Triumphus Haeretici

ajouter les paroles de l'album
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
16/20
Nom du groupe Doctor Livingstone
Nom de l'album Triumphus Haeretici
Type Album
Date de parution 26 Fevrier 2017
Style MusicalBlack Avantgardiste
Membres possèdant cet album11

Tracklist

1. Codex Haeretici
2. Lux Delenda Est
3. Dancing with Horses
4. Give them Tragedies
5. Opus Magnum
6. ASMD
7. The Muck of the Land
8. Fuck You with a View
9. Peisithanatos
10. The Grand Finale (Fin de l'ordre)
11. I'll Have Some More Apple Pie Please
12. Messiahs and Pariahs
13. A Little Something for You
14. Egregore

Acheter cet album

 $15.47  15,33 €  16,51 €  £13.64  $ 16.20  21,68 €  20,28 €
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Doctor Livingstone


Chronique @ Icare

20 Fevrier 2017

La copulation entre black teigneux, saturé, et gueulard, hardcore vomitif dérangé et noise extrême et déstructurée

Il y a trois ans presque jour pour jour, Doctor Livingstone sortait Contemptus Saeculi sur Osmose Productions, véritable déflagration qui emportait tout sur son passage. Le choc avait été rude pour ceux qui, comme moi, n’avaient jamais posé l’oreille sur la musique des Montpelliérains, douloureux pour certains, jouissif pour d’autres, et probablement un peu des deux pour la grande majorité des auditeurs. Aujourd’hui, pour la nouvelle sortie du désormais trio – Guru Deadlock et Azat ne font plus partie du groupe et ce sont les membres restants qui s’occupent des vocaux - l’effet de surprise est certes moindre, mais la baffe est assurée et Doctor Livingstone continue à maltraiter l’auditeur avec ce mélange chaotique et extrême de black criard et de hardcore bruitiste.

Triumphus Haeretici est donc le quatrième full length du combo sudiste, et semble d’emblée afficher le même goût pour la provocation et l'irrévérence que ses prédécesseurs : une pochette au goût douteux que l’on croirait barbouillée par un élève de primaire, un premier titre d’ambiant tribal et noisy minimaliste de pas moins de 16 minutes, il semblerait que Reverend Prick et ses acolytes s’amusent toujours à prendre les choses à contre-pied et à flirter dangereusement avec les limites du suicide artistique.
Ceci dit, il serait sacrément dommage de ne pas donner sa chance à ce nouveau full length sous prétexte que l’entrée en matière est un peu ardue, alors un bon conseil, écoutez-vous quelques minutes de Codex Haeretici pour vous plonger dans cette ambiance à la fois froide, hostile, glauque et ritualiste, puis passez directement à Lux Delenda Est et dérouillez sévère: gros riff black death sur un déluge de blasts dévastateurs, c’est comme ça que le praticien nous accueille. On retrouve également ce break aux parties de guitares faussement naïves et vénéneuses à 1,08 minutes qui nous renvoient immanquablement au dernier Sektemtum, une sorte de solo bruitiste dégueulé par une gratte au bord de l’implosion, un passage presque cérémoniel, avec percussions traditionnelles et chœurs liturgiques et un riff magnifique à la noblesse toute black metal qui surnage dans cet océan de hurlements arrachés et de batterie épileptique. Tout ça en 4,06 petites minutes à peine. Il est clair que si vous ne supportez pas la folie furieuse et schizophrène de ce premier véritable titre, vous feriez mieux de fuir cette infamie à toutes jambes car c’est avec un plaisir sadique que notre bon docteur compte vous violer les oreilles pendant 71 longues minutes.

