Originaire de Stuggart et formé en 2019, le quatuor allemand de Defocus s’est d’abord illustré dans diverses performances lives. L’aventure du groupe aurait pu s’arrêter net suite à la pandémie internationale l’année suivante qui a bloqué l’industrie musicale. Il en fallait bien plus à nos quatre musiciens pour les stopper dans leur émergence et l’obstacle du confinement s’est finalement transformé en une magnifique opportunité pour se lancer dans un premier opus. C’est ainsi qu’est né In
The Eye Of Death, We Are All The Same, une expérience introductrice gagnante pour notre jeune collectif avec une signature notable sous la maison de disques Arising Records (
Landmvrks, Thrown,
Imminence) et plusieurs compositions qui se sont distinguées comme
Disease ou Thought Of A Vision.
A la fin de l’urgence sanitaire, le combo s’est distingué sur différentes scènes allemandes parmi lesquelles l’Euroblast Festival ou encore le Summer Breeze Open Air. Suite à des prestations grandioses, notre formation s’est lancée dans une tournée européenne entourée d’une lourde artillerie avec Abbie Falls et
Necrotted. Lors de cette excursion, les quatre artistes ont en profité pour dévoiler deux titres inédits, partial et let the bound be my grave, qui annonçaient une certaine évolution dans leur projet. Ces nouveaux morceaux feront partie de la seconde toile du groupe nommé
There Is a Place for Me on Earth, toujours chez Arising Records et en collaboration avec Vojta Pacesny pour lequel on doit les dernières productions d’Aviana et de Seeing Things.
Le disque offre une diversité étonnante en termes d’influences, des inspirations encore peu répandues dans le style metalcore. Ces impulsions inaccoutumés sont immédiatement perceptible sur l’un des titres révélés qui fait également office d’ouverture let the bound be my grave où le courant trap, utilisation d’une boîte à rythme, de rythmiques hâtives et de nappes de synthétiseur, se fait déjà percevoir. Ce penchant trap est davantage mis en lumière sur hybrid anthem, avec la participation de l’artiste de hip-hop One.RF, une initiative qui est malheureusement en demi-teinte. En effet, les couplets particuliers rappés par l’invité et où les basses sont particulièrement prononcées ne correspondent pas vraiment avec le refrain bien plus traditionnel et équilibré.
L’empreinte affiche ses plus beaux éclats dans des compositions telles que biaised où elle se manifeste par des sonorités électroniques et d’un phrasé solennel qui permettent de développer une atmosphère inquiétante et intimidante. La chanson nous invite également dans un breakdown absolument dévastateur où le riffing dissonant est l’essence même de cette destruction totale. La panne est tout aussi ravageuse dans crooked mind où les guitares sont là aussi discordantes et où le chant plutôt growlé s’apparente plus à du deathcore qu’à du metalcore. Sur flatlines, la conduite se dirige vers de la drum and bass, des percussions frénétiques, répétitives qui se caractérisent par un tempo impétueux et une rythmique accrocheuse.
Malgré une lourdeur parfois suffocante et une tendance trap qui n’est pas toujours bien exploitée, les dix morceaux s'enchaînent assez naturellement et chacun d’entre eux profite d’une production parfaitement soignée. Certaines compositions laissent toutefois un sentiment frustrant à l’instar d’un …to not feel anything qui n’est ni plus ni moins qu’une interlude d’une minute où l’écriture de la section de drum and bass est exactement la même que celle que l’on retrouve sur le titre suivant. La chanson finale éponyme s’avère être quant à elle un instant de mélancolie sous faux-airs de balade ce qui en fait une mélodie plus accessible et sans conteste la plus conventionnelle (dans le bon sens du terme) de l’album.
There Is a Place for Me on Earth révèle et explore avec une belle dose de brio des territoires et des influences encore peu familières dans le metalcore. Les expérimentations de Defocus sur cette seconde œuvre sont audacieuses et fusionnent bien avec des codes plus élémentaires. Bien que quelques tentatives puissent sembler moins convaincantes, elles sont rapidement gommées par des textures sonores menaçantes. Il manque encore une marche pour notre quatuor allemand pour être couronné sur sa seconde apparition, notamment à cause d’un contenu un peu léger et de schémas qui sont de temps en temps assez semblables mais cette consécration ne semble être qu’une question de temps …
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