Longtemps en retard, la scène extrême française commence à se développer plus précisément à l’aube des années 90’s, sous l’impulsion de fers de lance comme
Loudblast,
Massacra ou
Agressor, qui parviennent à trouver de bons labels et à s’exporter. Paru en 1990 et éditée par la petite écurie parisienne Virulence,
Total Virulence est à ce titre la première compilation de death/
Thrash 100% française, témoin d’une scène désormais en pleine effervescence. Incluant huit groupes ayant chacun réalisé une session studio inédite pour livrer un morceau, le recueil est moitié
Thrash (Scrotum, Aleister,
Death Power, Braindeath) et moité death (
Loudblast,
Mercyless, Mestema, Frayeurs).
Si Braindeath issue de Tarbes reste la formation la plus faible de cette compilation, avec un titre aux riffs convenus et flanqué d’un son sans relief, Scrotum est déjà un groupe du Nord plus ancien et plus expérimenté, livrant une composition honnête au break très slayerien, sans toutefois être original ni bénéficier d’une très bonne production. On monte encore d’un cran avec la piste entraînante des francs-comtois d’Aleister, un
Thrashmetal bien articulé et bien produit, de forte influence Bay-
Area et, à ce titre, totalement dans l’ombre de
Xentrix ou Defiance.
Signé chez Virulence pour son premier album The Bogeyman à paraître en septembre 1990,
Death Power venant d’Orange est quant à lui le principal intérêt du pendant
Thrashmetal de cette compilation, son style technique & agressif, rappelant le culte
Serpent Temptation (
Incubus) avec le chant teigneux de Scott Latour, est plus personnel et moins passéiste que celui de ses confrères.
Sur toutes les lèvres des jeunes deathsters français,
Loudblast a de son côté le privilège d’ouvrir la compilation. Si l’on sentait déjà la volonté forte du quatuor du Nord de se rapprocher du deathmetal avec son premier album Sensorial Treatment paru fin 1989, le très bon morceau
Punishment to Come ne laisse plus de place au doute, tant les guitares s’alourdissent et le growl de Stéphane Buriez gagne en profondeur. La piste sera d’ailleurs rejouée et rebaptisée Wrapped in Roses sur le second album à venir, capturé en 91 par Scott Burns aux Morrisound Studios. Without Christ est quant à lui le titre présenté par les alsaciens de
Mercyless, quatre minutes tout aussi solides où le chant guttural de Max Otero impressionne. Le morceau sera lui aussi réenregistré, en compagnie de Colin Ric
Hardson, pour le premier album prévu chez Jungle Hop (mais paru en 92 avec un an de retard faute à la banqueroute du label). Toujours en alsace, Mestema est une formation redoutable, livrant une composition puissante et sauvage laissant présager le meilleur à venir, une déception pour ce groupe qui ne dépassera hélas pas le stade des demo-tapes. Enfin, la palme de la déflagration revient à Frayeurs (toujours en Alsace !), quintette death/grind influencé par
Napalm Death, lâchant un titre sacrément extrême pour l’époque, à commencer le growl effroyable de Crass. Le groupe structurera mieux tout cela sur son premier album à paraître en 1992, en changeant au passage son patronyme en
Crusher.
Premier rassemblement dea
Thrash d’hexagone,
Total Virulence symbolise en cette année 1990 une étape importante de la scène extrême française, autrefois à la traîne et comptant bien rattraper son retard. Aujourd’hui encore, cette compilation reste intéressante en proposant des versions brutes de morceaux que l’on retrouvera sur albums (
Loudblast &
Mercyless) et quelques fameux inédits (Mestema, Frayeurs,
Death Power). Toutefois, cette compilation contient également quelques points faibles, comme la différence de qualité entre ses groupes (de l’amateurisme de Braindeath à la force de
Loudblast), l’écart entre la dureté des compositions (du
Thrash Bay-
Area gentillet d’Aleister au death/grind impitoyable de Frayeurs), sans compter la non-représentation de ténors comme
No Return,
Agressor &
Massacra, auteurs d’un bon ou culte premier album en 90 et respectivement sous contrat avec Semetery, Blackmark et Shark Records (ce qui pourrait expliquer leur absence préjudiciable).
Fabien.
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