Non, c’est clair, les 14 titres de Triumphus Haeretici ne sont pas du black dans le sens le plus pur et traditionnel du terme, mais plutôt une sorte de bâtard abject issu de l’imagination malade de PLCD et de ses compères, fruit maudit conçu un soir de mauvaise biture dans le coin d’une rue sale qui pue la pisse, et issu de la copulation entre black teigneux, saturé, et gueulard, hardcore vomitif particulièrement in your face et dérangé et noise extrême et déstructurée, le tout arrosé des délires mélodiques schizophrènes et grand guignolesques de trois junkies mélomanes en manque. L’ensemble reste sacrément intense, quand SiX tape, il le fait bien et très vite (Give Them Tragedies) et la combinaison de ces blasts hyper violents, de ces guitares froides et tranchantes aux riffs chirurgicaux et de ces vocaux extrêmement arrachés toujours au bord de la rupture, donnant vraiment l’impression de cracher toute leur haine et leur fureur à la face de l’auditeur, forment un cocktail hautement corrosif qui respire plus le malaise et la haine que bien des groupes de true black lambda.

Ceci dit, si la violence de Triumphus Haeretici nous explose rapidement à la gueule, il ne faut pas pour autant passer sous silence le travail fait sur les ambiances : clairement moins blacks et dépressifs que sur Contemptus Saeculi, les morceaux se fendent parfois de mélodies cyniques et désabusées en décalage avec ce déballage de fureur, rappelant beaucoup le Panacea de Sektemtum en moins expérimental et plus extrême.
Il y a également un côté ritualiste, lourd et grinçant qui irradie cette cacophonie infernale (le début indus et grinçant d’Opus Magnum, ASMD, Peisithanatos où on croirait entendre un junkie taper sur les tuyaux éventrés d’une immense usine à l’abandon avec sa pipe à crack , la fin de A Little Something For You, prenant des airs de messe noire hallucinée avec ses guitares lourdes et distordues, ce rythme hypnotique et ses Ave Satanas ! scandés de manière liturgique), et Doctor Livingstone n‘hésite pas à varier les rythmes, les morceaux enchaînant passages apocalyptiques et parties plus lentes et dissonantes (Dancing with Horses, The Muck of the Land, Messiahs and Pariahs…). En fait, chaque titre est différent, possédant sa propre personnalité et son propre schéma musical imprévisible, et l’on constate que les Français parviennent à rester aussi glauques et malsains tant dans la lourdeur que dans l’hyper rapidité.

Que dire de plus ? Il est probable que ceux qui n’avaient pas apprécié Contemptus Saeculi n’aimeront pas non plus Triumphus Haeretici, allant plus loin dans ce délire bruitiste et schizophrène et perdant une partie de son aura black au profit d’une ambiance plus urbaine et industrielle. Evidemment, ceux qui ne jurent que par le true black pur et dur crieront à l’hérésie – le titre de l’album serait-il un clin d’œil à cette frange élitiste adepte d’un art désespérément figé et conservateur ? – mais tout amateur de violence musicale et d’expérimentations bruitistes intelligentes se doit de jeter une oreille sur cet album, car force est de constater que si au premier abord, Doctor Livingstone a tout du groupe barré et allumé du bocal qui tape dans tous les sens, en définitive, le combo semble très bien savoir où il va, et dans son délire musical, tout paraît minutieusement contrôlé dans le but de perturber, de déranger, d’envoûter, de malmener et de détruire.
Finalement, à l’instar de l’homme célèbre dont il porte le nom, Doctor Livingstone explore les méandres obscurs et inavouables d’un monstre musical dont on ne connaît encore pas grand-chose et qui, comme toute entité inconnue, nous fascine autant qu’elle nous terrifie. Nul doute qu’on a plus besoin de groupes de cet acabit que de la horde de suiveurs qui, inévitablement, viendra bientôt souiller les terres de ce nouveau continent vierge plein de promesses.

2 Commentaires

6 J'aime

Partager
mayhem13 - 20 Fevrier 2017: je ne connais pas mais ta chronique de qualité me donne envie de me pencher dessus. Merci.
jocemcmxcix - 23 Septembre 2017:

Effectivement, la familiarité avec Sektemtum est évidente...dans le genre cinglés !

Bonne idée qu'ils ont eu de mettre en premier ce morceau "ambient", que l'on peut passer direct si l'on veut atterrir directement chez les fous brutaux...Fascinant, oui !

Merci pour la chro, et merci Doctor !

    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire