Liste des groupes Black Metal The Sarcophagus Towards the Eternal Chaos

Originaire de Turquie, The Sarcophagus fait partie de ces formations ayant du mal à avancer dans le domaine musical en dépit d'un talent tout à fait certain. En effet, il nous aura fallu attendre treize années avant que le groupe nous offre son premier opus, intitulé « Towards the Eternal Chaos ». Nous pouvons cependant considérer que cela est un mal pour un bien, car ces longues années pour le groupe, lui auront permis d'engranger un maximum de réflexion et ainsi nous sortir un premier album tout à fait valable, empreint d'une personnalité certaine et nous targuant d'un black metal alternant avec malice la brutalité et la froideur propre au genre tout en y incorporant des touches épiques élevant l'atmosphère des compositions à un véritable voyage dans de lointaines contrées où règnent guerres et ténèbres.

Bien qu'une ambiance guerrière soit présente, n'allez pas vous imaginer quoique ce soit de pagan ou des sonorités de champ de bataille suffocante. Chaque titre se veut brut de décoffrage, hargneux tout en gardant une production aérée et des passages au clavier grandiloquents, bien que discrets la plupart du temps.

Débutant par une superbe, profonde et puissante intro instrumentale, éponyme à l'album, le décor se met en place dans nos esprits. Nous sentons que nous avons à faire à quelque chose de puissant, qui arrive à grande vitesse pour nous assener une claque tout en nous transportant dans un univers fantastique et onirique. S'ensuit le premier vrai titre de l'album « The Legend Sleeps Behind the Mountains », où de puissants chœurs se mêlent judicieusement à l'orchestration de la guitare et de la voix de Nehemoth, soutenues par la batterie martiale de ce dernier et la basse de frostmourn qui ne peine nullement à se faire entendre, ce qui est toujours un plus sur un album de black metal.

Nous pouvons également remarquer que s'il n'y a pas de claviériste à proprement parler, des nappes de clavier se font entendre à quelques reprises tout au long de l'album que ce soit dans le but d'offrir un break épique (comme sur « Hymn to Awakening ») ou alors relever très discrètement l'atmosphère comme pour « Nothingness, Emptiness, Chaos ». Malgré un tout assez brutal dans l'ensemble, les passages mélodiques sont bien présents au niveau des riffs que ce soit à la manière du break finale de « Under the Lunar Eclipse » qui est terriblement envoutant ou sur le superbe « Anatolian Dragons ».

Le tout se veut homogène, chaque morceau restant dans la lignée du précédent sans pour autant qu'aucun titre ne se ressemble. Chaque instrument à la part belle grâce à une production assez bonne. La batterie martèlera sans coup férir, sans que nous ayons besoin de tendre l'oreille, nous assenant des blasts jouissifs, la basse quant à elle est sur un pied d'égalité avec la guitare de Thyrouth, ne peinant pas, elle non plus à se faire entendre, en témoigneront le début de « Nothingness, Emptiness, Chaos » ou bien le redoutable « Age of Demons ».

Il est également important de noter la présence d'un chanteur guest sur les deux pistes : « The Sarcophagus » et « Misanthropic ». Il ne s'agit ni plus ni moins que de Niklas Kvarforth, chanteur et leader de Shining. Il pourrait être surprenant de voir un célèbre musicien Norvégien apparaître sur l'album d'un groupe Turque méconnu, mais bien que le style pratiqué par Shining n'ait rien à voir avec la musique de The Sarcophagus, il faut reconnaître que Kvarforth arrive à élever encore plus le niveau d'agressivité de l'album en complétant ces deux titres par son chant, celui-ci se mêlant très bien à la voix de Nehemoth.

Pour résumer nous pouvons dire que, s'il leur en aura fallu le temps, le combo d'Ankara nous offre un fort bon premier album. Homogène, travaillé, assez technique sur certains points il ne reste plus qu'à espérer pour ces vétérans du black Turque (bah oui même si c'est le premier album ça fait quand même quatorze ans qu'ils existent...) un avenir riche et nous offrant encore de bons opus.

Si vous avez encore des doutes sur les capacités de ce combo et bien laissez-moi vous rappeler que c'est tout de même Osmose Production qui s'est occupé de ce premier album et que la qualité de leur marchandise en terme de musique n'est plus à prouver, qu'il n'a fallu qu'une simple rencontre avec un artiste comme Kvarforth pour que celui-ci décide d'apporter sa pierre à leur édifice.

De toute façon je ne m'en fais pas, il vous suffira d'écouter l'introduction pour sombrer au cœur même de l'univers décadent et malsain de la (superbe) pochette.En attendant je me délecte de cet opus et attend avec impatience une suite...En espérant vous entraîner dans ma chute...

Valentheris.