Le nord nous fascinera toujours, la Finlande en particulier. Ce pays est à la pointe de la création en musique metal. Ce pays balaye pour ainsi dire tous les genres, par de grandes références de surcroît. Retenons simplement pour le moment et pour ce qui nous intéresse cette fois, le seul domaine du folk pagan. Le groupe à mettre sous le projecteur se nomme "
Wolfhorde" et est emmené par un trio depuis le début des années 2000. Il faut attendre néanmoins 2007 pour voir sortir une première réalisation avec la démo "Ravished". S'en est suivi l'EP/album de plus de 40 minutes "Deathknot", puis l'Ep bien plus court, mais de meilleure qualité sonore "Nyvinland". Cette expérience et le folk épique de "Wolhorde" se trouve alors remarqués. On retrouvera le projet ensuite signé par Inverse Records fortement impliqué, comme pour Brennus en France, dans le développement d'un circuit national de talents en devenir. En clair, "
Wolfhorde" fait ses marques et ne joue pas dans la cour des grands. Son album "Towards the
Gates of
North" sorti en 2016 tend à prouver qu'il s'agit encore d'un louveteau encore peu enclin à s'aventurer hors de la tanière.
L'ouvrage propose au moins des orchestrations et des parties instrumentales très distrayantes dont on retient l'introduction "Vegvisir". La piste s'adonne à une musique voluptueuse, câline, composée d'orchestrations, de percussions de sons cajoleurs de flûte. Si on devait le rapprocher d'un compère, on songerait plus au petit français "Drenaï". On va mieux évaluer "
Wolfhorde" par le véritable titre qui vient ensuite. On constatera alors à l'écoute de "Fimbilvetr" que la troupe a du mal à se démarquer de ses influences portées à "
Finntroll". Pire encore, on y renforce la tendance, sans pour autant être capable de s'aligner à son compatriote. ça devient même maladroit dès que le chant entre dans la danse. La musique devient alors grésillante et redondante. Cette redondance est une vraie nuisance quand on vient à se pencher sur "The
Retribution". Un air pataud, et amusant au départ, est passé littéralement en boucle. Encore et toujours du "
Finntroll" de second calibre, servi à toutes les sauces, dans le cas de "Boundless
Agony", d'où on reconnaît l'espièglerie caractéristique. Le morceau passerait comme lettre à la poste, si le chant avait été notamment plus percutant. Au moins on peut reconnaître à "
Wolfhorde" un savoir faire mélodique.
Quoi de plus mélodique que le power metal finlandais. Oui, le groupe nous en délivre un plutôt engagé et entreprenant avec "Lycomania", mais sous les growls de Hukkapätkä notre chanteur/batteur. Dans un registre plus folk, sous une ambiance champêtre encore très finntrollienne, on appréciera la subtilité et la clairvoyance de "Taivaankappaleiden Kato". Une pareille richesse est rare dans le volume. On la cernera également ailleurs sur d'autres morceaux, faisant d'ailleurs moins révérence aux compositions de sieur Sorvali. Nous retiendrons ainsi le pataud "
Death Long Due" qui s'illustre par un rythme énigmatique par à coups assez ressemblant à ce que produit "
Einherjer". Concernant "Unyielding", l'élan épique est propre à une inspiration du côté de chez "
Ensiferum", même si le titre pourtant lancé par les doux et froids airs de harpe et de flûte s'adonne à une certaine répétition brusque et maladive. Loin donc de la finesse du long éponyme qui clôture ce disque, lui aussi sujet de quelques longueurs assez inconfortables, nous laissant sur un sentiment global mitigé.
Le groupe a quinze/seize ans d'existence, on ne lui donnerait à peine trois/quatre ans d'âge. C'est pour ainsi dire presque un adulte. ll n'est pourtant à considérer que comme un enfant. Le premier album de "
Wolfhorde", ou le second si on estime "Deathknot" comme étant le premier, se distingue tout juste d'un "
Finntroll" au rabais. Ainsi "Towards the
Gates of
North" propose des morceaux moyennement inspirés et puisant ses ressources de manière quasiment abusive dans les travaux de Henri Sorvali, sans pour autant créer de véritables harmonies ou de mélodies mémorables. Ce qui en ressort est une musique sans réelle personnalité, redondante et parfois victime de lourdeurs inutiles. A quelques occasions le trio montre qu'il est capable de produire des arrangements inintéressants, mais ils sont de courte de durée. Et c'est surtout les parties travaillées aux claviers qui se révéleront pertinentes. Trop souvent, ils donnent l'impression de pédaler dans la semoule, de ne pas trop savoir où ils veulent aller. D'où les airs répétitifs à foison. Enfin bref, le petit loup n'est pas encore assez grand et expérimenté pour passer les frontières du nord.
12/20
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