Que vous n’aillez jamais entendu parler de
Blizzen auparavant est un peu normal. Le groupe s’est récemment créé, animé par la ferme intention d’intégrer la grande armée du revival NWOBHM. Même si vous vivez au fin fond du Vercors, vous n’avez pas pu échapper à ce phénomène pandémique, qui plus est, en exponentielle croissance. Et nos hommes poussent même ce fanatisme jusqu’au visuel de la pochette, qui n’est d’ailleurs pas sans nous faire rappeler celle d’un célèbre trio canadien qui sévissait à cette époque si regrettée…
Pour ce premier Ep, les membres du groupe ont souhaité réaliser une partie du pressage sur vinyle, qui permettra à ceux qui se sentent collectionneur dans l’âme, d’avoir l’occasion d’acquérir un objet qui sera du plus bel effet sur leur étagère, en espérant que l’objet devienne culte un jour. Et si vraiment vous avez un horrible doute (on a déjà vu des pochettes rose bonbon pour des skeuds de black metal), vous pourrez vous référer au titre de l’album lui-même « Back In Time… » …donc comme le Port Salut. C’est écrit dessus (donc vous êtes prévenus du contenu …).
Nous nous délecterons donc (ou pas) des cinq titres assénés avec la conviction et la détermination propres aux jeunes formations. La mouture Heavy/speed aux saveurs ultra-traditionnelles et peu flexibles a été maintes fois envisagée par un nombre non négligeable de challengers. Le mélange donnera une galette aux saveurs originales que nos cousins d’
Outre-Rhin doivent sublimer afin qu’elle ne soit pas insipide, ou pire, qu’elle nous rebute par un arrière-goût de moisi...
Avec une inspiration puisée chez les légendaires
Jaguar,
Thin Lizzy ou encore
Hexx, … l’introduction de “
Strike The
Hammer” nous propose une bonne mise en bouche. Au fil de l’écoute, vous découvrirez une belle démonstration qualitative et quantitative réunissant les ingrédients susceptibles d’intéresser bon nombre d’aficionados du Heavy/Speed ancestral. Nous retrouverons une haute teneur en riffs calibrés et efficaces qui véhiculeront aux plus anciens des souvenirs plus ou moins intarissables. Une distorsion crunchy, très propre et précise, évitera toute amertume Thrashy.
La finesse de ce chant au tirant typique demeure un élément crucial : Daniel Stecki (pour les intimes), également bassiste-guerrier du groupe, possède des lignes similaires à celles de Christian Logue sur le très apprécié « After The
Fall From Grace », du très regretté
Savage Grace. Bien que notre homme ne sera pas consacré révélation masculine de l’année, il possède néanmoins un chant juste, adapté. Ses quelques incursions dans les sur-aigus qui piquent un peu, sont rares, choisissant la sobriété afin de ne pas étaler ses lacunes. Les techniques de backing sont elles aussi très proches des combos d’époque, utilisant judicieusement un ensemble de chœurs gras placés à l’octave (mais si, rappelez-vous... «
Metal Heart »).
Pas de prise de risques, mais l’emploi de cette technique a fait et fait encore ses preuves, à condition qu’elle soit utilisée avec parcimonie.
S’étaler sur la qualité des vocaux risque de rendre les petits camarades jaloux, d’autant plus que la section rythmique tient la route. Les guitaristes nous assènent de riffs typiques pas trop emphatiques et sans décrochages prétentieux. Vous voulez un titre Speed et équilibré? Ecoutez (très fort) « Pile On Pressure » qui est une parfaite symbiose entre les deux styles de prédilection de
Blizzen. Le mid tempo «
Piece For The Weak », possède, quant à lui, une rythmique soutenue et catchy ne souffrant d’aucune approximation. Encore une fois, l’intelligence des placements vocaux et la créativité permettent de pallier très largement le manque d’expérience. Les deux mots qui pourraient résumer ce titre seraient : simplicité et efficacité.
Maiden semble aussi avoir été une influence évidente du groupe, influence que l'on peut apprécier au travers de chaque solo mais aussi dans l’écriture de « Gone
Wild ». Ce dernier titre vient clôturer ce mini et représente la cerise sur le gâteau, se détachant foncièrement des titres précédents, et les surpassant même. Son introduction hypnotique se place à chemin entre « Back In The Village » et « Chasing the
Storm » de
Trojan. Un titre racé, bien amené et construit, résumant à lui seul tout le potentiel de ce jeune groupe.
Blizzen est distribué chez « High roller record », un label encore très peu connu mais qui offre à ce « Back in Time » la possibilité d’avoir un son qui lui rend justice, véritable gage de qualité qui pourrait être décisif dans la carrière du groupe.
Un parfum d’antan plane sur les cinq compositions de ce « back In Time », inspiré, qui, bien que ne révolutionnant pas le style, ne souffre d'aucune faille technique qui aurait pu lui être fatale. Un très bon début donc…
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