There's Always Blood at the End of the Road

Liste des groupes Black Metal Wiegedood There's Always Blood at the End of the Road
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16/20
Nom du groupe Wiegedood
Nom de l'album There's Always Blood at the End of the Road
Type Album
Date de parution 14 Janvier 2022
Labels Century Media
Style MusicalBlack Metal
Membres possèdant cet album24

Tracklist

1.
 FN SCAR 16
 04:07
2.
 And in Old Salamano’s Room, the Dog Whimpered Softly
 04:32
3.
 Noblesse Oblige Richesse Oblige
 05:06
4.
 Until It Is Not
 05:40
5.
 Now Will Always Be
 08:17
6.
 Wade
 01:57
7.
 Nuages
 05:50
8.
 Theft and Begging
 04:05
9.
 Carousel
 04:51

Durée totale : 44:25

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Wiegedood


Chronique @ Icare

03 Janvier 2022

Une expérience intense qui nous malmène et nous pousse dans nos derniers retranchements

Wiegedood est un groupe de black metal belge actif depuis 2014 qui, en quelques années à peine s’est fait reconnaître grâce un black metal païen à la fois acéré et sauvage comportant de longs passages atmosphériques à la mélancolie poignante. Leur dernier album en date, De Doden Hebben het Goed III, se payait même le luxe de sortir sur Century Media, et si certains pouvaient craindre que le passage sur un grand label pousse les Belges à lisser leur musique, il n’en était rien, puisque l’opus en question reprenait sensiblement les mêmes recettes et structures que son petit frère sorti un an auparavant, essuyant par là-mêmes quelques critiques reprochant au groupe de tourner un peu en rond et de se répéter.
Pour le coup, il semblerait que Wiegedood ait bien pris en compte ces remarques pour la composition de son quatrième full length : cette fois, aucun doute possible, la trilogie Doden Hebben Het Goed est bel et bien finie, et le groupe change de peau et s’attaque à quelque chose d’assez radicalement nouveau, tant sur les plans visuel (finies les photographies de paysages, la pochette de There's Always Blood at the End of the Road dont le titre est pour la première fois en anglais, est noire, nous laissant présager quelque chose de plus sombre) que musical.

Et à ce niveau-là, autant le dire tout de suite, on n’est pas déçu : d’emblée, FN SCAR 16 nous aspire dans une débauche d’hystérie d’une sauvagerie inouïe, hachée et schizophrène, alimentée par des hurlements d’aliéné. Un riffing tourbillonnant à une vitesse vertigineuse et au bourdonnement d’essaim nous harcèle d’assauts répétés de ses mille dards venimeux, nous filant le tournis et nous collant l’estomac au bord des lèvres, nous assénant une claque monumentale qui nous sonne et nous laisse étourdi. Aucun temps mort, And in Old Salamano’s Room, the Dog Whimpered Softly déboule avec des blasts toujours aussi rapides, giclant un riffing déstructuré et abrasif qui nous ronge les chairs, enfonçant douloureusement le clou. Même lorsque le morceau ralentit, la musique se fait toujours aussi nauséeuse, malsaine et désagréable, renforçant cette impression de vertige et d’angoisse, et ce ne sont pas ces plaintes maladives en fin de morceau qui vont rehausser la gaieté de l’ensemble.

There's Always Blood at the End of the Road transpire un extrémisme musical et une folie palpable qui rappelle par moments Anaal Nathrak, dans certaines parties de guitares sifflantes comme dans les intonations insanes de ce chant furieux, dérangé et écorché. Ceci dit, contrairement aux Britanniques qui deviennent de plus en plus easy listening au fur et à mesure des albums, les Belges prennent clairement le chemin inverse, abandonnant presque complètement ces passages atmosphériques et beaux qui nous berçaient sur les opus présents pour laisser éclater toute leur rancoeur, leur rage et leur négativité. D’ailleurs, même quand ils décélèrent le tempo, c’est pour encore plus nous bousculer, cassant le rythme et les structures, proposant des parties dissonantes et lentes qui sont une insulte à la mélomanie (la fin d’And in Old Salamano’s Room, the Dog Whimpered Softly, celle de Nuages, sorte de djent black fêlé et éprouvant).
Néanmoins, en milieu d’album, l’étau se desserre et le terrorisme musical se fait moins virulent, avec même quelques parties que l’on pourrait qualifier de mélodiques (la fin d'Until It Is Not, Now Will Always Be, qui martèle ce même rythme rapide pendant de longues minutes et ressasse ce chant liturgique résonnant comme un mantra lugubre à la Attila Csihar avant que des guitares aériennes ne viennent nous offrir une pause plus atmosphérique).
L’album progresse vers quelque chose de plus abstrait et expérimental, comme si Wiegedood avait atteint les limites de la violence pure sur les premiers morceaux, muant son art de destruction totale en des attaques parfois plus vicieuses, schizophrènes et protéiformes qui tentent de s’attaquer et de saper insidieusement les fondements de notre raison plutôt que de notre intégrité physique (qui a parlé de la fin carrément flippante du petit interlude Wade ?). A ce titre, l’enchaînement entre Nuages, dont les premières mesures sont un bordel de sonorités mordantes et abrasives incroyablement agressives qui virevoltent sur un rythme foutraque et la fin s’apparente à une descente sous acide à la Oranssi Pazuzu, et Theft and Begging, dont le début sans pitié remontre gentiment à Marduk comment jouer du Panzer, en est un parfait exemple. Tout le long de ces 44 minutes, on patauge dans un joyeux chaos bruitiste qui brouille nos repères auditifs et psychologiques (Noblesse Oblige Richesse Oblige, le superbe Carousel de clôture qui porte décidément bien son nom, avec ces guitares sifflantes qui tournent encore et encore en une ritournelle grinçante et étourdissante) et risque d’en laisser plus d’un sur le carreau.

There's Always Blood at the End of the Road est donc un album déstabilisant qui ne laissera personne indifférent et plus généralement une expérience particulièrement intense qui n’hésite pas à malmener l’auditeur et à le pousser dans ses derniers retranchements ; le comparer aux autres albums de la formation n’aurait pas beaucoup de sens tant ce petit dernier sonne différent, incontestablement plus brutal, dérangé, malsain et instable.
Franchement, si 2022 s’annonce aussi malade, déglinguée et négative que cette offrande qui semble en annoncer l’arrivée tant redoutée, autant le dire tout de suite, nous n’avons pas fini de souffrir…

2 Commentaires

9 J'aime

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JeanEdernDesecrator - 05 Janvier 2022:

Merci pour la chronique ! Il y a une vidéo impressionnante de "FN SCAR 16", je sais pas si tu l'as vue, tout à fait raccord avec la noirceur et la rapidité du titre.

Icare - 05 Janvier 2022:

Oui, et celle de Nuages est encore plus barge ! Malheureusement, impossible de la partager sous cette chronique, je n'ai pas les autorisations, peut-être parce que l'album n'est pas encore sorti ? ...

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