Depuis l’album From this Day Forward d'
Obliveon en 1990 jusqu’au formidable The
Aura de
Beyond Creation paru cette année 2011, le Québec a habitué le deathster à une créativité et un niveau technique irréprochables durant deux décennies. Formé autour des frères Drouin (guitares et batterie) et complété par Simon Lapointe (chant, basse), le dernier surdoué de la belle province se nomme
Unbreakable Hatred, disposant déjà d’un répertoire d’une qualité et d’une complexité désarmantes après seulement trois années d’existence. Le trio signe rapidement un contrat avec l’écurie canadienne Galy Records (
Martyr,
Augury) pour la partie outre-Atlantique, la licence européenne revenant au petit label tchèque Lacerated Enemy (Condemned,
Banishment).
Paru courant mai au Canada et aux US, le premier album du trio baptisé
Total Chaos est muni d’une illustration de l’incontournable Jon Zig, ayant notamment œuvré sur les derniers dessins de
Suffocation. Mais si le concept renverrait plus volontiers du côté de groupes brutaldeath sans pitié,
Unbreakable Hatred évolue pourtant dans des sphères plus sobres et résolument techniques, digne des formations québécoises. Ici, pas d’ambiance crasseuses ou d’atmosphère à couper au couteau, le deathmetal de la formation, bien que sacrément véloce, reste moins brutal et très aéré. En outre, le groupe mise sur des morceaux entrainants et un chant tout aussi énergique, pas foncièrement guttural, ce qui apporte une dynamique parfois proche de
Misery Index ou
Criminal Element.
Malgré la jeunesse de la formation,
Total Chaos bénéficie d’un assemblage et d’une interprétation remarquables. Le couple basse batterie fonctionne parfaitement, tandis que Philippe Drouin au jeu tout aussi serré impressionne par la technicité et la fluidité de ses lignes de guitares, lâchant quelques plans en sweeping fort bien intégrés. Si les pointes dissonantes du morceau Religious
Intervention et les leads de This World of
War nous rappellent respectivement les maîtres
Brain Drill et
Origin, le guitariste possède un jeu suffisamment personnel pour se démarquer. Ses soli sont en outre l’arme imparable de l’album, aux huit compositions impeccablement mises en valeur par des leads éclatantes, mélodiques et vertueuses mais jamais prétentieuses, pour citer les superbes montées sur le titre Years of Violence ou la pièce finale Destroying Humanity.
Album lambda de prime abord,
Total Chaos renferme une inspiration et un soin tout particuliers, s’élevant au-delà de la masse des formations brutaldeath actuelles, grâce à une technique qui ne se dément pas au fil des écoutes.
Unbreakable Hatred évite également le piège d’un deathmetal trop moderne et aseptisé, grâce à un feeling donnant suffisamment de corps à ses compositions, sans compter cette volonté de ne pas tomber dans la surenchère. Si l’on peut parfois reprocher un résultat encore assez scolaire, on ne peut qu’en revanche succomber devant la brillance des multiples soli, nous donnant un sacré aperçu du potentiel et du talent de notre guitariste.
Fabien.
Merci Fabien pour cette chronique, par contre je sais pas pour vous mais j'ai eu du mal à me procurer cet album. J'ai réussi à l'avoir sur amazon mais pas facilement. Où l'avez-vous eu?
Fabien.
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