Through the Fire

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16/20
Nom du groupe HSAS
Nom de l'album Through the Fire
Type Album
Date de parution 1984
Style MusicalHeavy Rock
Membres possèdant cet album38

Tracklist

1. Top of the Rock 04:18
2. Missing You 04:26
3. Animation 05:02
4. Valley of the Kings 03:22
5. Giza 01:22
6. Whiter Shade of Pale 04:46
7. Hot and Dirty 04:17
8. He Will Understand 04:47
9. My Hometown 04:05
Total playing time 35:05

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HSAS


Chronique @ samolice

13 Mars 2015

L’histoire de l’album live qui n’en est pas un...

En octobre 1983, la carrière de Sammy Hagar est dans une fuckin’ bonne période. Le bonhomme a une solide réputation aux States et ses deux derniers albums, dont « Three Lock Box », paru seulement quelques mois plus tôt, ont ou vont atteindre le million d’exemplaires vendus. Tout va bien, merci pour lui.
Au même moment, celle de Neil Schon est également en plein boum. Il sort d’une immense tournée avec Journey en support de l'album « Frontiers » qui a lui aussi cartonné (numéro 2 au Billboard, au final 6 fois platine aux U.S.). Tout va bien, merci pour lui.
Les deux bonshommes sont amis de longue date, habitués qu’ils sont à jammer à la moindre occasion sur le "Rock candy" de Montrose. Schon a aussi fait une apparition sur le titre "Love or Money" de l’album « Danger Zone » d’Hagar (1980).

Bref, ils sont peinards.

Et là, nos deux gus vont avoir une idée folle. Au lieu de profiter d’un repos bien mérité et de se la couler douce, ils décident de proposer un one-and-done record. Dans leur esprit c’est clair, ce sera un one-shot enregistré rapidement. Hagar n’a qu’un morceau quasi finalisé sous le coude, un certain "I can’t drive 55". Schon trouve le titre excellent et lui conseille de le garder pour son futur album solo, convaincu que Sammy tient là un hit en puissance et qu’il lui faut donc une exposition maximale, laquelle n’est pas garantie avec ce nouveau projet. Bien vu, l’album de H.S.A.S. ne se vendra pas – on en reparle dans quelques lignes -, et ce sera LE plus gros tube de la carrière d’Hagar en solo.
Assis face à une page blanche, ils se mettent à composer…

Après avoir essayé Denny Carmassi (Montrose et … Hagar) et Tom Petersson (Cheap Trick), ils s’orientent finalement vers Kenny Aaronson (Foghat, Derringer) à la basse, et Michaël Schrieve (Santana) à la batterie.
Hagar, Schon, Aaronson, Schrieve. Le nom du groupe est trouvé : H.S.A.S.

Ils répètent et enregistrent des démos de leurs nouveaux titres aux Fantasy studios, en Californie, lieu où Journey a conçu ses deux derniers albums. Le plan est simple : en moins d’un mois tout doit être prêt afin d’enchaîner, du 9 au 21 novembre 1983, avec sept dates dans le Nord de cette même Californie et d’enregistrer l’album en conditions live.

Ce « Through the Fire » est donc bien un disque live.

Mais sans public (exception faite de quelques cris sur "My hometown")

???????

Je comprends votre surprise. En fait, bien qu'enregistrées en concert, les clameurs de la foule ont été effacées pour donner l’impression d’un album studio. Quelques pistes de guitare ont ensuite été ajoutées ou modifiées, comme par exemple l’intro acoustique de "Shade of Pale". A priori, rien d’autre que la guitare.
Pourquoi un tel choix ? Oh hé, je ne suis pas Einstein. Vous n’avez qu’à poser la question directement à Hagar (06.66.66.66.66).

