Liste des groupes Black Metal Morodh The World of Retribution

Originellement mis en activité par Ragnaar (guitare) en 2011 et rapidement rejoint par Anthart à la basse, Astaroth au chant et Andreas à la batterie, la jeune formation russe, officie dans un « black-metal » qui peut être qualifié de dépressif. Morodh tire son patronyme de la littérature russe, plus précisément de « La Rose Du Monde » œuvre majeure de Daniil Andreev, représentant l’un des mondes de la rétribution, lieu dans lequel toute âme humaine est contrainte de vivre dans le silence et la solitude afin d’expier ses crimes. Après une démo intitulée… « Demo », le quatuor publie son premier long format, nommé « The World of Retribution », faisant référence aux écrits du poète sus-cité.

L’artwork est à l’avenant du nom du groupe et présage du contenu de la galette. Le premier morceau « Desperation », introduit par des violoncelles sinistres, plante littéralement le décor, la rythmique générale lorgne immanquablement vers un mid-tempo lancinant, doté d’une mélancolie sous-jacente triste et, les vocaux « black » écorchés vifs, ajoutent au côté désespéré de l’ensemble déjà fort prononcé. Ce titre est loin d’être orphelin puisque tout le disque est du même acabit. Et en matière de « sinistrose », force est de constater que Morodh en connait un rayon, il suffit d’écouter « The end », le break de « Regret », le terrible commencement de « Ritalin », renvoyant aux premières heures de Katatonia, tout cela collerait le bourdon au plus hilarant des clowns.

L’une des principales forces de cet album est la mise en place d’ambiance funéraire, au travers de riffs dissonants obscurs (« The end ») ou, grâce aux breaks lourds et pesants comme sur « Desperation » mais aussi par des parties développées à la guitare non saturée et appuie, de ce fait, la mélancolie ambiante. Mais Morodh atteint parfois (trop rarement) la grâce et une certaine magnificence, notamment sur le final puissant de « Ritalin » et « Lie », ces passages représentent la synthèse même de la musique composée par les russes, à savoir, triste, puissante et suicidaire.

Mais « The World of Retribution », c’est un peu les montagnes russes (je sais, elle est facile…) au niveau de la qualité des compositions où le bon côtoie le moins bon. D’abord la rythmique manque, sur l’ensemble, de variations et de nuances, où le mid-tempo y règne en maître sauf sur les cassures plus lentes, souvent trop courtes (« Regret », « Lie ») et, l’unique accélération blastée (la fin de « The end »), rend le tout assez prévisible et amène des nombreuses longueurs. Aussi, certains plans sentent le réchauffé et flirtent avec le quelconque comme l’instrumental totalement inutile « Loneliness », le morceau « Desolation », totalement inintéressant ou le début de « Fatality » et, pour ne rien arranger, certains arrangements sont plus que litigieux. Tout cela confère à un ennui certain au fil des écoutes répétées et une véritable lassitude s’empare de votre serviteur.

Pour un premier essai, Morodh s’en sort plutôt avec les honneurs mais il lui faudra une plus grande régularité d’écriture pour pouvoir s’illustrer réellement. « The world retribution » est empreint d’une grande désespérance, d’une mélancolie très sombre, qui n’est à conseiller aux oreilles averties. Quant à moi, je vais chercher une corde….