Suite à son départ du groupe de
Death Metal DETHRONED, Christ
Butcher décide de former l'entité GOATDEMON, très vite renommée EXCOMMUNION. Pour mener son projet à terme, il s'entoure notamment de Kyle Spanswick, aussi connu dans le milieu du Black
Metal sous le pseudonyme de Naas Alcameth, frontman de NIGHTBRINGER, mais aussi d'autres projets comme AKHLYS ou encore BESTIA ARCANA. Après avoir engendré
Superion, le premier album du groupe, et participé à un split auprès de DETHRONED, l'ancien groupe de Christ
Butcher, ce dernier s’expatrie en Finlande. Là-bas, il forme MAVETH et explore les sonorités infernales propres à la scène finlandaise (on pourrait citer DEMIGOD ou DEMILICH) tout en gardant un sens du riffing propre à la scène américaine (comme MORBID ANGEL ou IMMOLATION). Suite à deux albums, dont le savoureux Breath of an Abomination, Christ
Butcher retourne aux États-Unis, dans son Colorado natal, et remet sur pied EXCOMMUNION avec son compère Kyle Spanswick. Ils reviennent cette année avec leur deuxième album en commun,
Thronosis qui paraît en Mai 2017 chez le label américain
Dark Descent Records.
Conçue par une correspondance finlandaise de Christ
Butcher, LL de DESOLATE SHRINE, l'artwork de la pochette renvoie à un portail que personne n'oserait franchir, de peur d’aggraver sa santé mentale. Mais les horreurs qui risquent d'en sortir pourraient précipiter notre monde vers sa fin. A l'image du dernier album de BESTIA ARCANA, Holokauston, Naas Alcameth semble encore une fois, par son influence, mener Christ
Butcher à s'intéresser à l'eschatologie, l'étude des mythes et des légendes sur la fin du monde. Mais, loin de traiter d'une fin du monde basique, EXCOMMUNION se penche vers les hypothèses d'entités d'ombre et de puissance qui arriveront sur terre pour accomplir leur moisson rythmée selon un certain nombre de millénaires. C'est la fin de la civilisation actuelle et non pas la fin du monde dans le sens large.
Pas besoin d'intro pour le style de
Death Metal de EXCOMMUNION. Même si une atmosphère sombre oppresse l'auditeur d'entrée de jeu, le duo nous livre un
Death Brutal sorti des tréfonds les plus obscurs de notre cosmos. "
Twilight of
Eschaton" commence sur un riff capable de damner les esprits les plus faibles, suivi d'une logique montée d'intensité progressant par tous les moyens jusqu'à arrêter le son. Et cette coupure enchaînera avec un deuxième riff suintant la haine et la vindicte chère à nos deux hommes. Ce titre ouvre idéalement
Thronosis. La guitare, assez technique, contribue d'autre part à une atmosphère noire et destructrice. Le riffing du gars de NIGHTBRINGER n'y est pas pour rien. On le reconnaît en plein dans le mille, même à travers le verni mortuaire des sonorités
Death de ce groupe. Ceci dit, on peut regretter qu'il ne nous gratifie pas de son chant Black, particulièrement glaireux et varié. Mais pour les vocaux, Christ
Butcher se débrouille très bien. Toutefois, ces derniers ne se démarquent pas par une tessiture originale, surtout que beaucoup de bons groupes de
Death Metal du début des années 2000 utilisaient ce genre de vocalises. Je pense notamment à NILE, les moins connus FLESHTIZED ou les vétérans de MORBID ANGEL et IMMOLATION. La basse utilisée par le même Christ
Butcher ne sort pas non plus de l'ordinaire. Mais elle rend le travail colossal de la guitare de son confrère encore plus hostile aux oreilles chastes. Enfin, la batterie blaste assez bien. Mais ce n'est pas toujours le cas, ce qui nous amène au paragraphe suivant :
Au milieu de "
Twilight of
Eschaton", le rythme ralentit, nous rappelant la lourdeur caverneuse des INCANTATION ou DISCIPLES OF MOCKERY mais en un poil plus rapide. Ce genre de passages lents peut également rappeler aux inconditionnels du Black de NIGHTBRINGER les passages les plus lents et explosifs des projets de Naas Alcameth. On les retrouvera également sur le début de "
Nemesis" pour revenir en leitmotiv à d'autres moments de ce morceau. Cette lourdeur, presque
Doom, augure la destruction à venir.
Comme "
Twilight of
Eschaton", "
Blessed is the Epoch of
Darkness and
Strife" s'entamera en trombe. Mais par après, sur l'avant-dernière minute du titre et, donc, de l'album, on aura droit à un passage très lent. La guitare semble s'animer d'une conscience afin de hurler à la fin du monde tel qu'on le connaît. Mais "
Blessed is the Epoch of
Darkness and
Strife", c'est également ce qu'EXCOMMUNION propose de plus brutal. Ainsi, la dernière minute donne tout ce que nos deux hommes ont dans les tripes. Et tout ce qui avait précédé cette minute n'était que le prélude à cette incroyable montée en intensité et en tension. Mais mieux encore, grâce à cette dernière minute, on souhaite réécouter l'album en entier. "
Blessed is the Epoch of
Darkness and
Strife" est, avec le premier titre, un des deux meilleurs morceaux de l'album.
