Liste des groupes Doom Metal Psychedelic Witchcraft The Vision

Psychedelic Witchcraft est un jeune groupe italien formé en 2015 autour de la chanteuse Virginia « Virgin Witch » Monti. Rien que la description fait rêver : Le groupe est né des mains des anciens Dieux du Blues et du Doom, vivant à travers les voies occultes de la musique.
Le tableau ainsi dépeint pose les bases de l’univers qui nous attend. Remarquez, ce n’est pas comme si on plongeait totalement dans l’inconnu au vu des photos promos ou des pochettes des divers enregistrements déjà parus. Car tout semble tout droit sorti des années 70 et des vieux films d’épouvante de l’époque. Les couleurs, les fringues et la fumée qui fait rire des photos promos, les poses et l’attitude de Virginia, souvent entourée de symboles sataniques et occultes, l’imagerie et le logo du groupe. Bref, c’est comme si une trouée dans l’espace-temps les avait fait retourner près de 40 ans en arrière. ou plutôt qu’ils avaient raté 40 ans d’évolution de l’espèce humaine...
Et pour leur premier véritable opus, Psychedelic Witchcraft ne change rien et The Vision reprend donc tout ce qui a été vu plus haut. L’album sera dispo via Souseller Records en Avril 2016.
L’artwork représente donc Virgina dans une inquiétante vision de sorcière devant une pyramide, le tout en noir et blanc. Seuls les contours de la pochette, le nom du groupe et le titre de l’album sont de couleurs psychés entre le violet et le bleu.
On s’y croirait...

Un mot rapide sur les textes et les titres des morceaux qui parlent d’eux-mêmes : Magic Hour Blues, Witches Arise, Demon Liar... L’occultisme jusqu’au bout des ongles et de la langue.

L’entrée dans la maison de la magie noire se fait relativement calmement sur un rythme un poil lancinant, une guitare bourrée d’effets et une voix presque envoûtante légèrement enveloppée d’écho. Le son, comme le reste, est bien ancré dans les années 70. Il est gras mais sans trop dégouliner comme dans le Stoner pur et dur. Malgré l’abus de tout ce que peut contenir la technologie actuelle comme bidouillages en tous genres, le rendu général reste relativement épuré. La guitare intervient très souvent pour de courts soli issus de l’univers du Blues où le feeling l’emporte haut la main sur la technique. On est proche de Queen Of The Stone Age pour le son et les rythmes mais aussi de toute la nouvelle génération de plus ou moins jeunes qui copient les vieux comme Jex Toth, Witchcraft, Blue Pills, Orchid, Graveyard, Uncle Acid et consorts. Et inévitablement, on en reviendra aussi à Blue Cheer ou Black Sabbath pour les bases de tout ça et les soli endiablés.
Certains titres sont assez « speed » (toutes proportions gardées pour le style et les substances utilisées) comme Demon Liar et son solo à la wah wah limite Motörheadien, ou la deuxiéme partie Sabbathienne de War. Dans l'ensemble, on est loin du Doom classique et on évolue plutôt dans un Hard Rock Bluesy à tendance un peu Psyché.
On y va aussi de sa petite touche électro-acoustique pour une sorte de semi ballade sur The Only One that Knows, titre relativement peu inspiré sauf au niveau des soli qu’on aurait pu retrouver plus à leur place dans du Southern Rock.

La voix de Virgina, assez haut perchée, est sympathique et agréable mais il lui manque quelque chose dans le ton ou le phrasé pour que l’ambiance occulte que le groupe veut véhiculer soit parfaite. Les mélodies du chant sont bien travaillées mais trop impersonnelles pour faire peur à un enfant de trente ans. Seules les quelques apparitions sous effets (écho, distorsion), comme pour War, arrivent à donner un tant soit peu le change. Elle a beau clamer I’am the Witch sur le morceau Different, qu’on y croit même pas.
Ah, les associations qui militent contre le satanisme occulte franc maçon judéo-maçonnique laïque, qui avaient déjà dû commencer à fourbir leurs plus beaux arguments au début de la lecture de cette chronique, vont pouvoir s’en donner à coeur joie avec l’intro jouée à l’envers de Wicked Ways qui rendra sûrement fou la plupart des auditeurs...Mon Dieu, quelle ignominie...

En fait, c’est Magic Hour Blues, titre clôturant l’album, qui est la plus grande réussite du groupe en termes de morceau aux influences occultes. Il est le plus lent, le plus lancinant au niveau du rythme et, pour une fois, on y entend franchement bien la basse dont le son s’avère d’ailleurs par trop banal pour le style.

Je ne sais pas combien de fois j’ai déjà dû l’écrire mais les formations comme Psychedelic Witchcraft n’inventent rien. Comme beaucoup, le groupe fait dans le recyclage et comme beaucoup, il le fait plutôt correctement. The Vision est franchement très bien fait, très agréable à écouter et encourageant pour un premier effort complet. Mais malgré tous les atouts de Virginia, il manque ce petit grain de folie qui pourrait mettre le groupe en tête de gondole. Une touche plus personnelle et sombre serait la bienvenue. Un peu moins de gaieté aussi.
A suivre donc des fois que...