Progresser c'est bien : devant cet aphorisme à la profondeur vertigineuse, nous tomberons tous d'accord. Le trio germanique
Arroganz dont les musiciens ne se nomment que par des caractères -K-T-P, soucieux de nous plaire, à nous précisément, lecteurs de
Spirit of
Metal (si, si, c'est pour nous, que pour nous!), suit cette maxime à la lettre en montant un nouveau palier à chaque album. «
Dark and Deathless » donnait à entendre un black /death qui ne cassait pas trois pattes à un canard, bien que loyal. «
Kaos.Kult.Kreation » était un pas en avant avec une construction de morceaux déjà un peu plus riche, et des écarts plus fréquents avec la démarche somme toute classique du premier disque. Enfin «
Tod und
Teufel », qui nous occupe aujourd'hui, troisème bébé sorti sur le label
Blacksmith Records, est la suite logique du second opus, prenant encore plus d'audaces, et surtout, comme on a l'impression, plus d'assurance.
La durée des pistes, relativement longue, pour un disque de metal extrême (le morceau le plus court dure 3:45) est révélatrice de la méthode créative du groupe.
Arroganz part en fait de motifs ou riffs simples (la phrase répétitive de « i.d.t.n. », riff de « One Death »), et y ajoute ou des changements d'humeur, ou de rythme. C'est-à-dire ? Je m'explique : sur ce disque, vous avez en majorité un black digne de
Marduk qui fait bien mal, où chaque coup de caisse claire est ressenti comme si on tapait sur un trottoir avec nos têtes. Ça donne « Arisen from
Failure Perished as
King », « Intoxicate », ou « Alles ». Mais, aussi, et sur ces mêmes morceaux ainsi que pour les autres, du riff stoner lourd et groovy (« Black
Aura »), un solo de dingue à la limite du noisy («
Tod and
Teufel ») et, de manière générale et marquée un heureux relent de metalcore : quand je dis metalcore, je ne parle pas de la soupe pour emos, je parle du mélange metal extreme/punk hardcore, blasts/guitares death/black mêlés à une rythmique ou une énergie typiquement punk, comme les
Converge ou
Hatebreed des 90's. Si c'est habituel avec du death, incorporer du hardcore dans le black, pour une espèce de blackcore, est surprenant et, il faut le dire, jouissif.
Ces variations ne sont pas non plus déroutantes, une fois que le système de composition est assimilé, (l’homogénéité d'un mixage excellent y est pour beaucoup). L'écoute se poursuit ainsi sans ennui et avec satisfaction, sans pour autant que l'album constitue un sans faute. A nous avoir habitués à un dynamisme créatif, « All Light is a Lie » apparaît comme le morceau le moins imaginatif, ne tournant « que » sur deux ou trois motifs musicaux : on a les défauts de ses qualités.
Expérimenter c'est bien.
Arroganz triture sa musique, et est sur une bonne voie.
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