Après la blague
Impiety sortie l’hiver 2011, les adeptes de
Agonia Records attendaient ce nouveau
Spearhead au tournant, mais contrairement aux singapouriens, les anglais n’ont heureusement pas décidé de la jouer mou du genoux. De retour avec un album aux paroles conceptuelles traitant de l’ascension puis de la chute de la race humaine, Barghest et ses sbires apparaissent plus remontés que jamais.
Decrowning the Irenarch sorti il y a 4 ans montrait déjà une évolution substantielle par rapport à un premier album Black /
Death pas indispensable, mais ce
Theomachia (2011) a franchi un palier. Tout en étant dans la même veine, cette nouvelle offrande explose allègrement la précédente.
Malgré un riffing implacable et une ambiance
Evil de tous les instants,
Decrowning the Irenarch avait plusieurs défauts, notamment ces accélérations attendues maintes fois et qui ne venaient jamais, mais surtout le son des triggers assez désagréable de la batterie, vraiment hors de propos pour une musique se voulant pure et sans reproches…
Message reçu 5/5 : le kit du sessioniste
Torturer (
Belphegor, …) sonne ici le plus naturellement du monde, comme au bon vieux temps où on installait des micros devant chaque élément de batterie. On ne peut que se féliciter que les rosbifs aient laissé tomber le Hertz pour le
Orgone Studio de Londres.
A noter qu’un soin tout particulier a été apporté à l’artwork, sensé représenter la splendeur et la domination romaine (avant la décadence).
Eschatos et son riff imposant font un titre / intro particulièrement alléchant, avant The Lie of Progression qui débute avec un
Death / Black / Thrash tranchant, avant de lâcher des monstrueuses accélérations qui ne sont pas sans rappeler
Angelcorpse, la voix éraillée de Barghest ressemble d’ailleurs beaucoup à celle de Pete Helmkamp.
L’énergie déployée notamment sur
Perdition Tide n’a rien à envier aux floridiens, les anglais reprennent une partie de la recette, mais la méthode de composition s’avère bien différente :
Angel Corpse ralentit très rarement, tandis que
Spearhead est plus avare de plans rapides, ces derniers n’ont que plus d’impact lorsqu’ils déboulent (2 : 22 Polemos Pater Panton).
Un autre élément est décisif sur
Theomachia, il s’agit des lead de Anaximenes : mordantes, précises et directes, à 100 lieux des méthodes « m’as tu vu » parfois en vogue à l’heure actuelle. Il est amusant de constater une progression aussi fulgurante chez le combo emmené par Barghest alors que c’est justement le thème sur
Theomachia, espérons seulement que le déclin annoncé dans les paroles n’ai pas lieu pour les sujets de sa majesté après un tel sommet.
Prey to the
Conqueror donne un excellent panorama global du savoir faire des deathsters : ambiances épiques et guerrières omniprésentes, riffs incisifs avec précisions militaires (1 : 10), furie
Death / Black sans pitié, et solo vif et impitoyable. Praesagium, morceau instrumental néo classique grandiloquent, joue parfaitement son rôle de liant dans le concept avant
Herald the
Conqueror aux accents
Morbid Angel prononcés (époque
Domination), avec une fois de plus un solo redoutable de Anaximenes (l’histoire ne dit pas si il y a lien de parenté avec
Jeremy, lui aussi romain car joueur de l’AS Roma).
Visiblement influencé tant par
Angelcorpse que par le Black / Thrash australien (Gospel of the
Horns, Deströyer
666, etc…),
Spearhead a enfin digéré son background pour en faire quelque chose de personnel, et surtout diaboliquement efficace, démonstration parmi d’autres sur le terrible break de To Slake the
Thirst of
Ages (1 : 52).
Mieux produit, plus rapide, plus efficace, plus personnel, plus homogène, plus violent, plus implacable, avec ce troisième full-lenght irréprochable en tous points,
Spearhead a mis monsieur plus dans ses valises pour proposer ce qui est de loin leur meilleur album.
Vu l’orientation qu’a désormais choisi
Morbid Angel sur Illud Divinum In Anus,
Theomachia pourrait jouer un rôle non négligeable et s’imposer comme l’un des meilleurs disques
Death Metal de 2011, cela dit ne pas être signé chez
Nuclear Blast constitue de nos jours un obstacle de taille à cet accomplissement…
BG
Non, pas pendant les sessions studios ou alors c'est du masochisme.
Entièrement d'accord, et c'est ce qui fait la force de l'album, pas spécialement rapide dans l'ensemble, juste qu'il appuie ses embardées avec une justesse impressionnante.
Dans l'ensemble, assez satisfait de cet achat, sans vraiment proposer quelque chose de transcendant pour moi, les riffers de Spearhead donnent tout ce qu'ils ont, un album beaucoup plus nuancé qu'il n'y paraît mais qui garde une force de frappe sans compromis.
Merci pour la chro.
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