Fin
2012 les Ukrainiens d'
Amily sortent après sept années d'existence leur premier album, la formation ayant été marquée par le départ d'une bonne partie de ses membres, explication probable d'un délai aussi important..
Amily joue un
Doom Death légèrement gothique et très porté sur les orchestrations. Il est d'abord intéressant de noter que malgré ce que cette étiquette pourrait laisser craindre le groupe évite de se diriger vers le romantique et le sentimental à outrance, l'ambiance développée par les ukrainiens se voulant sombre et mortuaire.
Cela passe notamment par une utilisation très limitée du chant féminin, là où un certain nombre de formations similaires sur le papier à
Amily adoucissent volontiers leur musique en donnant une place prépondérante à leur chanteuse (ce qui est totalement justifiable par ailleurs). Ici seul le morceau Fading
Image of My Own bénéficie de la présence d'une demoiselle au micro, proposant un chant de fort bonne qualité dont l'utilisation combinée avec le growl et différents passage parlés (respectivement par un homme, une femme et une enfant) donne un résultat varié mais à l'atmosphère sans doute un peu en deçà du reste de l'album. Notons au passage que le groupe fait grand usage des chœurs féminins au clavier, mais je reviendrai sur ce point plus bas.
Le chanteur fait quand à lui un très bon boulot dans un registre globalement plus écorché que guttural, sa hargne n'étant pas pour rien dans l’atmosphère sombre de l'album. Il bénéficie fortement de la présence de quelques morceaux plus agressifs, en particulier du très bon Rejected Cells alternant
Doom orchestral particulièrement funèbre et jouissif et accélération
Death Metal du plus bel effet. Les guitares sont elles aussi bien utilisées, tour à tour âpres et mélodiques tout en évitant tout excès à ce niveau là, tandis que la batterie se permet de fréquentes hausses de rythme.
L'aspect symphonique occupe une place assez importante dans la musique et dans l'identité du groupe. Les cordes (violon en particulier) et le piano font beaucoup pour l'ambiance générale, malgré leur utilisation parfois un peu maladroite lorsque présente de manière isolée (le début de
Renaissance Day par exemple). On croise également quelques parties d'orgue comme sur le morceau titre, plus axé
Funeral et dont l'ambiance glaciale et horrifique est une franche réussite.
Les chœurs féminins sont quant à eux l'un des gros points fort de l'album, utilisés avec talent et de manière régulière pour donner une atmosphère fantomatique et éthérée du plus bel effet. Under the Black Voile, l'intro orchestrale du très bon morceau
Winds of Culmination ou l'excellente outro
Funeral of Love sont à ce titre particulièrement marquantes.
Le problème, c'est que les différentes orchestrations souffrent souvent de leur aspect synthétique, notamment au niveau de la fluidité des mélodies, parfois un peu rigides et manquant de naturel. Rien de réellement rédhibitoire toutefois, pour peu que l'on ne soit pas allergique aux rendus un peu old school en la matière..
Pour conclure,
Amily nous propose un premier album de qualité quoique pas exempt de défaut, marqué par une ambiance globalement maîtrisée, préférant plonger l'auditeur dans une certaine noirceur d'esprit plutôt que dans des sentiments dépressifs proprement dits. Le groupe ayant déjà commencé à travailler sur un second opus, espérons qu'ils poursuivront dans cette voie..
Avec ces ukrainiens, je m'attendais à du gothic doom lambda et je me suis retrouvé avec une œuvre assez personnelle et qui, surtout, ne refoule pas le miel à des kilomètres.
C'est clair que le qualificatif "gothic" sonne un peu péjoratif depuis la débandade des années 2000, mais Amily parvient à passer outre pour retrouver l'esprit des fondateurs du gothic doom des années 90. Et sans pour autant sonner identique : l'utilisation des chœurs et des orchestrations est assez originale, je n'ai pas l'impression d'écouter du réchauffé en tous cas.
Ils démontrent aussi qu'on peut sonner "gothic" sans pour autant mettre des tonnes de chant féminin.
En plus, chaque morceau bénéficie de sa touche propre, sans mettre en péril la cohérence d'ensemble, la globalité de l'album a été bien pensée.
Rayon bémol, je suis d'accord avec le principal défaut que tu pointes, concernant le son un poil trop synthétique, ce qui prive les parties symphoniques d'une certaine ampleur et confère aux parties purement metal un léger manque d'épaisseur.
Mais pour un premier essai, c'est quand même très enthousiasmant.
Merci pour ton com' en tout cas.
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