« Marty, je te présente la DeLorean DMC12 qui va te permettre de remonter le temps !! Curseur sur 1984, nom de
Zeus !! ».
Retour effectivement en 1984, pour cet album de… 1988 ! Sortez le fer à friser, les pantalons cuir période « poutre apparente » et les K7 audio, ca va chauffer !!
En 1984, pendant que Schwarzenegger cherche Sarah Connor (c’est à côté !), que Michel Blanc a du mal à parler à Gérard Lanvin car il a les dents qui poussent et que je commence à marcher sans trotteur, sort un album qui va mettre un coup de pied dans la fourmilière des guitaristes métal : le suédois
Yngwie Malmsteen a pondu avec sa Stratocaster ivoire le fameux «
Yngwie Malmsteen’s
Rising Force » qui va avoir un retentissement considérable.
En effet, cet album quasi-instrumental (à la demande du producteur Polydor KK Japan) inaugure le shred : un jeu de guitare extrêmement rapide tel le violoniste
Paganini allié à un style classique baroque XVIIème et XVIIIème basé entre autres sur les gammes mineures harmoniques souvent jouées legato. Ce style naissant sera vite baptisé néo-classique. On peut d’ailleurs voir dans la pochette avec la Strat sortie des flammes soit une évocation d’
Excalibur, soit un clin d’œil à son « mentor »
Paganini surnommé le Violon du Diable !
Bien sûr avant le suédois aux doigts de fée existaient d’autres guitaristes très rapides et/ou amateurs de sonorités classique : Alvin Lee (
Ten Years After) par exemple, bien sûr Ritchie Blackmore, et d’autres albums instrumentaux étaient déjà sortis («
The End of The Game » de Peter Green en 1970 par exemple). Mais c’est la première fois qu’on joue à cette vitesse insensée (certains accuseront Malmsteen d’avoir accéléré les bandes… jusqu’à ce qu’ils le voient en
Live !) tout en prenant autant l’inspiration non pas dans le Blues mais dans le Classique tant au niveau des gammes que des modes et de la construction (marches unitonales en mode mineur, etc…). Désormais on pourra dire qu’il y a eu un « avant » et un « après »
Rising Force et qu’il permettre l’éclosion de nombreux autres talents !
« Doc, Doc, cette fois la DeLorean m’a emmené en 1997 !! »
En cette année où la… Suède ( !) remporte la Coupe Davis et où Cousteau rejoint le Monde du
Silence, je suis un ado boutonneux de 14 ans excité comme une puce à la vue du moindre décolleté généreux et je découvre tous les jours de « nouveaux » groupes de
Hard/
Metal. Un samedi matin, en sortant du Conservatoire d’Orléans je me promène aux Puces avec mon tuba dans le dos. Je tombe sur un gars qui vend à des prix acceptables pour un jeune comme moi des disques vinyles en bon état. J’en repère un avec une guitare qui sort des flammes et un nom à coucher dehors… Ziggy Moulstinne ?! Allez, 30frs sortis de mon super portefeuille LC Waikiki avec écrit dessus «
Black Sabbath » au blanco et l’affaire est dans le sac ! Une fois «
Rising Force » placé dans la platine à Papa réglée sur 33trs, je prends la plus grosse baffe de ma vie !! J’ai vu Dieu, il est suédois, a les cheveux longs et porte un nom à coucher dehors !! De là mon envie de découvrir de plus près les joies du shred ! Avant cette illumination j’avais commencé la gratte avec un copain entre deux tablettes de Galak et trois parties de Duck Hunt sur Nes… j’ai arrêté en me disant : à quoi bon ?!
« Doc, Doc !!!!! L’accélérateur est bloqué !! »… 80, 82, 84, 86, 88 miles à l’heure…. Whooooosh !! Retour dans les 80’s !!!
Ainsi, à la suite de la sortie de
Rising Force on verra apparaître dans les 80’s une vague de guitar-hero plus ou moins « clones » du compatriote de Bjorn Borg, du moins à leurs débuts : Tony Mac Alpine,
Jason Becker,
Marty Friedman, Steve Morse,
Greg Howe,
Paul Gilbert,
Joe Stump, Michael
Angelo… et bien sûr
Vinnie Moore.
