Craven Idol est un groupe encore totalement inconnu, mais qui risque bien de faire parler de lui avec la sortie imminente de ce très bon
Towards Eschaton. Formé à Londres en 2006, le groupe reste discret, se fendant de deux démos relativement anonymes, et prend son temps pour peaufiner son premier album, dont voici la modeste chronique. Une période de gestation de 7 ans, ça peut paraître long, certes, mais cela a été bénéfique au groupe britannique, et à l’écoute de cet excellent opus, le fan de metal extrême véloce et mélodique ne peut qu’être conquis.
Le professionnalisme de
Towards Eschaton est épatant, de l’artwork sublime aux relents blasphématoires jusqu’au son, puissant, limpide et épais, qui met parfaitement tous les instruments en valeur et met les guitares bien en avant, en passant bien évidemment par l’essentiel, à savoir les compos.
Craven Idol nous sert une musique riche et dense, toujours entraînante et mélodique, mais d’une furieuse intensité, pour un rendu sombre et accrocheur. Les Anglais ne se fixent aucune limite et piochent tant dans le black, le death que le thrash pour un rendu toujours cohérent, efficace et habité, une musique variée et épique qui oscille entre moments de bravoure tout blasts dehors et passages plus lourds et ambiancés. Ici, ce sont les guitares qui mènent la danse, toujours épaisses et tranchantes, et les riffs alternent entre tueries thrash ( une grosse influence sur tout l’album, ne citons qu’Orgies, petite bombe thrash à l’ancienne qui clôt l’opus, avec ce rythme binaire et ces bons vieux riffs fleurant bon les 80’s, quelques passages plus lourds histoire de chauffer la nuque avant de relancer la machine, ces bons vieux « uuugh » des familles qui s’invitent à la fête, et même cette montée vocale suraiguë typique du style), passages plus lourds et puissants typés death (la rythmique lourde et syncopée de Craven Atonement qui fleure bon le death suédois à l’ancienne, certains riffs sombres et blasphématoires de To
Summon Mayrion, qui rappelleraient presque le death occulte d’
Immolation), et riffs lancinants et glacés typiques du black (le début de
Codex of
Seven Dooms semblerait droit sorti d’un album d’
Immortal tandis que certaines mélodies au feeling très nordique renvoient aux fresques épiques de
Taake).
Le tout est dominé par un feeling heavy non négligeable, et les nombreux changements de rythme et de ton, au sein même des morceaux, créent un dynamisme et une énergie très appréciables. De nombreux noms viennent à l’esprit à l’écoute de ces 10 titres, mais Craved Idol mêle habilement ses influences, et nous propose un metal sommes toutes personnel, même si très influencé par la scène scandinave. Le tout rappelle parfois des formations comme
Garwall pour la diversité des influences et le côté heavy qui cimente le tout (le début de
Aura of Undeath rappelle énormément
Seventh Seal of Consequence), mais on peut tout aussi bien penser au
God Dethroned d’Into the Lungs of
Hell, à
Daemusinem,
Immortal, Deströyer
666,
Melechesh ( surtout sur Craven Atonement) ou même à la vieille garde du death suédois. Le tout s’enrichit de nombreux soli tantôt lumineux ou dissonants selon la vélocité de la rythmique et est appuyé par une voix délicieusement écorchée et expressive à mi-chemin entre black et thrash extrême.
Si le travail rythmique des Anglais est épatant, il ne faut pas non plus oublier de souligner la patte atmosphérique qui irradie des compos malgré cette violence sans concession. Les titres les plus lourds - et souvent les plus longs, les moins thrash finalement - sont magistraux, et même sans claviers,
Craven Idol parvient à tisser une atmosphère sombre et épique grâce à l’utilisation de chœurs liturgiques, aux râles moribonds d’
Immolator of
Sadistic Wrath (quel nom, ça ne s’invente pas !) et à d’habiles superpositions de guitares qui viennent épaissir ou nuancer l’ambiance au besoin. Quelques samples et le tour est joué, et l’ouverture de titres comme To
Summon Mayrion ou
Codex of
Seven Dooms sont solennelles, majestueuse et touchantes, et prouvent qu’il n’est pas besoin d’un budget faramineux et d’un orchestre symphonique pour composer des pièces intenses et immersives à la dimension épique et cinématographique très forte.
En résumé,
Towards Eschaton est une excellente surprise qui, sans innover, parvient à nous servir un metal extrême efficace, varié, mélodique, intense et prenant. Avec sa première réalisation, Craved Idol s’impose comme un combo à suivre de très près et s’offre directement une place de choix sur une scène black/thrash qui peine à se renouveler de manière originale. A découvrir d’urgence !
Dès la 1er écoute je savais que j'allais de plus en plus vibrer profond pour les suivantes, et c'est bien sûr le cas
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