Avant ce "
Troublegum",
Therapy ? nageait dans le milieu du rock indé à forte tendance noisy punk depuis 1990. Et même si "
Teethgrinder" connu un joli succès en 1992, on ne peut pas dire que la musique somme toute assez singulière d’Andy Cairns, Fyfe Ewing et Michael McKeegan allait leur promettre l’explosion planétaire qu’ils allaient connaître 2 ans plus tard. A ce rythme,
Therapy ? ne serait jamais sorti de son succès d’estime. Et justement, ce rythme, les irlandais allaient faire en sorte de l’accélérer...
En
1994, le métal, malgré les sorties du "
Far Beyond Driven" de
Pantera ou du "
Burn My
Eyes" de
Machine Head, est noyé aux yeux du grand public par ce drôle de mouvement qu’est le grunge, et surtout le revival punk, mené tambour battant par les Green Day, Offspring et autres Rancid.
Therapy ?, après avoir travaillé avec Harvey Birrell à la production, se tourne vers Chris Sheldon pour l’album qui nous intéresse. C’est à dire du producteur indé du cultissime "Here Cum Germs" des batcave
Alien Sex Fiend au gars derrière le "How to make friends and influence people" de
Terrorvision, ou le "Swagger" de Gun... Un choix qui en dit long sur la volonté du groupe à sortir de l’anonymat, voire à sauter dans le train des gros succès commerciaux de l’époque...
Mais voilà, nos irlandais torturés ne sortent pas non plus de la pochette surprise d’une boîte de prod’ voulant frapper un grand coup. Lorsqu’on réécoute des titres comme "
Accelerator" ou "
Teethgrinder", on s’aperçoit que la rage et les mélodies accrocheuses étaient déjà là. Sheldon fit ce qu’il avait déjà fait avec The Mission, en 1990 : nettoyer et donner de l’ampleur, de la puissance. "
Troublegum" passe donc de la dissonance à une puissance rythmique batterie / basse / guitare très métal, tout en gardant un lien avec la galette précédente par le biais de ces caisses claires comme des rasoirs. L’ami Chris file du coup l’écrin sonore qui rendra plus accessible leur univers...
"
Troublegum", c’est un peu comme la bande son d’un film de John Hugues version glauque et cynique. Premier titre, "
Knives", premier avertissement, premiers mots : "My girlfriend says that I need help / My boyfriend says I'd be better off dead", sur une compo entre Pixies et
Sick Of It All. Le ton est donné : noirceur, déprime, et solitude de l’ado ("With a face like this I won't break any hearts/
And thinking like that I won't make any friends" dans "
Screamager"), portés par la puissance de feu mariée du metal et du punk. "Stop It" et son intro très heavy-like, ou son refrain au coup d’accélérateur qui le fait, "Unbeliever" au rythme bien lourd, à la mélodie suicidaire et au chant post Joy
Division, ou encore, tiens, cette reprise du "
Isolation" de la bande à
Ian Curtis, à la fois très fidèle et surboostée, bref,
Therapy ? fait preuve d’une monstrueuse efficacité, jusqu’à leur tube, "
Nowhere", hymne punk certes propret, mais à la mélodie pop imparable. Si on ajoute l’indéniable puissance de feu scénique du trio (pour avoir les avoir vus sur scène lors de leur tournée "
Trouble French Tour" en
1994, je vous assure que tout détracteur ne pouvait pas faire long feu face à tant d’enthousiasme et d’énergie), leur succès mondial n’a plus rien d’étonnant.
Reste que la sauce ne prit que le temps d’un album (le seul foncièrement métal au demeurant), tout comme pour les autres groupes passés cette année-là entre les mains du magicien Sheldon auxquels on peut ajouter
The Almighty et son "Crank").Dès "
Infernal Love" (1995), beaucoup plus pop,
Therapy ? commence à perdre de sa superbe. Et malgré le retour de Sheldon pour "
Semi-Detached" en 1998, le groupe ne parvient pas à revenir sur le devant de la scène. Réécouter maintenant, "
Troublegum" semble d’ailleurs assez vieillot. Faute peut-être à un côté un brin trop pop (déjà), ou à un jeu vicieux de l’inconscient qui situe automatiquement l’album dans le cadre restreint d’un mouvement de mode (à la différence des
Pantera et
Machine Head sortis cette année-là, toujours aussi puissants malgré les 15 années passées). A trop vouloir réussir, la bande à Andy Cairns s’est coulée dans un moule trop pesant, dont ils n’arriveront, hélas, jamais à vraiment se séparer...
bien que therapy? ne soit pas tout a fait un groupe de métal, je suis un grand fan de ce groupe depuis la sortie de troublegum, qui demeure mon album preferé. il y a du punk, de la pop, du métal, dans therapy?
et michael mckeegan, le bassiste, est lui aussi un grand metalleux !
Vu en octobre 1994 à l'Elysée Montmartre (Paris) avec Spermbirds en première partie.
J'en garde un excellent souvenir, et j'apprécie toujours autant ce "Troublegum" (1994) ainsi que son prédécesseur "Nurse" (1992).
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