Grand défenseur de la scène Death française, Dolorem Records joue les pères Noël précoces en sortant en ce début de mois de décembre 2025 le premier album de Cryoxyd, intitulé This World We
Live in …
Se définissant comme une structure artistique conceptuelle plutôt que comme un groupe, Cryoxyd est la créature protéiforme de Eron, guitariste-growleur qui s’entoure ici de Nekro (guitare), Greg (batterie) et du duo
Pascal Mulot-Nicolas Sanson qui se partagent les lignes de basse.
Cryoxyd est une « formation » de Death
Metal concentrant l’essence du style, tout en se rapprochant plus précisément de Death (période
Symbolic),
Pestilence (
Testimony of the
Ancients) ou encore
Nocturnus. Leur musique est précise, technique, tranchante comme un scalpel. En découle une atmosphère clinique où est contée la déliquescence de l’humanité sur notre planète, sans misérabilisme mais avec une froideur palpable.
Passée la courte intro, Day after Day pose les fondations de Cryoxyd. Rythmiques implacables sur fond de double pédalage, guitares-tronçonneuses qui découpent les sens à coup de riffs effilés, tandis que la basse se permet de jolies arabesques harmoniques (Steve DiGiorgio n’est pas loin !!). Sans oublier le soin apporté aux soli et le growl qui évoque une heureuse fusion entre Shuldiner et Van Drunen. Le rendu, martial et planant par le renfort de nappes de clavier, sonne moderne tout en se parant d’oripeaux old-school.
Avec une durée moyenne dépassant les 4 minutes (12 titres pour plus de 50 mn), Cryoxyd s’offre un univers où l’exploration rythmique se veut aventureuse sans paraître trop ampoulée.
Dismal Fate,
Emptiness Of
Life, Injected Minds s’inscrivent dans cette mouvance et conservent vissé au corps l’exigence de violence et de vélocité. En point de mire, Mindless
Human Form peut aisément emporter l’adhésion de l’auditeur. Un souci d’exigence dans les compositions qui nécessite naturellement plusieurs écoutes pour bien saisir les subtilités.
Si l’album n’est pas exempt de petites scories (la trop répétitive Effigy of the Unknown à mon goût), Cryoxyd offre aussi de sacrées pépites telles la doublette Ambivalent Feelings – Bodycell, judicieusement placées en milieu d’albums.
Doté d’une identité sonore déjà bien marquée, due au travail de Kristian Øgir, Cryoxyd offre pratiquement un concept album qui reflète notre monde déshumanisé (l’artwork de Kevirus s’inspirant de They
Live de Carpenter, référence adéquate). Les instruments trouvent parfaitement leur place et le grain, suffisamment sale, évite à l’ensemble une orientation stérile.
Cryoxyd et Dolorem Records nous gâtent avec un premier opus qualitatif qui pourrait surprendre de nombreux deathsters. Je le vois bien apparaitre au pied de nombreux sapins et certainement dans les tops de fin d’année.
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