Demoniciduth est un groupe de black metal lausannois. Mais il paraît impossible de parler de ce groupe sans mentionner leur idéologie chrétienne, créationniste et sioniste (pour du black!), tant ils la mettent en avant. Cette dernière leur a même valu un article dans Le Matin! On comprend dès lors l'intérêt commercial de la chose, du moins dans le but d'avoir un peu de visibilité, s'exposant toutefois à de possibles oppositions virulentes lorsqu'il défende la libération d'Israël.
Le cas me semble cependant assez sérieux pour me permettre une introduction contextuelle.
Spirit of metal est un webzine de musique. Ca peut paraître évident, mais en choisissant de chroniquer cet EP, c'est donc la musique que je m'apprête à juger et non les valeurs qu'elle véhicule. Sur ces valeurs, je ne me prononcerai psa personnellement, dans le but de ne pas nourrir une polémique (qui sera peut-être hélas inévitable). Que ce soit clair : une bonne note ne traduira pas ma sympathie à l'égard du message porté, et je trouverais déplacé, ridicule et puéril d'imputer ma sévérité envers cet opus à un éventuel ressentiment que je pourrais concevoir à l'égard des thèses sionistes et/ou du christianisme.
Une fois ces points éclairés, venons-en à la musique. Parler de black pour décrire
The Valley of Decision est exagéré. Si le logo rappelle le genre, musicalement seule la voix y fait vraiment référence, les quatre morceaux renvoient plutôt à du death un peu lent aux relents thrash. Le chanteur s'escrime à s'étaler dans ses cris, d'un grunt typé death peu concluant (cf les moments a cappella dans "Zionist") à de multiples voix black superposées qui évoquent les représentants surproduits et commerciaux du genre plutôt que ses vrais piliers. C'est très peu convaincant d'une manière générale, dénué d'émotions et trop souvent ridicule, une unique direction vocale plus assumée aurait été préférable.
Par ailleurs, la production met le chanteur trop en valeur par rapport aux instruments (ne jamais le laisser s'occuper du mixage, c'est pourtant bien connu!), même si ça reste tolérable, le tout étant assez propre pour donner l'illusion d'un travail de pro. Mais d'un côté assez neutre, où certains groupes de black ambient jouent sur une production brouillonne pour étoffer leurs lentes mélodies,
Demoniciduth joue ici la carte du dénuement. Ca sonne lisse et brut, les gaillars s'en remettent donc forcément à la seule inspiration des instruments pour appâter l'auditeur (seulement des instruments vu la prestation vocale d'un amateurisme flagrant). Malheureusement, hormis quelques solos éphémères éparpillés avec avarice sur les dix-neuf minutes de l'EP, les riffs restent d'une simplicité enfantine, ré-exploitant mal des structures vues et re-vues dans le thrash et le death principalement. Cerise sur le gateau,
Demoniciduth prend plaisir à enchaîner les transitions mal pensées, n'hésitant pas à gâcher un bridge enthousiasmant montant en puissance dans un refrain lent et plat. Dommage.
Cet EP met de la poudre aux yeux à la première écoute grâce à sa production apparemment soignée. On se rendra hélas vite compte qu'elle ne profite à aucun instrument, se contentant d'aplatir le tout dans une constance ennuyeuse. A côté de ça les riffs sont banals et la voix est, disons-le, ratée. Il serait donc dommage de perdre du temps avec cette vallée de la décision lorsque le Pays de Vaud produit de bien meilleurs crus que ce soit dans le death (
Arkhan), dans le thrash (
Algebra), dans le black propre (
Mirrorthrone) ou dans le black poisseux (
Borgne voire même Shaddaï). A éviter si possible.
Merci pour le papier.
Les gouts et les couleurs... Tu n'a pas apprécié cet album utumno et c'est bien dommage...
Telle n'est pas ma vision de ce petit EP très prometeur pour la suite et l'évolution de cet excellent groupe.
C'est un très bon album que je conseille vivement aux amateurs de black/trash et naturellement de unblack.
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