Vinnie Moore (né quasiment en même temps que Malmsteen) après un album avec
Vicious Rumors en 1985 (« Soldiers of the
Night ») a sorti son premier album solo « Mind’s
Eyes » en 1986. Extrêmement rapide et technique mais néanmoins mélodique, il est fortement applaudi à ce niveau mais parfois décrié pour son style néo-classique très (trop ?) proche de celui d’
Yngwie Malmsteen. A vouloir voguer sur la vague du succès, on boit parfois la tasse…
Vinnie Moore décide donc de laisser parler sa créativité et en 1988, année riche en albums phares (Queensryche,
Slayer,
Judas Priest, Death,
Testament,
Manowar,
Slayer,
Bathory…), sort donc son second album solo :
Time Odyssey… ainsi que le 4ème album de Malmsteen intitulé… Odyssey ! Si ce n’est pas du marquage à la culotte ça ! Mais la comparaison s’arrête là : en effet,
Vinnie Moore a changé sa Fender d’épaule et hormis éventuellement quelques passages pur néo-classiques tout le reste de l’album est d’une fraicheur et d’une nouveauté déconcertante par rapport à son premier opus.
Fort bien entouré par le fameux
Jordan Rudess (
Dream Theater,
Liquid Tension Experiment…) ainsi que par Joe Franco (batteur célèbre pour ses nombreuses participations studio ou
Live dans le
Metal ou la pop :
Twisted Sister, Van Helsing’s
Curse…) et Michael Bean (basse – également présent dans de nombreuses formations de styles variés),
Vinnie Moore va étaler tout au long de cet album instrumental quasi conceptuel toutes ses qualités techniques, mais aussi et surtout mélodiques en sortant du style néo-classique à de maintes reprises pour flirter avec le prog et le jazz.
Amateurs de technique et de passages en quadruple croches vous allez vous réjouir, amateurs de mélodies imparables également : le tour de force de Vinne Moore sur cet album a été de réunir les deux sans que l’un empiète sur l’autre. De plus les autres musiciens ne sont pas là juste pour la rythmique : il y a une vraie alchimie entre eux, et les « duels » entre Vinnie et Jordan sont un délice (« Racing With
Destiny » par exemple). On alterne entre passages musclés (« Prelude / Into the Future » ; « Racing with
Destiny »), progressifs («
Beyond the Door » ; «
Message in a
Dream » ; « The Tempest »…), jazz (« Pieces of a Pictures »), façon ballade (« As Time Slip by »), passages à l’acoustique (« The Tempest » entre autres)… le tout avec une cohérence rare surtout pour un album instrumental dont beaucoup de pistes « à tiroirs » dépassent les 6 minutes voire approchent les 9 minutes.
A côté de ses compos, deux reprises : « While My Guitar Gently Weeps » des Beatles et «
April Sky » qui est en fait une composition basée sur deux thèmes de Bach, l’
Aria et le Concerto n°5 second mouvement adagio. Deux reprises tout en douceur où la sensibilité de l’américain est palpable : tout en feeling, pas de descentes de manche inutiles ou de tempo ultra rapide juste pour la galerie… Superbe. «
April Sky » me fait chavirer à chaque écoute !
Par conséquent un album complet, sans remplissage et qui est pour moi sans doute le plus abouti de la carrière de l’américain au brushing improbable, et bien sûr indispensable à toute collection de disques d’amateurs de shred. Pour la petite anecdote, c’est le deuxième album préféré du guitariste néo-classique
Joe Stump… après
Rising Force !
Au revoir Doc Brown, au revoir Marty, je me cale comme je peux dans mon fauteuil à roulettes le casque sur les oreilles et je profite de ce moment d’extase musicale en me disant que peut-être, si j’avais continué la gratte après l’écoute de
Rising Force, je saurai moi aussi jouer "The Tempest" à la 6 cordes…
Dommage que le convecteur temporel ne soit pas encore une réalité !
Je partage ton opinion sur cet album dont j'ai fait l'acquisition l'année de sa sortie car après avoir découvert Vinnie grâce à Mind's Eye à cause de la présence de Tony MacAlpine aux claviers et d'un certain solo de batterie sur Saved by a miracle, je ne pouvais pas rater l'opus suivant de ce grand guitariste ( à mon humble avis ). Et je ne fus point déçu. Les voyages dans le temps, ça a le mérite de nous permettre de revivre de grands moments ! :)
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire