Il y avait comme un long sanglot, la plainte naissante d'un violon, s'étirant dans le silence… Bientôt rejointe par les mélodies envoûtantes et mystérieuses d'une guitare; quelques percussions rompent cet ensemble monotone et mélancolique… Puis, tout s'est éteint. Le silence est redevenu maître de son royaume… Pour un court instant, la guitare se relance, et, tandis que l'on attendait son compagnon le violon et sa lourde plainte dramatique, quelle surprise !… A la place, une voix pure et claire s'est élevée, elle semblait enveloppée d'éther et louait ses peines et ses douleurs dans un soupir, un chant fragile… Rejointe par la plainte lointaine de son compagnon, lui aussi avait une voix très douce…
Cet ensemble fragile et cristallin s'est brisé en un instant, par les lourdes harmoniques des guitares et des nappes de claviers, semblables à des larmes… Quelques rythmes et mélodies accompagnaient le tout, qui était très lent, doomesque, funéraire… Par moments, les parties acoustiques revenaient sur le devant, reprenaient le dessus, et déversaient leurs lamentations pour quelques instants, avant d'être relayées de nouveau par les parties métalliques… Ces deux visions de la tristesse, par le désespoir ou la mélancolie, se battaient, se séparaient, puis se réunissaient, schéma répété inlassablement… Parfois, le tout s'arrêtait, et laissait place à la narration, un conte noir, de la littérature gothique, une ode au désespoir…
Alors que la musique déclinait, laissant mon coeur, seul et assoiffé par toutes ces larmes déversées, ce qui avait semblé durer une vie n'avait duré en fait que moins d'une heure… Mais, un dernier espoir, Le chant angélique d'autrefois, cette voix si pure, si belle, telle une "fleur du mal", déclame une dernière complainte, sans artifices, sans musiques, de la crudité, de la sincérité… Puis, tout s'est éteint, et le silence a repris sa place, comme si de rien n'était…
Elegeion nous a fait ici offrande d'une oeuvre poignante, sombre, mais tellement humaine… Une expérimentation de la tristesse et du désespoir, où l'on parvient toujours à trouver de la beauté...
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