Relativement silencieux depuis la sortie notable d’Errorzone en 2018 et de son nu-hardcore briseur d’os, Vein nous revient finalement quatre ans plus tard avec son second opus
This World Is Going to Ruin You. Pendant ce temps, le quintet a subi un léger changement de lifting puisque le groupe s’est nouvellement renommé Vein.fm sans que l’on sache réellement les raisons qui ont poussé cette décision. Au-delà de cette transformation au niveau de son apparence, la formation américaine a aussi signé un contrat sous la maison de disques
Nuclear Blast Records. C’est avec ce label mais aussi sous ses premières marques avec Closed Casket Activities que son deuxième album est paru.
Conçu et produit par
Will Putney, pour qui l’on doit entre autres les récentes sorties de
Fit For An Autopsy,
A Day To Remember ou encore
The Ghost Inside, le disque avait été écrit en avril 2020, quelques semaines seulement après la pandémie mondiale qui a paralysé tout le monde musical. Nos Américains proposent plusieurs apparitions marquantes d’artistes avec Geoff Rickly du groupe de rock
Thursday, de Jeff Smith de la formation de screamo Jeromes
Dream ainsi que du rappeur
Bones. Les illustrations sont quant à elles le fruit d’
Autumn Morgan, déjà à l’œuvre des ornements d’un certain
Code Orange.
Tout comme son prédécesseur, le quintet nous propose des titres aux durées extrêmement courtes, à l’exception d’un titre final qui dépasse allégrement les sept minutes. Le disque démarre en trombe avec Welcome
Home, petite introduction où l’on retrouve directement ce riffing lourd, grinçant et déformé au milieu des cris hargneux d’Anthony DiDio pour une entrée en matière déjà confuse. S’en suit le titre
The Killing Womb, une des mélodies publiées par la formation avant la promulgation de la toile. Le morceau propose une variation assez unique dans le style hardcore, principalement dans le travail des percussions où son panache est notable. L’ambiance est toujours chaotique et inquiétante, la dissonance est omniprésente pour un nu-mathcore marquant. L’esprit old-school n’est pas en reste avec l’intégration de samples qui nous renvoie tout de suite dans le neo metal des années 90-2000. Notre quintet pousse la violence à son paroxysme avec un double breakdown dégoûtant et percutant.
L’ensemble du disque suit ce modèle neo-hardcore/metalcore précoce, criard et frénétique. Certains titres pousseront ce concept encore plus loin comme
Versus Wyoming, entracte qui image parfaitement la notion d’apocalypse. Entre les notes de piano complètement folles, le chant d’Anthony DiDio toujours plus strident, la distorsion des guitares piquante et la technicité de la batterie, l’ambiance du morceau est sévère, sans la moindre concession pendant un peu moins d’une minute. Le final affiche le ressenti d’une bombe nucléaire avec des basses abaissées dans leurs retranchements les plus ténébreuses.
Fort heureusement, le groupe ne se contente pas d’un concentré d’animosité et met en avant des mélodies plus douces et mélancoliques. Parmi elles, Wavery qui même si elle se montre assez peu convaincante lors des premières écoutes, se distingue finalement par une progression et un merveilleux mixage entre sérénité, noirceur, beauté et abrasivité. Un paysage presque doom metal se développe, ce qui affiche une nouvelle curiosité dans la musique de Vein.fm. Dans son riffing ainsi que dans son chant, difficile également de ne pas faire l’impasse avec
Deftones sur ses aspects distordus, colériques, tristes et froids.
Dans cette même veine (sans mauvais jeu de mots bien entendu),
Funeral Sound est sans conteste le morceau le plus mémorable. Le morceau réalise un début extrêmement timide avec seulement quelques notes au clavier ainsi qu’un chant sombre et dramatique. Le piano laisse place à une voix féminine, des paroles qui semblent tirées d’une conversation téléphonique avant finalement d’introduire cordes et percussions. Le travail vocal d’Anthony DiDio a lui aussi évolué pour s’approcher d’un
Corey Taylor à la fois maussade, songeur et abattu.
Les morceaux en compagnie d’invités seront la semi-déception de cette offrande. Hormis sur Hellnight, leur présence est relativement discrète ou tardive. Sur Fear In
Non Fiction, le chanteur de
Thursday arrive en milieu de titre pour une prestation expéditive et qui ne se distingue finalement pas tant du chant clair d’Anthony DiDio. Quant à
Orgy In The
Morgue, malgré une solidité et une prestance remarquables, si le featuring avec le rappeur
Bones n’est pas spécifié, il demeure compliqué de noter sa participation.
This World Is Going to Ruin You est une étape supplémentaire dans l’univers barbare et maussade de Vein.fm. Alors que l’on considérait déjà Errorzone comme une pièce malsaine, cette seconde offrande pousse cette perversion encore plus loin. La production a su parfaitement tirer parti de cette malveillance et agressivité, si bien que l’on n’y ressent aucun défaut en termes de désorganisation ou d’éparpillement. Les Américains ont su confirmer leur forte impression de leurs débuts et il ne restera plus qu’à confirmer leur tir lors d’une future toile.
Chronique intéressante et bien descriptive qui donne envie de découvrir la musique de ce groupe, merci !
Je vais esssayer d'y jeter une oreille... ou deux !
C'est quand même bien barré, on est loin d'un easy listening avec ce groupe. J'avais bien aimé leur précédent surtout certain titres. Ici je trouve que ce n'est pas facile à écouter d'une traite, tu as bien réussi à décrire ce nouvel album. J'ai beaucoup plus de mal que sur le précédent. Un groupe atypique, je pense qu'avec une meilleur canalisation de leur rage et de leurs émotions, ils pourraient nous sortir un très grand album.
Je souligne le très bon clip Killing Wonb ci-dessous, jetez y un oeil si ce n'est pas fait.
Merci pour la chro
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire