Tofotukami Wemitamafe

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18/20
Nom du groupe Mïsogi
Nom de l'album Tofotukami Wemitamafe
Type Album
Date de parution 2010
Style MusicalBlack Progressif
Membres possèdant cet album5

Tracklist

1. Asagimadala
2. Susanowo
3. Idumo
4. Aidu
5. Filume
6. Phlebotomy
7. Tukuyomi
8. Akakiyuki
9. Simo

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Mïsogi


Commentaire @ TasteofEternity

15 Fevrier 2019

Une variation du Misogi sur fond de Black Metal

Le Japon est une terre riche de contrastes. Partagés entre traditions ancestrales et modernité débridée, les Japonais se retrouvent écartelés. Terre de feu aux beautés innombrables, le Japon continue d’émerveiller par son raffinement. Des jardins sur eau en passant par les cerisiers en fleur, des kimonos en soie, à la cérémonie du thé, tout ne semble que ravissement. Derrière ces images magnifiques se cache un Japon de l’ombre, en proie à des démons. Toutes ces subtilités, parfois discordantes, se retrouvent naturellement dans son Black Metal. Mïsogi s’inscrit dans cette lignée.

Le groupe pratique un Black Metal aux multiples couches à travers lesquelles affleurent ses racines nippones, en s'inspirant d’un rituel millénaire shintoïste, Misogi. Ce rite recouvre différentes formes, des ablutions sous une cascade, à la méditation, l’une n’excluant jamais l’autre en totalité. L’objectif étant de restaurer son harmonie intérieure et de retrouver sa nature divine à partir d’un travail sur la résonance. Une pratique de purification alliée à une musicalité furieuse et violente ?! Ou comment accorder ou raccorder des extrêmes.

Les informations liées au groupe se font rares. Mïsogi se constituerait en l’an 2000, à Abiko, autour de Touko et Nugoto, rescapés de l’aventure Mortes Saltantes, légende du Black Metal japonais. Le groupe forge son approche à travers 3 démos sorties en 2001, 2002 et 2006, s’inspirant musicalement de glorieux aînés tels Burzum et Darkthrone, tout en développant une vision personnelle de leur art. Le groupe aurait connu plusieurs existences, sans doute deux splits : le premier après la seconde démo en 2002 marquant le départ de Nugoto, et le second en 2006 après la troisième démo. Mïsogi devient peu à peu le fruit de la seule créativité de Touko. On retrouve également un certain Yomituti à la batterie à partir de 2007, cœur et âme de Mortes Saltantes, Magane et Quest for Blood, autrement dit l’intégralité des groupes rattachés au Yomi Metal. L’horizon s’éclaircit d’un coup et nous permet d’inscrire Mïsogi dans la lignée de Mortes Saltantes, avec ses caractéristiques propres et son attachement à la tradition japonaise.

L’ouverture de ce premier, et unique, album est des plus épurée : chant clair à dominante traditionnel en japonais, en appui d’une guitare sans effet, d’où jaillissent quelques accords mélanco-romantiques et puis s’en vont. La suite travaille avec un son de guitare aux relents thrash des 80's, une batterie et une basse bien en arrière, même si le cogneur ne s’économise guère. Le riffing hypnotique laboure des terres bien connues jusqu’à l’irruption d’une voix rampante à défaut d’un growl assumé. Les forces en présence créent un ensemble de plus en plus consistant jusqu’à l’intervention inattendue de notes stridentes issues d’une flûte traditionnelle japonaise, appelée fue. La dynamique installée s’effondre. Le titre prend son envol. Misogi apparaît comme le théâtre d’une rencontre fracassante entre des courants sonores aux antipodes les uns des autres. Si le black metal est une variation sur le chaos, alors Mïsogi l’annoblit d’une touche japonisante en laquant cette variation.

Le morceau suivant verse dans un raw black metal des bas-fonds. Il s’en dégage un mélange de punk et de thrash, percutant, et crasseux, surmonté de cette voix crépusculaire, qui vomit plus qu’elle n’éructe. L’ensemble tient la route et propose une vision minimaliste qui agresse l’auditeur à coups de lames effilées. Techniquement, on ne navigue pas dans le tour de force, ce qui n’enlève rien à l’impact du groupe, au contraire cela évite les égarements qui remplissent artificiellement l’espace sonore. Quelques chœurs clairsemés renforcent une atmosphère délabrée, même le solo de guitare sur 3 notes n'échappe pas à cette vision épurée. Lorsque l’attelage ralentit, des paysages japonisants d’une beauté rare apparaissent grâce à l’ajout d’instruments traditionnels et folkloriques, qui en une note transcendent la perspective offerte, et font fleurir les cerisiers par centaines. Derrière le chant sait s’adapter à la ligne mélodique autant qu’à la langue en définitive. L'emploi du japonais rajoute un élément qui suivant le moment peut accentuer l’aspect horrifique, et ou contemplatif.

Le contraste est saisissant entre le côté minimaliste du jeu des instruments et la manière dont les morceaux sont construits pour faire voyager l’auditeur. Il se dégage une idée de bande son de film, tellement cette musique est évocatrice. En revanche, je vous l’annonce tout de suite, aucun sentiment de malaise, d’outrage ou d’horreur ne s’installe complètement, même si on dénote un contraste entre un chant black agressif, et des lignes mélodiques de guitares qui ne basculent jamais dans le vice, mais délivrent une atmosphère épique et chevaleresque d’une grâce rarement égalée à mes oreilles. Le chant féminin finit de nous séduire partagé entre complainte et célébration dans un équilibre fragile d’une beauté enchanteresse. La production combine subtilement un son crade mais tout en permettant de bien distinguer chaque instrument. Les touches japonisantes viennent souligner et renforcer l’ensemble sans le dénaturer comme peu d’autres formations y parviennent.

Un album qui ne ment pas, à la pochette épurée, tout en contraste noir et blanc, évoquant la nature et la tradition. La musique empreinte le même chemin, une œuvre tout en relief, à part dans le répertoire du black metal.

6 Commentaires

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Manana - 18 Fevrier 2019:

Je ne saurais pas dire si Mïsogi est encore actif ou non, le groupe ne semble plus avoir de site internet. J'ai jeté un oeil à la page du groupe sur Encyclopaedia Metallum, qui parle d'un split-up en 2002, puis d'une reformation en 2006. Si je parlais japonais, j'aurais été chercher des sources dans cette langue, mais bon.

samolice - 18 Fevrier 2019:

Merci Arth" pour la présentation de ce groupe tellement connu :-)

Je suis assez curieux d'entendre le chant en japonais. Et ta description de la musique me fait penser que cela pourrait même me plaire.

TasteofEternity - 18 Fevrier 2019:

C'est plutôt un truc pour JL à mon avis, l'amateur de black/folk mongoloïde, tu risques t'ennuyer ferme. Non j'ai d'autres douceurs pour toi, le prochain tour de Circle risque d'être savoureux ;)

Merci d'avoir pris le temps de lire !!!

samolice - 18 Fevrier 2019:

Ah ok, je te fais confiance :-)

A l'occasion, tu me balanceras quelques titres quand même.

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