packs de 12 devant la nouvelle saison de Vikings. Skål !