Un petit indice quand même, histoire de ne pas vous laisser dans la panade. Selon Aaronson, le skeud aurait été enregistré lors des soundchecks. Donc, sans public. H.S.A.S. Heu, je voulais dire C.Q.F.D.
Enfin, c’est cuèfedé si l’on s’en tient à la version de Aaronson. Celle de Schon est somme toute très différente. Pour ce dernier, les titres du disque sont quasiment tous issus du concert (et non du soundcheck) de San José, l’un des trois utilisés pour finaliser l’enregistrement avec ceux de Warfield et de Marin County. Alors qui croire ?
Peut-être Hagar pourrait-il nous aider à trancher?
Ah ben non, oubliez son numéro de téléphone, Sammy ne se souvient pas. Si, d’une chose, le fait que le son de la batterie manquait cruellement de puissance et qu’il leur a fallu passer un temps fou, et donc dépenser beaucoup d’argent – voilà ce dont Sammy se souvient le mieux, surtout que le plan initial avait pour but d’être économe – pour mixer correctement le disque en studio.
Bref, le mystère reste entier et entoure donc le disque d’une « controverse » plutôt sympa.

Musicalement, l’album oscille entre party-rock songs typiques de la carrière de Hagar ("Top of the rock", "Hot and dirty", très proche d’un Y&T), chansons plus orientées radios U.S. ("Missing you", et à un degré moindre "He will understand"), et des titres plus ambitieux, sur lesquels plane légèrement l’influence du dirigeable ("My home town", ou Aaronson se lâche enfin, et le triptyque "Animation"/"Valley of the kings"/"Giza", avec un côté plus progressif souhaité par les deux leaders, ce qui les avait amenés à orienter leur choix vers Schrieve, un batteur issu de la sphère « jazzy ». Sammy rentrait d’un long voyage en Afrique, notamment en Egypte, un pays qui l’avait, selon ses dires, énormément inspiré et lui avait donné envie de proposer quelque chose d’un peu différent).

Une seule faute de goût sur l’album : la reprise du "Whiter Shade of Pale" de Procol Harum, une chanson qui me sort par les trous de nez depuis bien longtemps. Pour moi, c’est plus Proctol que Procol Harum. Seul le travail de Schon, dont la guitare remplace avantageusement l’orgue de la version originale, sauve les meubles. Avec un minimum d’objectivité, je dois aussi convenir que Sammy y met beaucoup d’émotions. Le groupe, ou son label, ou les deux, choisira de sortir ce titre comme single. Quel choix de merde !

Hagar envoie du bois, dans le style hurleur-pour-stadiums auquel il nous a habitué depuis. Toujours aussi convaincant le blondinet.
La révélation concerne Schon. Le gaillard, qui a probablement envie de se dégourdir les doigts et de montrer que sa palette est bien plus large que ce qu’il exprime au sein de Journey, est déchaîné. Dès l’entame de "Top of the Rock", le titre d’ouverture, il se taille la part belle, glissant des petits soli parfaitement balancés tout le long. Ceux de "Missing you", "Animation" ou encore "My home town" - waow ! - valent également une oreille attentive. Good job !

Après ces 36 petites minutes, les connaisseurs regretteront l’absence des titres "In for the kill", "Through the eyes of love", "Hope & fear", "Ever since you came" et "Tough enough", tous pourtant présents sur les concerts des 14 et 15 novembre 1983, et qui furent diffusés à l’époque sur MTV (pour les curieux, c’est ici : https://www.youtube.com/watch?v=7ZymfGhUF1U&list=PLUhdGVWqK4bzJtZiI-fj86RYxVQwDyWma&index=1).
Ces titres sont également présents sur la VHS « Live in California », sortie en 1984. Le fait que ce show soit celui de San José semble donner du poids à l’avis d’Aaronson selon lequel l’album résulterait principalement des titres joués lors des soundchecks, le groupe ne reprenant pas dans ces moments-là tous les morceaux du gig à venir.
Aussi prenante qu’une enquête de Derrick mon histoire d’enregistrement non ?

