Tragedy in Remembrance

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18/20
Nom du groupe Thorns Of The Carrion
Nom de l'album Tragedy in Remembrance
Type Compilation
Date de parution 01 Juin 2014
Style MusicalDoom Death
Membres possèdant cet album2

Tracklist

DISC 1
1. The Abide of the Undead Knights 02:16
2. The Willow Weeps for Me Pt 1 06:32
3. The Willow Weeps for Me Pt 2 06:52
4. The Darkness in the Elegy Season 10:46
5. The Bleeding Throne 07:02
6. Tears for the Raven Muse 12:08
7. The Willow Weeps for Me 07:05
8. Naomi's Waters 06:37
9. Lover's Melancholy 10:06
10. Orchids Upon Carrion Fields 08:16
Total playing time 1:17:40
DISC 2
1. Cry the Everstill Dream 03:30
2. Tears for the Raven Muse 11:12
3. The Tragedy of Melpomene 05:06
4. Bleak Thorn Laurels 06:02
5. The Drifting Snow 10:01
6. Beautiful Thorns to Caress the Girl 05:59
7. By the Brilliance of Candlelight 04:14
8. Memories Forever Unadorned 18:10
9. The Ashen Embrace 08:41
Total playing time 1:12:55
DISC 3
1. Naomi's Waters 06:03
2. Carmilla 04:55
3. Song for Lucretia 10:31
4. To Covet the Dancing Wind 04:52
5. Eve of the Emerald Sun 08:13
6. The Story of the Leaves 07:59
7. Orchids upon Carrion Fields 07:54
8. Lover's Melancholy 10:08
9. Ananias Cross 09:28
10. Lycidias 06:43
Total playing time 1:16:46

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Thorns Of The Carrion


Chronique @ Luthor

19 Avril 2015

Une réédition permettant de remettre en lumière l'oeuvre de l'un des groupes les plus cultes du Doom

Les groupes maudits, il y en a eu des paquets dans le Metal. Et forcément, avec un nom pareil, le Doom en a eu aussi sa charrette. Mais quand on parle de groupe vraiment maudit, de groupe qui s'est trimballé toute sa carrière avec 32 batteries de casseroles au cul, de groupe qui corresponds à 1000 % à la définition du groupe culte (en avance sur son temps, succès critique de partout et zéro succès commercial), alors en Doom c'est généralement le nom de Thorns Of The Carrion qui ressort le plus souvent.

Les américains ont un titre de gloire particulier : ils sont les inventeurs du Gothic Doom, autant de manière musicale que créateur du terme. En fait, ils ont même utilisé le terme sur leurs flyers dès 1993. Toute leur carrière se fit dans une indifférence quasi-totale et, comme tous les groupes cultes, ce n'est que bien après la mort du groupe que leur nom commença à circuler dans l'Underground et que l'on s'aperçut à quel point leur musique avait plusieurs temps d'avance sur la concurrence. Seulement voilà : le groupe était à ce point peu connu et ignoré que la quasi-totalité de leurs sorties se firent en auto-production, sur des CD-R et des cassettes, Et à tellement peu d'exemplaires (non pas par volonté manifeste d'être KVLT mais simplement parce qu'ils étaient plus fauchés que les blés, au point que chaque tentative de faire un concert en dehors de l'Ohio tournait à l'odyssée) que même aujourd'hui il est excessivement difficile de mettre la main sur autre chose que leur premier album « The Garden Of Dead Winters ». Et encore : sorti à l'origine en cassette, la majeure partie des copies d'origine finirent noyées dans l'inondation de l'appartement du chanteur de l'époque, Le célèbre label californien Wild Rags réédita l'album en CD limité à 1000 exemplaires, mais il se vendit si mal que sa propre fille en avait encore des exemplaires poussiéreux en vente au stand du label lors de l'édition 2013 du Maryland Death Fest ! Paradoxe étonnant quand on voit qu'aujourd'hui l'album est considéré de la même manière que le « Stream From The Heavens » de Thergothon : une référence absolue du genre, et le point de départ de tout un style.

