Liste des groupes Heavy Metal Cobra (PER) To Hell

Plus qu’ailleurs, la trve attitude est de vigueur en Amérique du Sud. Il faut montrer vestes patchées et longues crinières. Les pays andins ne sont encore que faiblement représentés dans le circuit, mais on parle avec le plus grand respect du death metal sinistre de « Mortem » ou du black thrash crade et démoniaque à râles féminins de « Bestial Holocaust ». Le metal originaire de ces pays semble entretenir une intimité sérieuse avec le démon. « Cobra » nous vient du Perou, et sans pour autant produire un metal extrême crasseux, le groupe s’accoquine avec la bête à cornes. « Cobra » suit la mouvance du heavy metal nostalgique aux années 80. Les groupes anglais de la divine période ont été ses sujets d’étude. Ils lui ont été bien utile pour « Lethal Strike » sorti en 2011, disque de qualité qui revisite fidèlement l’ère NWOBHM. L’effort semble avoir été réitéré avec le suivant, « To Hell ». À la différence que « Cobra » a pris soin, cette fois, à soigner sa production et à composer des titres plus énergiques, au point d’être désormais comparable à une formation de heavy revival comme « Enforcer ». To Hell and back again.

La comparaison avec la nouvelle vague de heavy revival n’est pas explicite dans l’intégralité de l’album. Rappelons qu’en Amérique latine on s’attèle à vouloir faire les choses autrement, et que « Cobra » a surtout cherché à s’assimiler à un heavy metal dans l’authenticité des groupes britanniques des années 80 et pas seulement influencé. Nous avons « Beyond the Curse » comme exemple de suivisme de la nouvelle vague de heavy revival. Sa longue entame constituée de coups lents et posés aurait très pu être détaché de la piste pour former une véritable introduction. Au lieu de cela nous avons une sorte de prise d’élan avant d’enchainer vers 2 :30 minutes sur un heavy metal sur-vitaminé, accompagné d’un chant poussant parfois dans les aigües. Nous retrouvons là le heavy speed de ses homologues « Skull Fist » et « Enforcer ». Cependant, contrairement à ceux-ci, « Cobra » s’illustre là avec un son moins lisse. Le dernier tiers du morceau donne dimension de l’athlète qui est en face de nous. Les péruviens sont de véritables orfèvres et se permettent de fournir un assortiment complet de mélodies.

Autre manifestation de ce heavy metal nouvelle version, affilié à la New Wave of True Heavy Metal, « Inner Demon » est tout comme « Beyond the Curse », un titre à la fois long et riche, imposant une musique déterminée et particulièrement consistante. Sa fugacité lui fait perdre quelques boulons en court de route. Les différents intervenants sont parfois pris de vitesse, mais le tout se déroule sans encombre. Ce titre révèle des passages très inspirés, une dualité experte des guitares, notamment en début de seconde moitié du morceau. Le groupe y mets ses tripes. La tension, la transe est quasiment permanente. Pas de ballade. C’est pour les gays. « When I Walk the Streets », qui passe pour le plus assagi, est une sorte de mix entre « Judas Priest » et « Mötley Crüe » période « Shout at the Devil », aux riffs solides, dans une atmosphère tempétueuse. Nous observerons ici l’incorporation de l’esprit rock n’ roll dans le heavy metal de « Cobra ». En fait, le groupe s’y accorde pour la majorité de ses titres. « Inner Demon » et « Beyond the Curse » auront servi de cadre à l’opus, presque d’exceptions.

Il est dosé différemment selon les titres où il est présent. A moindre mesure sur l’énergique et judaspriestien « Fallen Soldier » ou dans le grand déballage « To Hell », qui accordent tous deux une place de premier choix aux riffs meurtriers de la paire de guitares. « Beware My Wrath » revisite la période « Killing Machine », « British Steel », « Point of Entry » de « Judas Priest » sur 1:30 minute à compter de son début. Petite escapade, avant de préparer l’entrée du chant et des tirs nourris, qui feront passer « Cobra » véritablement à l’action et à un heavy speed totalement déchainé et indomptable, pour ne pas dire possédé. Cela tranche énormément avec la nonchalance de « Danger Zone », qui serait plus à cataloguer en hard rock à tendance boogie. Pour ce qui est des parties chantées seulement. Car les guitares se révèlent souvent insolentes, réagissant par vives secousses, libres de s’aventurer dans le hard comme dans le heavy. Cela prendra une certaine tournure punky sur « Rough Riders », si on prend notamment en considération la virulence inattendue du chant. Le titre est derechef arpenté par des solos exceptionnels. Non ! « Cobra » n’est pas à prendre à la légère.

On loue la vivacité et la rapidité du serpent. Leur dangerosité varie toutefois selon les diverses espèces. Le cobra est mortel à coup sûr. Il est en plus magnifique, vénéré. Nos péruviens ont choisi un animal qui s’allie complètement à leur musique, à leur heavy speed transcendant et imparable. Certes, ils ne font pas dans la broderie, mais c’est sans demi-mesure. Avec « To Hell », le groupe recréé une vision idyllique de l’enfer, presque une carte postale, nous assourdissant de leurs riffs démentiels et de leur frénésie. Compte tenu du pays d’origine, on aurait pu craindre une production de faible qualité. Elle n’en reste pas moins très potable, juste ce qu’il faut pour ne pas paraître artificiel. Depuis près de 10 ans, nous constatons que de nombreux projets se créent en s’appropriant l’héritage du heavy metal typé années 80. « Cobra », lui, n’est pas successeur, il est réincarnation.

15/20