Sorti en 2000, ce troisième opus des suédois d’
House Of Shakira, sobrement intitulé "III" se voit, à son tour, gratifié d’une réédition par MTM, bienfaiteur du
Hard FM/Aor devant l’éternel du métal mélodique. En dehors de l’incontournable remastering de circonstance, cette nouvelle édition ne bénéficie d’aucun cadeau pour les amateurs du groupe.
Pas de titre bonus donc, pour étoffer une liste de 14 titres (dont 2 interludes) pour autant, déjà bien chargée.
Sans être original,
House Of Shakira a cependant réussi à se créer sa propre identité, navigant entre l’Aor punchy d’un
Survivor, le FM musclé d’un
Journey, et des structures légèrement travaillées d’un
Journey des débuts, voire d’un
Styx, le tout saupoudré de références world-music. Toutes ces références se voient renforcées par la voix d’un Andreas Eklund qui n’est pas sans rappeler celles des glorieux chanteurs de ces différents combos. Pourtant, si
Jimi Jamison (
Survivor), Steve Perry (
Journey) ou Tony Harnell (
Journey) font l’unanimité, il se peut que certains trouvent agaçantes les montées un peu trop systématiques dans les aigus du frontman suédois, à l’image d’un Tony Mills (
Shy). Pour le reste du combo, chaque musicien met sa technique irréprochable au service des compositions, et seul Mats Hallstensson sort de cet ensemble parfait à l’occasion de quelques soli bien sentis.
Venons-en aux compositions dont la liste renferme quelques petits joyaux, particulièrement en première partie d’album. Car c’est là que se trouve le principal reproche à apporter à cet opus : il est fortement déséquilibré. Autant les 7 premiers titres nous tiennent en haleine grâce des tempos variés et une qualité d’écriture et d’interprétation au-dessus de la moyenne, autant la deuxième moitié des compositions est plombée par quelques fautes de goûts avant de sombrer dans un rythme répétitif dont notre attention finie par se détacher. "Miracle" et "Pellucid Part.2" s’éternisent en longueur. C’est d’autant plus frustrant pour le premier nommé, excellent titre d’Aor/FM au refrain en forme d’hymne, mais dont les chants tribaux placés en fin de titre souffrent d’un manque de crédibilité et d’une répétition trop prolongée. "I Am" est à la fois lourd et handicapé par une multiplication de cris autant inutiles que pénibles, alors que les titres de FM popisante passe-partout se multiplient ("
Unspoken" et "Unforgiven"), sans parler du plus que dispensable interlude "Time
That Passed".
Seul le superbe "Rainbows
And Butterlies" surnage dans ce gâchis, doté qu’il est d’une magnifique montée en puissance.
Il serait cependant dommage de ne retenir que ce dérapage à peine contrôlé d’un album dont la première partie est d’un niveau exceptionnel. Rien que les 3 premiers titres enchaînés sans temps mort suffisent à vous asseoir, tant le puissant hymne catchy "
Alien" et le heavy mid-tempo 'Kashmirien' qu’est "
Wings" dégagent une énergie qui écrase tout sur son passage. Et tous les styles sont passés en revue avec la même réussite, du hard FM dynamique et entraînant d’un "In Your
Head" digne des meilleurs
Journey, à la ballade acoustique ("Splitted Hairs") aux accents de "
More Than Words" (
Extreme), en passant par la ballade mid-tempo "Nearly Orgasmic" dont
Gotthard aurait déjà fait un hit. Enfin, impossible de passer sous silence le tourbillon d’un "Black
And Blue Skies" posé sur une basse ronronnante et doté d’un excellent break précédant un solo du meilleur effet.
C’est donc à un véritable Docteur Jeckyll et Mister
Hyde que nous avons à faire avec "III", tant le meilleur côtoie le plus terne. Malheureusement, l’album se terminant par sa face la plus fade, c’est sur un inévitable sentiment de frustration que nous restons alors qu’un moment précieux nous semblait promis. C’est pour cela que nous vous conseillons la technique consistant à programmer les morceaux de 1 à 7 auxquels vous rajouterez le 9 pour ainsi vous concocter un excellent Ep de 8 titres.
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