Originaire de Melbourne et composée de cinq membres,
The Gloom In The Corner est une formation atypique, intrigante et unique sur la scène metalcore. Au-delà d’une étiquette qui mêle différents genres tels que la musique symphonique, le death metal ou encore la musique électronique, c’est surtout au travers de son univers que le groupe montre toute son identité. Entre un storytelling audacieux et une vision cinématographique immersive, le quintet impressionne grandement par son aisance à nous immerger dans un monde fantastique aussi complet et aussi bien ficelé. Toute cette mise en scène a permis au collectif de créer de toutes pièces un sous-genre nommé le Cinemacore qui, comme son nom l'indique, est une association entre le cinéma et le metalcore.
Le premier opus des Australiens
Fear Me, paru en 2016 a permis d’introduire les principaux personnages qui allaient alimenter la prodigieuse épopée en devenir. Ainsi, nous avons pu faire la connaissance de Julian « Jay » Hardy, un agent de la section 13 qui a soif de vengeance après la perte de sa chère et tendre Rachel et d’une ombre qui a inspiré le nom du groupe, Sherlock
Adaliah Bones, un être malfaisant qui a totalement pris le contrôle de l’esprit de Jay. Peu de temps après, le quintet nous a présenté l’EP
Homecoming qui a permis de plonger dans l’histoire du frère aîné de Jay, Ethan à son retour d’Afghanistan. On y apprend qu’il est atteint d’un stress post-traumatique suite à sa mission et qu’il veut désormais sauver Jay en le faisant sortir de son entité démoniaque. Pour cela, il n'aura d’autres choix que de se tuer et de montrer à bord du vaisseau The
Rabbit Hole afin de ramener Rachel sur Terre et permettre à son frère cadet de reprendre son apparence d’origine.
Vous arrivez à suivre ? Continuons le récit avec l’EP
Flesh And Bones publié en 2019. Cette troisième jaquette fait intervenir un nouveau personnage, Clara Carne, une des survivantes d’une terrible attaque commis par Jay et Sherlock, de son histoire d’amour et de son assassinat par ce dernier. Le groupe nous a finalement laissé avec un quatrième disque
Ultima Pluvia dans lequel nous en apprenons un peu plus sur notre principal antagoniste, sur le fait qu’il s’agisse d’un seigneur de guerre sous le commandement du terrible Roi Baphicho. Cette toile marque également la mort tragique de notre personnage-clé Jay par un ennemi de la section 13 Elias DeGraver et de sa silhouette maléfique Atticus Encey. Espérons que vous ne soyez pas perdus après toute cette narration et intéressons-nous désormais au cinquième album du combo australien,
Trinity.
Pour cette nouvelle aventure, nous sommes accompagnés de Clara, Ethan et Rachel. Nous allons vivre avec eux leurs nombreuses batailles au sein du
Rabbit Hole afin de récupérer trois objets cachés que sont la Main du Roi, la Boîte de Pandore ainsi que le Cœur du Souverain qui leur permettront d’ouvrir un portail magique et de rejoindre leurs proches. Cette odyssée démarre avec l’intro From
Heaven To
Hell et cette ligne « Let me paint you a picture ». Par la suite, nous sommes emmenés par la douce voix du chanteur Mikey Arthur qui nous enchante par sa belle palette au chant clair. Le morceau bascule au fil du temps dans une atmosphère plus lourde, plus épique jusqu’à cet imposant breakdown et ce message : « Bienvenue dans le
Rabbit Hole ».
Obliteration Imminent enchaine avec un rythme lent et bagarreur. L’aspect orchestral et symphonique amené par les violons instaure un esprit épique, inquiétant rempli de suspens et de péripéties. Une nouvelle fois, nous pouvons pleinement profiter des incroyables nuances de voix de Mikey entre son screaming acéré et ses envolées angéliques. La participation de Monique Pym de Reliqa contribue à la plume sensible et émotionnelle de la composition.
Sur ce nouveau méfait, le groupe australien s’est entouré d’invités sur la plupart des titres et non des moindres. Parmi eux, Ryo Kinoshita (ex-
Crystal Lake), Taylor Barber (Left To
Suffer), Elijah Witt (
Cane Hill) ou encore Joe Badolato (
Fit For An Autopsy) mettent brillamment en scène les épreuves de nos trois héros. Chaque featuring est une franche réussite et un apport saisissant dans les morceaux. Les prestations les plus mémorables sont sans conteste les deux dernières de l’opus.
Ryan Kirby (
Fit For A King) dans Gatekeeper nous fructifie d’un agréable chant clair au départ de l’écrit avant de tomber dans un screaming/growling dévastateur, un passage entre le paradis et l’enfer. Le titre laisse d’ailleurs suggérer l’hypothèse d’un gardien des portes des Anges et des Démons. Le breakdown de plus en plus languissant et pervertisseur est l’image tragique d’un combat contre d’odieuses créatures heureusement remporté par notre équipe.
Quant à Joe Badolato sur la composition finale
Hail To The King, il est la manifestation de Sherlock, ce guerrier fidèle à son roi qu’il salue et qu’il honore. La mélodie de plus de huit minutes est une pépite de progressivité et d’orchestration dans laquelle nous passons par toutes les émotions. Si l’introduction se veut mélancolique et nostalgique, le reste du tableau est empli de rage et d’impétuosité. L’ensemble de l’œuvre transpire la crainte et l’angoisse avec de nombreuses alternances entre deathcore, metalcore mélodique/symphonique et rock.
La richesse de l’album en fait aussi son principal défaut. En termes de contenu, avec treize titres et près d’une heure d’écoute, l’œuvre est assez indigeste et comme ses précédents travaux, le quintet australien aurait pu proposer deux EPs, ce qui aurait rendu l’opus moins confus. Sur certaines pistes, l’accumulation d’informations nous perd temporairement dans notre découverte. Si l’on appréciera l’apport des synthétiseurs et le caractère chaotique de Ronin, la production est assez trouble, boueuse et par rapport aux nombreux changements de rythmes ou d’instrumentaux, cela rend le suivi de la mélodie excessivement complexe. Il en sera de même avec
Gravity où les différentes couches instrumentales offrent un résultat tumultueux.
Si vous recherchez un son fantaisiste et retentissant,
Trinity est le disque qu’il vous faut. Toujours en quête d’immersion totale, le groupe nous plonge encore plus près de l’action notamment par ses passages symphoniques qui instaurent un sentiment d’héroïsme et de grandiloquence. La présence de guests permet également de se sentir plus proche des personnages et de mieux comprendre leur histoire, leurs sentiments. Tout est fait pour que l’on se sente comme dans une salle de cinéma devant un formidable film d’action et de science-fiction. Il ne reste qu’à notre quintet australien de réduire quelque peu les effets spéciaux qui peuvent nuire à l’envoûtement ainsi que la longueur afin de produire la pièce parfaite, celle qui laissera ses spectateurs pantois.
Moteur, action !
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