Le black metal et ses innombrables formations underground, ses
Démo tapes par centaines, ses membres officiant tantôt en solo tantôt en nombre limité… Ces groupes qui passent inaperçus, ceux qui percent avec effort, ceux qui restent volontairement dans l’anonymat, ceux qui deviennent immédiatement des révélations… La liste est longue, l’histoire du genre ayant engendré des chefs-d’œuvre immuables. Et pourtant, on en découvre tous les jours. Après
Malfeitor il y a deux ans et
Mgla il y a quelques mois, je découvre aujourd’hui
Mörk Gryning, formation datant d’une dizaine d’années hélas séparée aujourd’hui.
Créée en 1993 par
Jonas "Goth
Gorgon" Berndt et Peter "Draakh Kimera" Nagy, deux jeunes musiciens, le groupe sort rapidement une demo deux titres sur cassette et enchaine par un premier album l’année suivante. Les deux compères n’ont alors que 15 et 18 ans ; une prouesse hallucinante quand on écoute ce premier opus intitulé Tusen År Har Gått... ("Un millier d’années est passé"). Ce premier effort se voit chouchouté du début à la fin par une production des plus extraordinaires : signé directement chez No Fashion Records (
Dissection,
Lord Belial,
Marduk…), enregistré et mixé par le célèbre Dan
Swanö (
Dark Funeral,
Dissection…) au Unisound Studio, masterisé au Cutting Room Studio et agrémenté d’une intro confectionnée par leur producteur
Swanö qui, pour l’occasion, se met derrière les fûts. Du gros son, une grosse prod’, une jolie pochette typée mais efficace, neuf pistes, 33 minutes, une exaltation monstrueuse dès la première écoute.
Le prélude composé d’une nappe mélodique inspirée et de tomes impériaux passé, nous attaquons dans le vif du sujet, soit des riffs rapides, précis, transportant, glauques et poétiques. Je dis poétiques car à l’écoute du riff principal de "
Journey", nous sommes enlevés de notre pays natal pour naviguer aux côtés d’une mélodie transcendante que ne renierait pas
Dissection, visiblement une grande source d’inspiration pour la jeune formation (je rappelle qu’ils n’ont pas encore vingt ans). Les riffs s’enchainent avec harmonie et distinction, la batterie les suivant de près à grands coups de blast beats soutenus et d’une double-pédale sans retenue. À noter également que les deux musiciens ont entièrement composé leur bébé tous seuls, alternant entre les guitares, la basse, le clavier, le chant et la batterie. De vrais multi-instrumentalistes aussi doués qu’avenants.
Sans en faire des tonnes inutilement,
Mörk Gryning (pour l’information, le nom du groupe signifie "Les limites de l’aube" en suédois) enchaine les titres avec efficacité et connivence, alternant constamment entre la brutalité glaciale et les allers-retours mélodieux du black metal scandinave, le tout légèrement teinté d’un petit côté death old school. À l’écoute du disque et surtout de sa propreté, on a du mal à croire que Tusen År Har Gått... a été confectionné en 1995 tant le son parfaitement mis en scène nous met une claque à chaque écoute, à chaque nouvelle piste. Ainsi, chaque morceau possède SON riff mémorable, celui qui dévore la chanson et nous perfore l’esprit (et, à l’occasion pour ne pas dire souvent, nous fait valdinguer le crâne dans un sens comme dans un autre).
Encore une fois, la ressemblance avec les maîtres de
Dissection est frappante mais le groupe réussit néanmoins à adopter sa propre identité, ses propres mélodies et son envergure de taille, s’imposant clairement dans le milieu grâce à un enchainement de titres tous plus majestueux les uns que les autres.
Outre l’introduction et l’instrumentale acoustique reposante "
Armageddon Has Come to Pass...", la galette nous offre ce qu’il y a de mieux en matière de black mélo, usant de riffs tranchants, mélodiques, féroces, poussés par une batterie frénétique et un clavier aussi discret qu’harmonieux, se fondant complètement dans la musique originelle, créant une toute autre atmosphère. Le chant à la fois langoureux et torturé de Draakh joue correctement sur les nuances, échangeant parfois sa place contre les screams puissants de son comparse Goth. Ainsi, avec des morceaux sublimes comme "Omringningen", le typique "Unleash the
Beast" (grandement influencé par
Emperor) ou encore "Mörkrets Gryning" et son riff principal/final de toute beauté, ce premier album nous emporte loin dans la Suède froide et poussiéreuse.
Au final, une remarquable entrée en la matière pour ces deux adolescents pleins d’imagination et surtout de ressources, Tusen År Har Gått... étant de loin l’une des meilleures productions black de l’année 95 voire des années 90 avec du recul. Un premier effort à ne pas négliger, le talent et l’efficacité étant bien présent durant ce voyage sonore.
Puisant de grandes influences chez Dissection, Mörk Gryning propose des compositions de bonne qualité, surtout en regard du très jeune âge des deux protagonistes. Cela dit, Ivar Bjornsson n'avait que 13 ans lors de la première sortie de Enslaved.
Ce disque bien que trés intéressant, n'a rien d'exceptionnel, s'incrivant simplement dans la lignée des sorties Black / Death No Fashion.
Un 18/20 me parait donc largement exagéré, étant donné que Mörk Gryning ne fait pas grand chose de plus que de reprendre les ingrédients du Black Metal à la suédoise.
C'est mon ancien bassiste qui m'a fait découvrir récemment et qui m'a également renseigné pour l'anecdote sur Enslaved ^^
Pour ma part, j'ai pris une claque avec ce premier album (autant que sur Maelstrom Chaos). Je te rejoins sur le fait que Mörk Gryning n'invente rien et suit parfaitement les acquis de leurs prédécesseurs, qui plus est du même label... Ceci dit, je reste quand même encore en extase devant la beauté des riffs et des compositions.
Return Fire est aussi un bon album, équivalent a Tusen.
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