Énumérer l'ensemble des nombreuses infortunes qui émaillèrent le long parcours des français de
Rozz est une gageure à laquelle, bien évidemment, nous n'allons pas nous livrer ici. Contentons-nous d'en évoquer simplement les grandes lignes qui de sa genèse en 1984, en passant par un premier EP sorti en 1986 ("Une Autre Vie") finirent par le condamner au silence. Un mutisme qui ne fut brisé qu'en
2009 grâce à un nouvel EP à l'intérêt discutable ("
Another Life") et, surtout, grâce à un premier véritable album un an plus tard ("D'un Siècle à l'Autre"). Ce disque, au Heavy
Metal, certes, sincère mais symptomatique de ces années 80 où la scène hexagonale avait une identité aisément reconnaissable, était néanmoins attachant et sympathique. Son caractère singulier s'exprimait essentiellement au travers de fables, à l'exactitude historique plus ou moins avérée, sur des musiques passéiste et terriblement efficaces. Il nous permettait, de surcroît, d'entendre à nouveau Jean Pierre Mauro et son timbre médium, profond, écorchés et atypiques en ces heures où la norme commanderait plutôt de défendre ce genre d'art à grands renforts d'aigus (une ineptie si l'on songe à l'éclat que peuvent donner ces chants plus graves et rocailleux à des titres subtilement construits (
Blind Guardian,
Iron Savior,
Rage…)). Une bonne surprise en somme que ce premier pas.
Le nouvel épisode de cette saga sort en cette année 2013 et prends le nom de "Tranches de Vie".
La première désillusion qu'il nous causera concerne le départ de celui que, pourtant, l'histoire pensait immuable au sein de cette formation, Jean Pierre Mauro. Son remplaçant nous gratifie ici d'une prestation dont les éructations ressemblent, toutes proportions gardées, au mélange improbable des voix d'Hubert Félix Thiéfaine et de Christian Décamps (Ange), pour un effet loin, mais alors très loin, d'être satisfaisant.
Au-delà de cette déconvenue, les premières pistes de ce manifeste ("Condamné" et "Les loups") en nourrissent une autre bien plus dure encore. D'une rare confusion, ils empilent certains de leurs éléments dans une cohésion parfois étrange, pour ne pas dire crispante. De plus, obscurcissant aussi la lisibilité de ces chansons, certains des enchaînements de ces différents éléments apparaissent comme inutilement complexes et extravagants. Le résultat est gauche et instable. Le plaisir incertain et illusoire.
Cet ensemble à l'apparence très désordonné, mis en exergue par un son trop épais et imprécis, est, malheureusement, une constante récurrente de l'ensemble d'un méfait souvent, au mieux, incompréhensible et brouillon, au pire, pénible et insupportable. "Tranches de Vie" est donc opus dont on ne parvient à extraire aucune ligne directrice régulière, si ce n'est l'imperfection, et qui vogue maladroitement en des eaux tantôt Heavy
Metal, tantôt
Hard Rock, tantôt Blues. S'agissant de titres ratés, citons "Croisade", "Les Conquérants", "La Nuit" ou, par exemple, "Rozzy" qui sont particulièrement représentatif de certains des défauts de ce plaidoyer.
Au son d'un pathétique Crazy Horses, seul morceau en Anglais alors que le reste de l'album aura été écrit en Francais, et où ce nouveau vocaliste témoigne de toutes ses lacunes dans la prononciation de la langue si chère aux habitants de la perfide
Albion, le groupe continue de sombrer.
Afin de ne nous épargner aucune souffrance,
Rozz, dans un immense élan de générosité, nous gratifie ici de pas moins de 16 titres. Peut-être eut-il été plus judicieux d'en offrir moins, et ainsi de nous proposer une sélection des meilleurs, ou plutôt des moins pires?
Finalement, le seul obstacle susceptible, de nous empêcher d'abaisser définitivement la lame du couperet sur le cou fragile de ce disque, serait, peut-être, sa pochette superbe. Oeuvre de Stan W Decker (
Awacks,
Bel O Kan,
Ataraxie,
No Return,
Nephren-Ka...), cette illustration remarquable contraste formidablement avec le contenu très moyen de ce "Tranches de Vie".
La destinée des artistes est parfois inique. Et parfois elle obéit à une justice tout aussi cinglante. Si
Rozz aurait assurément mérité un peu plus de reconnaissance à l'aune de son précédent effort, il n'en sera pas de même pour un "Tranches de Vie" désespérant et raté.
Ce fut une tuerie.
Je les ai revus un an plus ard avec JP Mauro, et je trouvais dommage qu'ils n'aient pas davantage de succès.
Je les ai revus il y a un an au Raismesfest avec le nouvau chanteur et...une blonde à collants troués se trémoussant en faisant presque semblant de chanter...
Pour avoir exprimé ma déception sur leur site, ma chronique a été censurée...
Bref, sale mentalité de leur part j'ai trouvé.
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