C'est grâce au travail de fourmi, et surtout à la motivation, du label russe Endless Desperation Records, que l'intégralité de ce que le groupe a sorti en dehors de ce premier album est finalement à nouveau disponible dans un superbe coffret triple CD aujourd'hui, preuve que tout change, la version digipack limitée à 250 exemplaires est déjà épuisée (et revendu une fortune par les 'burners' sur Discogs et autres sites) et que la version normale prends le même chemin. Au menu donc, et par ordre chronologique : une rareté non retenue pour « The Garden Of Dead Winters », les cassettes « The Willow Weeps for Me » et « Darkness In The Elegy Season », l'album live « At Sudsy's Malone », l'album studio « The Scarlet Tapestry », le EP/CD-R « Eve Songs », le 45 tours « The Story of the Leaves » et des morceaux démos de ce qui aurait dû être le troisième album du groupe « The Shadow Masque »... OUF !! Soit presque 4 heures de musique au total : au moins, on ne se moque pas du client. Il faut rajouter à cela deux livrets très épais, rempli d'anecdotes, de photos d'époque, de flyers d'origine et évidemment des pochettes de chacune des réalisations disponibles dans la compilation. Quasiment un livre plus qu'un livret, dont on regrettera juste le choix de la police, de la couleur et de la taille d'impression qui rendent le tout assez difficile à lire pour peu que l'on est une vision un tant soit peu déficiente.

« The Willow Weeps for Me » et « Darkness In The Elegy Season » sont deux cassettes qui montrent bien la transition que le groupe accompli entre « The Garden Of Dead Winters » et « The Scarlet Tapestry ». Du premier album sont conservés les bases : une lenteur et une lourdeur titanesque comme seul Thergothon osait en faire à l 'époque (anecdote marrante : dans cette époque lointaine où Internet n'existait pas, ces deux groupes ne furent jamais en contact et produisirent pourtant une musique avec de grosses similarités), des riffs glaciaires rappelant pas mal Winter, des textes superbement écrits aux thématiques gothiques (à l'époque, seul My Dying Bride produisait des textes de qualité supérieure à ce qu'écrivait Thorns Of The Carrion), des claviers (là encore, l'influence de My Dying Bride est aussi évidente que parfaitement assumée) et des grognements abyssaux qui rajoutent un niveau supplémentaire de froide morbidité sur une musique qui ne respire déjà pas des masses la joie de vivre. Toutefois, comparée à « The Garden Of Dead Winters », « The Willow Weeps for Me » est plus mélodique. Cet aspect mélodique est renforcé sur les deux morceaux composant la cassette « Darkness In The Elegy Season » : l'aspect monolithique est funéraire disparaît quasi-totalement pour laisser place à une alliance entre Doom/Death très mélodique et arrangements inspirés de la musique symphonique. Le tout ne perd pas en noirceur, bien au contraire, et la finesse des arrangements enrobant les compositions permettent d'aérer la musique. Tout ceci n'est qu'un brouillon pour ce que va être « The Scarlet Tapestry ». L'album live est intéressant à plus d'un titre. Si le son est moyen sans plus, c'est au niveau de la retranscription des morceaux que réside tout l'intérêt de l'album : plus axé sur le côté râpeux et lourd que sur l'atmosphérique, il présente un groupe capable de bien tabasser sur scène si l'envie lui en prenait.

Si « The Garden Of Dead Winters », comme son nom l'indique, est une mise en musique de ce que l'Hiver peut avoir de plus froid et morbide, alors « The Scarlet Tapestry » est la plus parfaite incarnation de ce que l'Automne peut avoir de déprimant, voire de suicidaire. « The Scarlet Tapestry » est une version améliorée de « Darkness In The Elegy Season ». Je ne parle pas ici du son de la cassette ré-enregistré et remanié pour mieux sonner, mais ici d'une amélioration à celle qui fait que la Vénus de Milo est une amélioration du bloc de marbre qui en est à l'origine. Quand on le réécoute sur la compilation (qui ne bénéficie d'aucun processus de remasterisation : c'est bien le son d'époque que l'on entend là), on a du mal à croire qu'il ne s'agit QUE d'une auto-production. Le son est cristallin, chaque instrument superbement mis en valeur. Et viennent ensuite les chansons. Plus mélodique tout en restant lentes et funèbres, riches en idées et arrangements originaux pour l'époque (flûte, harpe, influence des musiques baroques et romantiques), doté de textes encore plus travaillés que sur les œuvres précédentes, « The Scarlet Tapestry » s'impose à la première écoute comme un classique intemporel. Un morceau comme « Tears For The Raven Muse » représente la quintessence de ce qu'est le Gothic Doom, et en est l'acte fondateur définitif. Un monument rarement égalé depuis, et dont l'influence se fait encore sentir aujourd'hui sur les rares groupes existant qui pratiquent encore le genre. Il est difficile de croire, 18 ans après sa sortie, que la majeure partie des 2500 exemplaires de l'album ne furent pas vendus mais victimes d'un vol et de destructions diverses, et que les bandes ont été détruites dans un incendie : la réédition disponible ici n'a pu être possible que grâce à une copie personnelle en possession du boss du label, et l'accord du groupe.

