Torch

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16/20
Nom du groupe Torch (SWE)
Nom de l'album Torch
Type Album
Date de parution 1984
Labels Sword
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album52

Tracklist

1. Warlock
2. Beauty and the Beast
3. Watcher of the Night
4. Rage Age
5. Beyond the Threshold of Pain
6. Battle Axe
7. Hatchet Man
8. Sweet Desire
9. Sinister Eyes
10. Gladiator

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Torch (SWE)


Chronique @ largod

14 Fevrier 2013

Descente au flambeau

Un Schtroumpf cloné avec Udo Dirkschneider ?
Hulk après une cure d’amaigrissement à base de petite pilule bleue qui fait rire ?
Le fils caché de Nikki Sixx et de la Schtroumpfette ?
Klaus Kinski après un concert de Slipknot ?

La liste pourrait être longue et ne garantirait pas, pour autant, de trouver la source d’inspiration pour la pochette de ce premier album de Torch. Le style sommaire et le choix osé du coloris correspondaient à une certaine mode à l’époque, tranchant avec des visuels plus épurés ou des photos des musiciens du groupe. S’il fallait décerner un prix couronnant l’art primitif chez les hard-rockers, Torch aurait certainement fait partie des nominés de l’année 1984.

En se penchant brièvement sur les débuts du groupe, on entr’aperçoit finalement les raisons du choix de cette peinture « rupestre ». Lorsqu’en 1980 le jeune guitariste Chris J. First forme à Eskilstuna en Suède le groupe Torch avec son acolyte Claus Wildt, le chant était confié à Stefan Wedlund. Alors que ce dernier ne fit pas long feu, Ian Greg tenait fermement la basse alors que Steve Streaker complétait le line-up à la batterie. Celui qui, très vite, intégra le groupe au poste de chanteur était un certain Dan Dark. Dan Dark va d’ailleurs devenir naturellement la figure de proue de ce combo des terres gelées tant pour ses vocaux que pour sa présence sur scène.

Donc pour résumer, nous avons la Suède et la couleur bleue, comme celle des yeux de la plupart des habitantes de ce pays Nordique. Si vous rajoutez une longueur de cheveux et une décoloration à la chevelure du nouveau chanteur, sans oublier le renfort de collier et le bandeau cloutés dans les cheveux, vous obtenez le sosie ou presque de celui qui figure comme un portrait-robot sur la couverture de cette galette. Je reconnais bien modestement qu’il faille une bonne dose d’euphorisant pour s’en convaincre définitivement, mais l’hypothèse tient la corde. Elle va très vite évoluer après l’écoute des dix titres de ce premier méfait.

En effet, côté musique, le style de Torch fait irrémédiablement penser à Mötley Crüe pour le « phrasé » des guitares en rythmique et à Accept pour la structure carrée et métronomique des morceaux.
Au final, l’idée de penser que la pochette ne serait qu’un hommage appuyé au gang de Vince Neil, relooké aux couleurs de la Suède, remporte finalement la cocarde.

Le premier EP chez Mausoleum de fin 1982 « Fire raiser » faisait plutôt dans du AC/DC passé à la moulinette de jeunes loups lorgnant vers Judas Priest et leurs cousins germains. Dix-huit mois plus tard, la digestion des influences initiales continue. Les guitares de cet album éponyme, accordées assez bas, s’affutent sur la meule de rythmiques efficaces et abrasives alors que les soli se voient massacrés par un mixage épouvantable, les rendant parfois inaudibles. La production est d’ailleurs tout juste correcte et l’équilibre entre les instruments, dont la voix, constitue un véritable point faible. Basse présente et batterie pesant sur la trame mélodique, le Mötley suédois proposent des titres allant à l’essentiel et ne dépassant que rarement les quatre minutes. La concision a parfois du bon.

Ceux qui découvrirent comme moi Torch en 1984 le firent au travers de leur carte de visite « Watcher of the night ». Après une introduction que l’on retrouvera sur le « Blueberry blues » de Vulcain quelques mois plus tard, la déflagration de speed assenée par les Suédois contribuera fortement à bâtir leur renommée au-delà de leurs frontières. Les guitares envoient du bois sur un riffing tranchant joué en doublette et un rythme découpé en stère homogène par le couple Greg-Streaker en grande forme. Les soli poussifs ne parviennent pas à sortir la tête de l’eau et on découvre le timbre de Dan Dark, savante alchimie de Bruce Dickinson et d’Udo Dirkschneider. Au même rayon estampillé locomotive lancée plein gaz, l’imparable « Hatchet Man » complète sur un riff griffé Mick Mars l’offre speed metal de cette galette et s’achève sur un mini solo de batterie, pas forcément dispensable lorsque l’on se penche en particulier sur la prestation de Steve Streaker sur ce brulot.

