Le premier
Khanate était l’une des pierres d’angles du nihilisme absolu, un album aussi poussé que sa névrose et sa souffrance. Le nouvel album est celui qui (décidément) ne fait aucun compromis et est, surtout, la continuation d’une démarche complètement défaitiste.
En premier lieu, on retrouve cette voix éraillée à l’extrême, vecteur de la douleur et d’un nihilisme déviant, ces larsens de guitares dérangeants, cette absence (apparente) de structure interne, par contre, on reconnaît tout de suite (immédiat même) cette ambiance insidieuse de supplice auditif, cette négation chaotique et pesante. Tout y est, et pourtant,
Khanate va plus loin en rendant ce nouvel album encore moins « écoutable ».
Avec «
Things Viral », on vire carrément à l’abstraction, le rythme est encore moins présent (la batterie développe un jeu de cymbales et son intervention de frappe dépasse rarement la seconde), chaque intonation est tout de suite refoulée au plus profond de la névrose, qui par ailleurs se retrouve fortement décuplée sur les quatre titres du disque. La voix se fait par instants plus lointaine, certaines parties virent à l’ambiant bruitiste se rapprochant du drone (son maintenu sur un temps indéterminé). Le groupe utilise l’élément du silence plaçant l’auditeur dans une position de malaise désagréable au possible et surtout d’une angoisse dés plus monstrueuse.
Un album de
Khanate ne s’écoute pas, ça se vit, ça s’endure, c’est une véritable expérience dérangeante, provocante même et néanmoins mystérieusement aguichante, ce qui en fait un objet véritablement fascinant sous la couche d’insalubrité poisseuse. Encore plus proche de la folie, mais encore plus torturé que le précédent, «
Things Viral » est un album, l’album du nihilisme dans sa forme la plus épurée, la plus conceptuelle et surtout la plus viscérale.
Rendant un album de
Skepticism tonique et entraînant (imaginez seulement une seconde),
Khanate réussit là, une tuerie névrotique la plus sournoise du moment. On attend le coup de grâce qui n’arrivera jamais rendant la pièce d’autant plus insidieuse, le coup de grâce c’est quand on met lecture…
Rappelons que ceux qui avaient haïs le premier disque peuvent passer directement leur chemin, ils comprendront encore moins «
Things Viral ». Pour ma part, les deux albums se complètent parfaitement et ce sentiment de décrépitude n’a jamais été aussi fort sur ces disques.
Porteur d’une dégénérescence aiguë, «
Things Viral » est avant tout une pierre d’angle du
Sludge/doom, à la fois carnassière, perfide et sournoise.
C’est pas à la portée de tout le monde, d’accord, mais c’est l’équivalent d’un coup de burin en plein cœur.
Monstrueux et génial !!!
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