Groupe vétéran de la scène
Doom chilienne,
Poema Arcanus a en plus de 20 ans d'existence proposé cinq albums à son public. Le dernier d'entre eux, Transcient Chronicles, est d'abord sorti chez le label local
Australis Record en
2012, puis a été réédité un an plus tard par le label russe
Solitude Productions, en bénéficiant au passage d'un son remasterisé et d'un morceau supplémentaire (l'intéressant "Errant Souls", qui termine l'album), cette seconde version étant celle chroniquée ici.
Les Sud-Américains pratiquent ici un
Doom Death assez mélodique et progressif laissant une grande place aux influences plus traditionnelles tout en demeurant moderne et en conservant son identité propre.
C'est au niveau vocal que les influences
Doom Trad se font le plus sentir: si le chanteur Claudio
Carrasco utilise régulièrement un growl de bonne qualité, la majeure partie des vocaux sont effectués en chant clair par lequel le musicien chilien parvient à exprimer une vaste palette d'émotions. En effet, le chant clair peut par exemple être aussi bien mélancolique et plaintif que chaleureux et plus éraillé ou au contraire plus sombre et grinçant, tout en conservant dans tous les cas un ton assez théâtral bien que sans excès. De même on note l'emploi de chœurs sur des morceaux comme "Us Those Half
Dead" ou "Fading".
Cette diversité est en outre fortement mise en valeur par le travail de composition, qui joue beaucoup sur les brusques changements d'émotion et alterne ainsi les différents types de chant à bon escient. Cet aspect "progressif" déjà mentionné plus haut est en effet un des points intéressants de l'album: les morceaux sont souvent constitués de plusieurs séquences différentes s'enchaînant les unes aux autres de manière assez travaillée et originale et surprenant fréquemment l'auditeur. La fin du très bon "Inquilinos" (seul titre de l'album chanté dans la langue natale du groupe) en est ainsi un bon exemple, proposant plusieurs interludes assez calmes et très Rock prog se terminant par un brusque changement de rythme assez mémorable. Un morceau comme "
Fugitive" en est également un exemple particulièrement parlant.
Notons également que ce
Transient Chronicles n'oublie pas de mettre en avant la lourdeur nécessaire au genre quand nécessaire ni de proposer quelques pics d'agressivité toujours appréciables ( sur "Lambs" par exemple).
On remarquera également l'utilisation régulière d'arrangements et d'effets sonores divers destinés à enrichir l'ambiance. Ceux-ci restent assez discret et ne sont jamais vraiment mis au premier plan, mais s'avèrent néanmoins souvent assez intéressant, qu'il s'agisse des très classiques nappes de claviers appuyant l'atmosphère mélancolique de la fin de "Defaut Song" ou des étranges bruits audibles en arrière plan sur "Us Those Half
Dead".
L'album est donc assez riche, ce qui lui donne beaucoup d’intérêt sur le moyen terme mais peut rendre les premières écoutes légèrement difficiles, bien que le coté souvent relativement entrainant de l'ensemble compense en partie ce léger défaut. Peut-être plus important, on pourrait également reprocher à certains passages de manquer de noirceur et d'être un peu trop "gentillets" (certaines parties de "Omniscient Opponent" ou le début de "Fading" par exemple). Cela étant, cela fait partie intégrante de l'identité de l'album, qui sans ces quelques accents très ou trop lumineux y perdrait en diversité et en contraste.
Combinant richesse, accessibilité et efficacité, ce Transcient Chronicles est donc un fort bon album, que les fans de
Doom au sens large devraient apprécier.
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