L'album ne dure que 29 minutes, un peu à l'image du dernier DEATHSPELL OMEGA, dans un autre style de
Metal. Du coup, est-ce encore un album si on n'a même pas 30 minutes ? Pour votre serviteur, 29 minutes, ce n'est pas assez, même pour du
Death Brutal. Pour 35 minutes, voire 40 ou un peu plus, je suis d'accord. Mais 29 minutes ne peuvent laisser qu'un goût de trop peu pour le style. Ainsi, comme EXCOMMUNION n'ont donné à
Thronosis que la durée d'un mini, je jugerai
Thronosis comme si ce n'était qu'un mini, c'est à dire avec des points en moins dans ma notation. Il existe bien évidemment des contres exemples d'albums classiques des temps anciens du
Metal comme le
Pentagram de GORGOROTH. Mais ce dernier a réellement apporté quelque chose d'innovant à son style, le Black
Metal. Ici, ça n'innove hélas pas beaucoup.
Mais c'est bien là le seul défaut majeur que je trouve à
Thronosis. Sinon, si vous aimez le
Death Metal sombre et bourrin du revival du début des années 2000, notamment les albums de MORBID ANGEL et IMMOLATION de l'époque, vous êtes tombés sur une entité propre à vous fasciner des écoutes durant. Et ce que je déclare vaut aussi si vous regrettez que FLESHTIZED n'ait pas continué après son hallucinant album du nom de Here Among
Thorns. Bien que
Thronosis soit de courte durée, écoutez cet album, puis réécoutez le, encore et encore. Car c'est bien ce style de
Death Metal qui, malgré sa brutalité, n'est pas accessible directement aux premières écoutes, mais sait se montrer suffisamment captivant pour qu'on y revienne. De MORBID ANGEL, il est à l'image de
Gateways to
Annihilation, surtout pour les parties brutales de cet album culte. Mais comme c'est plus court, on a moins de matière pour nos esgourdes.
Toujours dans une osmose de puissance et de brutalité, mais également de noirceur, le duo mené par Christ
Butcher et Naas Alcameth nous livre en cette année 2017 un
Thronosis excellent, comme ils ont l'habitude.
Thronosis est, malheureusement, plus court que jamais, ne dépassant même pas les 30 minutes. Et c'est pour ça que je n'arrive pas à mettre plus que 15 pour la notation. Mais si vous aimez le
Death Metal pour les atmosphères autant que la brutalité, prenez cet album ! Fans de MORBID ANGEL ou d'IMMOLATION, emparez-vous également de l'album ! Et ça vaut également pour ceux qui regrettent l'époque du
Death Metal des tout débuts, davantage joué avec le cœur que par démonstration technique interminable. C'est le genre de chose que le
Death Metal peut proposer de mieux, loin des groupes de
Death Technique très bien joués mais sans qu'il y ait les tripes qui auraient pu (ou pas) aller avec.
De courte durée mais addictif.
Pareil pour GORGOROTH. Pentagram est un de mes albums ultime. Mais ce qui le rend si ultime, c'est d'avoir allié, en 1994, tout ce qui faisait le charme du Black Metal (particulièrement celui de Norvège plus qu'ailleurs) et d'en créer la quintessence en musique. Et le tout s'est joué avec une intensité inégalée jusqu'alors. Et je suis moins fan d'Antichrist.
Mais, à part pour Pentagram, bizarrement, si je trouve un album trop court, ce ne sera pas en faveur de ce dernier. Ce ne sera pas en sa faveur surtout si celui-ci n'est pas assez original. Ici, EXCOMMUNION, ce qui rattrape le coup et qui fait en partie que ça reste du bon, en plus de l'alternance entre blast et passage rampant, ce sont les tripes. Et ça m'amène au deuxième point de ta critique :
La plupart du temps, d'accord, j'ai exagéré mon propos. Mais dans le paragraphe suivant, je parle des lenteurs, de ces passages aux ambiances caverneuses. Donc, je ne mets pas tout à fait de côté cet aspect de Thronosis. T'as peut-être raison sur ce coup là. Mais quand je parle de montée de tension s'opérant tout le long de l'album, c'est justement ça, une alternance entre brutalité et passages rampants bien sentis.
Mais pour revenir à l'histoire de la durée, tu peux préférer les albums de ce type, court et efficace, à des disques remplis jusqu'à la panse. D'ailleurs, si un album est trop long, j'aurai également du mal à l'appréhender dans son ensemble (comme Imperator, l'avant-dernier de DODSENGEL, long de deux heures et demi). Donc, oui, je côte aussi sur la durée, mais c'est comme ça ;)
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