L’album ne décolle pas dans les charts. Quelque chose comme 150000 ventes au final. Très peu pour l’époque et surtout pour des top sellers comme Hagar et Schon. Aaronson reproche aux deux leaders de refuser de tourner pour promouvoir l’opus. Selon lui, Hagar et Schon pensent qu’il leur suffit de balancer une vidéo et que les ventes suivront. Hagar le reconnaît volontiers. Pas envie de sacrifier sa carrière solo et de créer de la confusion dans l’esprit des fans. Son label partage cette opinion. Grave erreur. Rock n Roll les mecs, il faut faire ses preuves sur scène.
L’autre regret d’Aaronson, que partage Hagar, sera de ne finalement pas avoir pris le temps de préparer un « vrai » disque, en studio, et de balancer derrière un plan marketing bien pensé. Mais ça n’avait jamais été le plan de départ.

Un soir de fiesta ou Eddie Van Halen passe en ville, son pote Schon lui fait écouter les bandes de l’album dans une chambre d’hôtel. Eddie est scotché par ce chanteur qu’il ne connaissait pas. « Sammy Hagar tu dis ? ». La suite appartient à l’histoire…

Bonne nouvelle, en mai 2013, avec l’annonce d’un possible futur album, Michael Anthony et Chad Smith, partenaires de Hagar au sein de Chickenfoot, prenant les places d’Aaronson et Schrieve. Oh, my God, c’est un miracle. Un A pour Anthony et un S pour Smith. Pas besoin de changer de nom de groupe !

Je finirai en présentant toutes mes excuses par avance aux lecteurs qui trouveront que cette chro fait un peu trop leçon d’histoire. C’est juste que je la trouve passionnante, moi, cette histoire. Si certains partagent ce point de vue, elle n’aura pas été écrite pour rien.

12 Commentaires

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frozenheart - 15 Mars 2015: Excellent ce HSAS !
Cet album avec l'association Sammy Hagar, Neil Schon, Kenny Aaronson et Michael Schrieve enregistré en condition live et une pure merveille, ou tous les titres ont été composé et pensé pour la scène.
Dommage que l'aventure s'arrêta après ce " Through The Fire " de folie.
Encore merci au chroniqueur pour cette leçon d'histoire pour le moins passionnante.
MattMaiden - 16 Mars 2015: Merci Sam pour cette chronique ! Je connais bien les musiciens (je suis un fan de Schrieve) mais pas l'album. A découvrir !
ZazPanzer - 28 Mars 2015: Merci Sam pour ces interviews captivantes... Le Kenny l'a vraiment mauvaise sur le pognon, punaise ! Concernant la légende selon laquelle Neal aurait tuyauté Eddie sur Sammy, force est d'avouer que Neal raconte très bien... mais je n'y crois toujours pas ! LOL ! Et d'ailleurs les lecteurs de l'interview non plus, regarde les liens au bas de page, l'un d'eux fait remarquer et c'est vrai que je l'avais zappé, qu'Eddie citait souvent dans ses influences le premier Montrose avec Sammy au chant ! Album qui était d'ailleurs produit par un certain Ted Templeman... D'autre part, je posterai chez les Goules une mini-biographie de Sammy sur laquelle je suis tombé dans laquelle l'auteur raconte qu'Eddie avait déjà pensé virer Dave quelques années auparavant et que Sammy était déjà number one sur la liste des deux frangins... A mon avis, le père Neal avait un peu dû forcer sur le Jack avant son interview et il s'est convaincu lui-même... Sinon j'ai réécouté le disque, et effectivement, on sent bien ce côté live, vite fait; marrant car je ne l'avais jamais remarqué avant ! Les vues de l'esprit, incroyable comme on perçoit les choses différemment avec des informations en plus !
samolice - 28 Mars 2015: Au delà du fait de savoir si Eddie écoutait Montrose (et connaissait donc Sammy), il est surprenant qu'en 1983, aux US, Eddie n'ait jamais entendu parler de Hagar qui avait quand même une solide réputation là bas.
Mais alors, qu'est-ce qui peut bien pousser Schon à être aussi sur de lui? D'autant que dans son interview, Sammy lui même ne dément pas me semble-t-il.
Ca sent une nouvelle enquête pour l'inspecteur Derrick :-)
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