Le classicisme est rassurant car il permet à ses adeptes d’évoluer, toujours, en terres, plus ou moins, conquises. Ainsi lorsque ses partisans se saisissent, sans en connaitre tous les détails, d’une œuvre conformiste d’un artiste traditionaliste, ils savent, assurément, qu’ils font un choix, certes, sans audace mais dont ils sont rarement déçus, pour peu qu’ils se satisfassent de cet état de fait. Ainsi nombre d’artistes se proposent de contenter ces fanatiques en construisant une carrière invariablement fondée sur les éléments qui firent leur reconnaissance et déclinent dans une variation, parfois infime, sur le même thème une interminable trajectoire s’étalant sur quelques décennies. Cette stagnation artistique, déjà difficilement compréhensible s’agissant du créateur, devient une énigme lorsqu’elle concerne ceux qui, s’inspirant de son œuvre, proposent une variation impersonnelle sur ses pensées et ses travaux originelles. Pourtant, en musique, il n’est pas rare de constater que ces influents créatifs donnent souvent naissance à une horde de plagiaires parfois talentueux mais souvent, aussi, sans intérêt.
Et
Helloween aura assurément influencé nombre de ces vocations. Les Allemands, instigateurs de ce que, aujourd’hui, on nomme
Power Metal avec la sortie, à la fin des années 80, du diptyque Keepers of the
Seven Keys, auront, effectivement, changé profondément le cours de l’histoire musicale. De cette révolution naquit nombre de groupes sur lesquels le temps jettera un oubli pas totalement immérité.
Au début des années 2002, du fin fond de l’Italie nait, sous l’impulsion du guitariste Luca Cabri,
Trick Or Treat. Sans vocations prétentieuses, le groupe va, d’emblée, définir sa musique comme celle d’une déclaration obligeante à celle des Allemands. Bien évidemment il convient de contempler cette démarche comme l’expression d’un hommage appuyé bien davantage que comme un projet à l’inspiration rationnelle. En effet, sans l’indispensable humour et légèreté qui incombe à un tel témoignage de respect, comment envisager sérieusement une telle conception artistique qui consisterait à inscrire, dans un mimétisme parfois confondant, son art dans les calques de celui d’un autre ? Cette notion de l’expression d’une vénération avouée à l’aulne d’une musique s’inscrivant dans le sillon de celle des Saxons est d’autant plus honorable qu’elle est entièrement assumée.
Ainsi lorsque sort, en 2009, ce
Tin Soldiers nul ne pourra s’étonner du lien de parenté évident de son propos avec celui d’
Helloween, nul ne pourra, non plus, s’ébahir de ces similitudes mélodiques, de ces voix confondantes, ou encore de ces constructions saisissantes. Pourtant, loin de s’enfermer en des égards dus à une période précise, les transalpins auront le discernement de proposer, dans un éclectisme intéressant, un récapitulatif relativement complet de la carrière des teutons. Ainsi dévoué à l’époque de
Michael Kiske (éternel déçu du milieu metal, qui pourtant ne rate jamais une occasion de réapparaitre au sein de cette scène qu’il aura tant décriée et qui, ici encore, fait une apparition (Hello
Moon, Tears Against your Sky)), mais aussi à celle de
Andi Deris, en passant par les témoignages accentués prononcés à l’encontre de Michael Weikath, Kai Hansen ; cette œuvre n’oublie pas de consacrer chacun de ces acteurs allemands les plus influents.
Si l’idée fondatrice est sans aucun doute, et on l’aura compris, celle de l’exécution d’une musique proche de celle des teutons, qu’en est-il de l’intérêt du résultat ?
Si on peut ne pas s’étonner, comme déjà évoqué, de la filiation avouée, doit-on alors nécessairement s’en satisfaire ? Non, car les titres les plus enlevés n’auront finalement que peu d’intérêt et seront bien trop ancrés dans les habituels poncifs d’un
Power/Speed
Metal (
Paper Dragon,
Freedom, Elevator To The Sky ou, par exemple, Final Destination) ; d’autres, plus nuancés et moins rapides, seront certes un peu plus séduisants mais pas suffisamment pour laisser quelconque trace remarquablement louable en nos esprits (Take your Chance mais aussi, par exemple, Loser Song). L’ensemble de ces titres propose donc une musique, clairement, moins inspirée, moins efficace et moins percutante que, non seulement, celle des illustres Saxons dont elle s’inspire mais aussi que celle du genre dont elle se revendique.
Ce
Tin Soldiers donne donc à entendre, outre quelques moments relativement distrayants, peu de choses véritablement notoires. De telle sorte que sa compagnie est relativement agréable, sans être bouleversante, mais que l’oubli lui est promis dès lors qu’il disparait. Juste un album de Heavy/
Power Metal acceptable de plus, en somme. Juste un clone d’
Helloween présentable supplémentaire, en vérité.
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