Le Black ambiant spatial. Genre mis au goût du jour par
Darkspace et leurs productions longues, violentes et lentes. Le «
Darkspace » a pour caractéristique d’être minimaliste tout en proposant des chansons d’une longueur étonnante (
Darkspace II ne comportait que 3 titres, pour un album de près d’une heure). Traiter le thème de l'espace dans le
Metal n'est réellement apparu que dans les années 90'. Proposant des productions lentes, atmosphériques et violentes avec une profusion de sons et de fréquents changement de rythmes tel
Limbonic Art et ses "interludes" au piano, la "froideur" d'
Arcturus et ses compo cosmiques,
Obsidian Gate nous faisant voyager dans le cosmos mais aussi à travers nous mêmes, perturbant nos sens et nos émotions et bien d'autres encore.
C’est pourquoi, il est toujours intéressant de découvrir de nouvelles productions de ce genre tant par la beauté et le savoir faire dont ces groupes font preuve (composer un titre de 18 minutes n'est pas chose aisée et pourtant on en trouve un dans The
Obsidian Eternity d'
Obsidian Gate) et par les émotions que ces groupes nous transmettent par ces mêmes compositions. Et cette fois ci ce sont Chazoul et Trowl (de
Cave Growl) qui s’y collent délaissant le temps de 40 minutes leur Folk
Metal délirant pour nous faire voyager dans un espace froid, hostile et magistral...
Rien que l’artwork de l’album dresse une grosse référence à tous ces grands groupes de l'Espace (le visuel vous rappellera sans aller chercher bien loin celui de Sideshow Symphonies d'
Arcturus) tout en nous mettant dans une ambiance spatiale. Le titre de l’album «
Traité sur le Monde et la Lumière » (œuvre de Descartes), tout en restant en accord avec le thème global, est contradictoire avec le dessin de l’album qui s’ouvre vers un Néant infini de noir et de profondeur avec le jeu de perspective et la lumière des étoiles qui est ténue.
Cet isolement, voulu par l’artwork, qui nous entoure est confirmé par la longueur des compositions (plus de 11 minutes pour le titre d’ouverture). Mais long ne veut pas dire vide ou répétitif. Les titres sont ainsi extrêmement variés, d’une richesse particulièrement grande tant dans les différents instruments proposés que dans les voix des deux chanteurs. Ainsi, pour
Trou Noir, l’on passe d’une longue introduction aux claviers atmosphériques et lents à un riff fluide et puissant tantôt frénétique tantôt lent et calme (alternance qui se produira durant toute la durée du titre). Les claviers restent malgré tout présents dans toutes les compositions et tout le long de celles-ci apportant une touche de légèreté (notamment lors des cris de désespoirs de Chazoul et Trowl). Les deux compères n’hésitent pas non plus à employer des effets sonores rappelant l’intérieur d’une navette spatiale (ou d’un vaisseau spatial qui sait...) des films de science-fiction. Les guitares se veulent contrairement à ces effets claires et sans artifices délivrant des solos d’une grande limpidité là où la tension, pression exercée par le chant de Chazoul est à son comble.
Le chant ajoute encore à notre isolement tout en apportant de la tension du fait de leur mise en arrière-plan (tout du long de Singularité par exemple). Chazoul alterne entre chant clair, presque parlé et chant guttural et tantôt crié, tantôt parlé et incompréhensible (comme celui de
Darkspace). Là aussi, les voix sont parfois synthétique essayant ainsi de recréer des conversations entre astronautes lorsqu’ils sont en sortis dans l’espace. Les cris se muent parfois en véritables cris de désespoirs émis à la fois par Chazoul et Trowl leur donnant ainsi plus de force et d’impact et qui pourraient nous gêner s’ils n’étaient pas si bien accommodés au reste des titres.
La mort prend une place de choix tout du long de l’album transformant les titres en cérémonies sonores et visuelles et l’on pourrait presque déceler une thèse dans les paroles des deux chanteurs : l’on ne peut vivre, survivre dans le froid de l’espace mais seule la mort peut nous rapprocher du firmament.
Les émotions nous traversent lors de ces longues balades, presque des épopées : désespoir et rage (transmit par les chants), éblouissement (la beauté des claviers représentant la beauté des astres), résignation (de notre isolement et de notre « mort » dans cet espace) voir même pitié (de cet astronaute dont on n’ouvre pas la porte de la navette dans Singularité et dont on se sent proche par l’intimité de la conversation qu’il entretient avec son bourreau) lors des compositions si bien maîtrisées.
Etoile filante nous montre donc à travers ces 40 minutes toute la beauté, la complexité et l’hostilité de l’espace à travers de longues compositions variées. Le premier effort des français est donc plus que réussi et l’on ne demande qu’une chose : de nouveaux voyages spatiaux qui, je pense, pourraient les voir rangés juste à côté de
Darkspace comme référence du genre.
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