Truth

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16/20
Nom du groupe Mur (FRA)
Nom de l'album Truth
Type EP
Date de parution 26 Mars 2021
Style MusicalPost Hardcore
Membres possèdant cet album10

Tracklist

1.
 Epiphany
 04:49
2.
 Suicide Summer
 05:33
3.
 Inner Hole
 05:53
4.
 Such a Shame (Talk Talk Cover)
 06:08
5.
 Truth
 10:02

Durée totale : 32:25

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Mur (FRA)


Chronique @ JeanEdernDesecrator

06 Avril 2021

La seule chose qu'on peut prévoir, ils ne seront pas là où on les attend.

Il y a des artistes pour qui la création est une affaire sérieuse, presque une religion où l'expérimentation surgit de l'idée comme une déflagration de bombe atomique dans ses moindres notes, jusqu'à ses performances scéniques, ou ses incarnations visuelles.

MUR a vu le jour en 2010, autour du batteur Julien Granger (Four Question Marks, Today is the Day), du bassiste Thomas Zanghellini (Mass Hysteria), du claviériste et programmeur Alexandre Michaan et de Philippe Bettinelli à la guitare. Plus tard arrivèrent Jay Moulin (chant), Benjamin Gicquaud (guitare) et Guillaume Bouhier (guitare). Après un premier EP "Mur" en 2014, leur premier album "Brutalism" , sorti en 2019 chez Les Acteurs de l'Ombre, a surpris les amateurs de metal avant-gardiste, avec un mélange pour le moins chaotique et extrême de sludge, black metal, industriel, synthwave et post hardcore. Et encore, j'en ai oublié. Difficile de décrire la musique du groupe car elle échappe à toute classification, chaque élément étant fondu dans une constante folie noire et éruptive, tout en restant dans les limites de l'audible, qui ferait passer Kvelertak pour du AC/DC.

En tout cas, le jusque-boutisme musical des français n'a laissé personne indifférent et l'a fait remarquer bien au-delà de nos frontières. Si certains ont pu se faire éjecter de l'ouragan et ne pas adhérer à l'album, MUR a impressionné les héroïques survivants par ses qualités d'audace et de maîtrise du chaos. Cependant, avec la pandémie, malgré un bon démarrage de la tournée, tout a été mis à l'arrêt. Dans un premier temps, le groupe a réagi en sortant un single au mois d'aout 2020, le furieux "Black Core", et se projetait déjà sur une éventuelle tournée 2021. En outre, Benjamin Leclère a remplacé Philippe Bettellini (parti pour raisons médicales) à la guitare.
Avec l'envie de faire un EP de nouveaux titres pour avoir un setlist plus consistant, le groupe a échangé à distance pour mettre en place les morceaux, mais le projet a finalement pris plus d'ampleur, avec pour résultat cinq titres pour trente deux minutes.

Même s'il s'agît d'un mini album (donc plus qu'un EP qui est sensé faire moins de 30 minutes au compteur), les petits plats ont été mis dans les grands comme on dit, avec un CD au packaging luxueux, trois volets avec de superbes artworks d'Alex Michaan, où l'usage des couleurs vives et du doré me rappelle les peintures de Gustav Klimt, que voulez-vous je suis un grand romantique.

On pouvait légitimement se demander si MUR allait encore repousser les limites du paroxysme hyberbolique au risque de vaporiser la zone du cerveau qui analyse ce qu'entendent nos tympans.
Malgré le peu de temps écoulé depuis l'album, le combo ne s'est pas contenté de sortir des faces B de "Brutalism", mais a accompli un chemin de maturation accéléré pour déjà passer à un autre niveau. L'opus suit une progression, aussi bien musicalement que dans les textes, depuis le black d'"Epiphany" et jusque dans le dernier titre ambiant "Truth", dont le raccourci traduit en bon françois nous donne : une révélation qui conduit à la vérité. Je vous ferais bien tout le cheminement intellectuel qui sous-tend le bouzin, mais vous z'avez qu'à lire les paroles, bande de fainéants, on est pas là pour rigoler.

Si la complexité et le mélange des genres restent de mise, la musique de MUR a gagné en lisibilité. Les compositions sont denses, riches en rebondissements, avec des accalmies qui arrivent avec autant de soudaineté que les blasts dragsters qui vous atomisent sans pitié ( "Suicide Summer"). Les parties de batterie de Julien Granger sont particulièrement variées, zigzaguant avec fluidité de l'ultra-violence au groove martial, en passant par des rythmiques déconstruites avec une grosse densité de breaks et roulements. Pour les guitares, on trouve des gros riffs en murs du son à la Norma Jean, des dissonances indus, et de la cavalcade black metal, ainsi qu'une foultitude d'arrangements dont on découvre les couches à chaque écoute. Vocalement, Jay Moulin hurle sans relâche avec une rage entre hardcore et scream black, c'est finalement de ce coté qu'on pourrait attendre une progression à l'avenir, pour varier les plaisirs du gosier. L'usage des synthés est croissant au fur et à mesure du temps, avec un coté malsain qu'on trouve sur les derniers Ihsahn ("Inner Hole", ou solo de synthé d'hôpital psychiatrique de "Such a Shame"). Le sextet revendique un héritage du post punk, de la cold wave, de l'industriel et de la musique électronique des années 80 en général. La surprise de trouver une cover de "Such a Shame" de Talk Talk, très réussie et volcanique, suit donc une certaine évidence logique.
L'apothéose du synthétiseur arrive avec le dernier morceau "Truth", homélie libératrice qui ferait baver Sébastien Tellier de jalousie.

Avec ce mini-album "Truth", MUR livre un disque fort en contrastes, sombre et lumineux, métallique et organique, torturé et évident. Sa production soignée, qui tranche avec le son austère de "Brutalism", permet de rendre le mélange entre violence et sophistication, plus… accessible, si on peut dire. Il ne leur manquerait plus que le sens de la rouerie d'un Marilyn Manson pour se rendre irrésistibles, une recherche de l'efficacité pour être plus tueurs, ou de la folie décalée à la Mars Volta ou Mr Bungle pour être les plus tarés, mais est-ce bien la finalité de MUR, rien n'est moins sûr. La seule chose qu'on peut prévoir, ils ne seront pas là où on les attend.

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