Pas de guitare, pas de batterie, pas de basse, pas de growl ou de chant hurlé en général.
Et là tu te dis: « Mais que fout ce groupe ici? ». La réponse tient en un seul mot : Nattramn. Là, c’est le moment du fameux: « Ah d’accord, ça explique tout ». Enfin je crois…
Mais si enfin… Nattramn… Non ? Vraiment pas ? Vous vous souvenez, il y a 11 ans, du groupe de DSBM appelé
Silencer? Allez, en 2001… Ils n’avaient sorti qu’un album, avec un vocaliste à la
Bethlehem, époque Dictius Te
Necare… Voilà… Eh ben c’est lui! 5 ans plus tard, le revoilà.
Là, un petit coup d’œil sur la page SoM du groupe t’indique que
Diagnose Lebensgefahr, ben c’est du
Drone. Le rapport DSBM/
Drone ? Aucun. Comme ça c’est clair.
Pas de son saturé, pas de voix suraigüe, pas de
Blast continu, nein.
Mais je ne suis pas là pour vous expliquer ce que n’est pas
Diagnose Lebensgefahr, mais plutôt ce que c’est.
« Welcome to beyond human… The last call. »
Parce que oui, le Monsieur n’a pas d’autre prétention que de nous amener au niveau au dessus de l’Homme. C’est d’ailleurs en accord avec le médecin traitant de l’asile où Nattramn a été interné (à savoir : St Sigfrid) que le Fantôme de Corbeau a sorti cet album. Ça c’est pour l’anecdote croustillante, à ressortir dans les dîners mondains.
On va commencer par le schéma de l’album. Car oui, le disque est parfaitement organisé.
L’album est divisé en 3 parties. Une partie qui « bouge », où l’on retrouve sons Indus’, voix ultra-grave, et rythmiques présentes. Cette partie regroupe les pistes 4 à 7. Une partie léthargique, qui nous emmène, à travers des sons de claviers, vers l’infini (et au-delà), et qui, avec le strict minimum, change l’humeur de ta journée. Cette partie regroupe les titres 8 à 11. Il nous reste une partie qui sert de présentation aux deux autres, avec une intro, un titre qui représente la première partie, et un autre qui représente la 2ème. Cette partie, si vous faites un rapide calcul, regroupe les titres 1 à 3, donc.
Après une courte introduction nous plongeant parfaitement dans l’univers de
Transformalin, le titre éponyme arrive. Et là, la claque. Des bruitages machinistes, une programmation simple mais efficace, et un rythme marqué au fer rouge. Mélodies? Surement pas! Je vous ai parlé de la voix? Un timbre grave, à des années lumières de ce que l’on connaissait du travail de Nattramn au sein de
Silencer. Des vocaux aussi solides que fragiles, aussi déterminés que désespérés, aussi fous qu’ancrés dans la vérité. Ces adjectifs, nous pouvons aussi les appliquer aux paroles, que je vous invite fortement à lire, même si les mieux écrites, à savoir celles de la dernière piste, De Vardar Mig in Döden (ils me soignent jusqu’à la mort), ne sont pas inclues dans le livret.
Revenons-en à la musique. Les titres, à l’intérieur même des parties précédemment citées, sont vraiment variés. Ainsi, Upon the High Horse of Self-
Destruction ralentit le tempo, Situazion: Lebensgefahr l’appuie, (nous passerons sur le fait que le personnage nous gratifie d’un chant nazi à la fin de la piste…), Anoxi et ses pleurs de fillette crée en nous un véritable malaise et The
Last Breath of Tellus est absolument frais et électro, Nattramn nous faisant profiter d’un chant clair(!) avant d’enchaîner sur quatre minutes absolument entraînantes. Mon titre préféré.
Passons maintenant à la partie gentiment appelée par mes soins « léthargique » (private joke: décidemment, ce mot revient souvent…), elle aussi riche en changements. Elle est composée de pistes ambiantes relativement longues, reposantes et qui nous transportent avec une force d’immersion vraiment incroyable. Le titre « représentatif » de la partie, Flaggan På Halv Stång I Drömmens Västergård, ne peut être décrit que par la phrase précédente, preuve que l’artiste sait pertinemment où il va, et nous avec. Tout nous paraît alors lointain, et nous sommes comme piégés, anéantis par le vague espoir d’une possible issue. La formule est reprise par la 9ème piste, mais on note néanmoins de grandes variations comme par exemple sur Man vs
Apati qui propose une voix parlée recouverte par des sons machinistes, tout en restant dans un calme terrifiant, tout comme Obducentens Drom (à vos souhaits, l’artiste semble aimer les noms barbares…) et son piano hypnotisant.
Le titre final termine le travail avec brio. Cette montée en puissance (comprendre : « Aux Enfers ») est prenante et en devient presque transcendante. On ressent à travers la musique de Nattramn une certaine folie… Je dirais même une folie certaine.
Puis le voyage s’achève. Voilà. Qu’en est-il alors de nous ? Rien… Et c’est peut-être là l’objectif que s’était fixé l’ex-
Silencer. Nous détruire. Nous réduire à néant. Et si c’était cela, le niveau au-dessus de l’Homme? Et si…
Transformalin est un disque exceptionnel, par un très grand monsieur, doté d’une production absolument titanesque (merci Tobias Lilja) que je ne peux que recommander de toute ma force.
For all the non-humans…
And with a pigface!
TheDeath.
ps : lebensgefahr signifie en fait danger de mort en français, même si littéralement leben signifie vie, on ne dit pas totsgefahr.
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