EP sorti sous forme de CD-R tiré uniquement à 1750 exemplaires pour cause de manque d'argent de la part du groupe, « Eve Songs » est une extension du canevas de « The Scarlet Tapestry » qui voit le groupe accentuer l'aspect mélodique et accélérer le tempo. Si la musique de Thorns Of The Carrion n'est pas exempte de passages plus rapides, ils ne sont jusqu'à présent pas la norme mais un simple rajout au milieu de la structure d'un morceau plus classiquement Doom. « Eve Songs », de par le choix de se baser sur des tempos plus rapides, navigue donc dans des eux plus Gothic Metal. Logique quand on voit qu'il est sorti en 1997, et précède donc d'une année une évolution similaire qui va frapper de nombreux groupes du genre comme Theatre Of Tragedy, My Dying Bride ou Anathema. Les chansons, quoique réussies, sont toutefois beaucoup moins intéressantes que celles de « The Scarlet Tapestry » et souffrent notamment d'un son moins bon. Il en va de même pour l'unique morceau du 45 tours « The Story of the Leaves », lequel reste toutefois plus sympathique par l'amorce qui est faite de la part du groupe d'évoluer vers un style beaucoup plus atmosphérique.

Initialement prévu pour une sortie en 2003, l'album « The Shadow Masque » ne verra jamais le jour suite au split du groupe en 2002. La séparation se fit en des termes particulièrement mauvais, et l'amertume concernant cette époque est encore palpable au travers des liner notes qui nous apprennent notamment que, quoiqu'il est pu se passer (on n'a jamais connu les raisons profondes derrière le split), les blessures sont toujours à vif aujourd'hui encore. Une reformation temporaire avec quelques musiciens de sessions eu lieu en 2005 dans le simple but de finaliser l'enregistrement de l'album, mais elle ne donna rien. Les 4 morceaux démos qui servent de final au troisième CD du coffret montrent un groupe qui avait réussi l'alliance fragile entre les différentes époques musicales du groupe, avec une alchimie particulière qui n'était pas sans rappeler la beauté douce et tragique du premier The 3rd And The Mortal dans une version plus funéraire. De ces 4 morceaux, « Orchids Upon Carrion Fields » et « Lover's Melancholy » se révèlent comme des classiques instantanés que l'amateur est heureux de pouvoir enfin découvrir dans des conditions correctes aujourd'hui.

Plus qu'une simple compilation, ce coffret permet de remettre en lumière un groupe qui n'était jusqu'à présent connu que de quelques initiés (littéralement). Il y a à peine 10 ans, le nom de Thorns Of The Carrion revenait régulièrement sur les forums dédiés au genre, et j'ai souvenir avoir vu des gens être capable de proposer des sommes folles (ou des échanges de disques assez aberrants) pour la possibilité de pouvoir récupérer une copie de « The Scarlet Tapestry ». Puis, l'intérêt pour ce type de musique est retombé et le Gothic Doom n'est plus aujourd'hui une genre parlant aux amateurs de la scène russophone et aux fans de Draconian (qui, dans 99% des cas, sont persuadés qu'il s'agit d'un groupe de Gothic Metal ou de Doom/Death). Dans les pays occidentaux, les albums du genre sortant annuellement se comptent sur les doigts des deux mains (voire moins) et Thorns Of The Carrion a été oublié. Il ne fallait donc pas s'étonner que le groupe soit remis sur le devant de la scène par un label russophone, même si la sortie de cet objet fût là aussi particulièrement difficile (on en entendait parler depuis presque 5 ans, et son retard était devenu aussi légendaire que celui qui avait entouré la double compilation hommage à Thergothon). La perfection n'étant pas de ce monde, le superbe hommage perds donc un point que l'on mettra sur le compte de les choix d'impression des livrets mentionné plus haut.

Pour le reste, voilà un objet tout simplement obligatoire dans la discothèque de tout véritable amateur de Doom (autant pour l'aspect historique que musical du contenu) et qui trouvera tout naturellement une place de choix au côté du triple CD récapitulatif de disEMBOWELMENT.

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