Revenons à la teinte principale, mélange de Mötley Crüe et d’Accept, qui s’affirme sur une bonne partie des compositions de Torch.
Le kick-ass « Warlock » repose sur une recette de base assez simple : appui sur la grosse-caisse, beat de basse, attaque de riff et après un cri primaire, le riffing paresseux à la Mick Mars s’installe sur un mid-tempo donnant la priorité à la musicalité et au chant. Le très racé « Beyond the threshold of pain » s’inscrit dans une logique plus germanique avec une attaque sur les fûts et un riff de base splendide de musicalité de Chris J. First et Claus Wildt, alliant autant Accept que le Crüe voire Motörhead dans son intensité.
Le costaud « Sweet desire » confirme ce penchant à la « Too young to fall in love » et les guitares de ce bon titre heavy-rock, malgré une certaine nonchalance, n’offrent pas la moindre faille apparente. Le chant de Dan Dark flirte en permanence avec la ligne d’agressivité contenue du hurleur Métal classique.

Pour le reste, les influences se mixent en permanence et chacun trouvera la touche de tel ou tel groupe au gré des écoutes.
« Rage age », par exemple, vous fera penser au « Open fire » de Y&T sur son riff principal. Sa ligne mélodique sèche et nerveuse met en avant l’attaque de médiator et le chant harmonieux de Dan Dark. Le titre grimpe en intensité à mi- morceau et décolle carrément après les soli miraculeusement épargnés par l’ingénieur du son dans son mixage si approximatif. L’énervé « Beauty and the beast » part pied au plancher, emmené sabre au clair par une basse à la Maiden des grands jours. Notons aussi au passage la variété du jeu de batterie et cette capacité à conserver la pointe d’originalité dans les harmoniques de guitare.
Côté rythme tribal appuyé, « Battle axe » déterre la hache de guerre avec un riffing Crüeien et aborde les rives du mosh mis à l’honneur par Anthrax sur « Among the living » en 1987. Ce titre entrainant bénéficie d’un solo enfin intelligible et tire son épingle du jeu au travers de sa pointe d’acidité permanente.

Le massif « Sinister eyes » rentre dans le lard avec son double riff heavy et son chant toujours aussi posé et bien amené. Les soli éclaboussent le morceau et démontrent une fois de plus le talent naissant du duo First-Wildt qui ne se cantonne pas qu’à imaginer des lignes mélodiques efficaces. Torch prend garde de soigner sa sortie avec un « Gladiator » bien bâti et qui figure parmi les réussites de cet album. La cavalcade de guitares bien soutenue par la basse triomphante de Ian Greg déferle avec gourmandise et le pré-chorus transpire le Kiss du grand Nord.

Il n’y a pas de fumée sans feu.
A juste titre, Torch constitue un espoir venu du froid non négligeable avec cet opus solide. Parmi la quantité de jeunes pousses plus talentueuses les unes que les autres, le temps fera naturellement le tri entre celles au talent éphémère et celles génétiquement prêtes pour une carrière au long cours.
En cette année 1984, nos cinq Suédois pouvaient, sourire aux lèvres, descendre, flambeau à la main, les pentes les plus abruptes et vertigineuses de leurs terres inhospitalières, armés de leur indéniable capacité à riffer et de leurs chansons au cachet irrémédiablement Heavy. Le feu sacré brûlait en chacun d’eux et ils parvenaient à communiquer cette sainte chaleur à tous les curieux en recherche de sensation forte.
Pas question à ce moment-là d’envisager une quelconque retraite au flambeau.


Didier – Janvier 2013

14 Commentaires

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MarkoFromMars - 19 Fevrier 2013: Un disque invisible dans les bacs à la lettre T chez mon disquaire de l'époque dans mon trou paumé (j'ai l'électricité depuis deux jours seulement!). Une pochette comme ça je m'en souviendrai!
Une chro qui allume le feu de la curiosité.
Merci Didier
Elevator - 20 Fevrier 2013: Moi aussi, j'ai raté pas mal d'albums à l'époque car vivant dans un secteur sinistré sur le plan metal. Heureusement que j'ai trouvé parfois des vendeurs d'occases qui ont en partie compensé ce désert disquaire.
Torch, je connaissais le groupe depuis les débuts mais je n'ai jamais eu le vinyl de cet album. J'ai trouvé le CD sur le web il y a quelques années par miracle ...
ELECTRICMAN - 03 Mars 2013: Que de souvenirs. Comme l'a rappelé JUDASBLADE, à l'époque BERNETT RECORDS nous proposait de magnifiques oeuvres de groupes inconnus (et mon porte feuille souffrait tous les mois). Malheureusement rares sont ceux qui ont franchi le cap du 2ème disque malgré un talent évident.
samolice - 11 Juin 2020:

Re merci pour la chro Did'. La belle époque où tu te bougeais un peu l'oignon pour écrire hé hé.

Ma commande en 2013 du best of n'étant jamais arrivé à la maison, j'ai enfin pu acquérir ce premier Torch en lp. Pour moi y'a pas photo, il est 2 têtes au dessus du suivant. Super sympa. J'ai en effet moi aussi beaucoup pensé à Motley crue sur l'opener (un peu moins ensuite).

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