Il est toujours intéressant de se diriger vers les pays de l'Est car ce sont ceux qui restent le plus dans l'ombre. Certes, on n'en entend peu parler, mais il n'empêche qu'ils ont, eux aussi, des groupes prometteurs dans des styles plus ou moins privilégiés. Le manque de promotion et de médiatisation leur fait toutefois défaut, les albums sortant en général en CEI ou CIS en anglais, la fameuse « Communauté des Etats Indépendants », composée de 11 des 15 anciennes républiques soviétiques.
Diavoliada ne vient pas de Russie mais de Biélorussie, un pays dont on ne sait rien en matière de metal. Il ne semble pas y avoir de grandes formations dans le coin, mais rien n'empêche certains petits combos de se mettre en avant et de créer des compositions atypiques. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Diavoliada risque de faire parler de lui dans la région, grâce à son black symphonique perturbé et complètement barré.
En effet, les biélorusses n'ont pas choisi la facilité en s'inspirant, tout simplement, des maîtres Norvégiens. Au contraire, ils ont plutôt opté pour une sorte de black symphonique original et pas si facile d'accès. Loin d'opter pour une approche commerciale, ils ont le mérite d'expérimenter et de ne pas effectuer dans du black symphonique bateau, voire même du sympho extrême, comme le font beaucoup les Russes ces temps-ci. Râté. Diavoliada veut faire de sa musique une musique extrême et dérangée qui risque de faire des adeptes.
Pas de mélange
Arcturus/
Emperor/
Dimmu Borgir, mais place à un mélange improbable entre
Dimmu Borgir pour les vocaux,
Carach Angren pour le côté théâtral,
Bishop Of Hexen pour certains aspects burlesques et cirque hanté,
Ram-Zet pour les touches dérangés dans les voix et le violon, et enfin
Sycronomica pour les touches plus mystiques et l'apparition d'un piano envoûtant. Le résultat est quelque peu saisissant, car il est difficile, lors de la première écoute, de suivre les péripéties étranges et maladives de Diavoliada. Rien que sur le morceau introducteur, les différentes voix, telles des narrations, mélangées à des claviers symphoniques grandiloquents et dignes d'une BO laissent pantois, avant un tour du côté de «
Curse of Shadows ». Tout est chanté en russe et Diavoliada nous ouvre les portes de son théâtre.
On remarque déjà la longueur certaine des morceaux, instaurant un aspect progressif à la musique, ce qui renforce ce côté difficile d'accès. Heureusement, les Biélorusses arrivent à bien mettre en mouvement leur musique, ce qui la rend au final pas si ennuyeuse, et rien qu' «
Overthrow » arrive à faire tenir l'auditeur en haleine, avec un ensemble sombre et maladif. Les pianos partent dans tous les sens, les voix sont multiples (chant black, death, clair, murmuré, malsain), le violon fait des va et vient continus et rappelle le travail de Sareeta de
Ram-Zet, le résultat n'en est que plus barré et dérangeant. Sans oublier un petit côté
Dimmu Borgir, très plaisant, dans certains types de mélodies et intonations de voix.
En réalité, que ce soit les chants, les guitares, les claviers, tout est barré et dément. Diavoliada semble déshumaniser sa musique et la rendre malsaine, comme si l'auditeur se trouvait dans le théâtre des horreurs. C'est surtout le cas sur « Healing of
Evil » avec ses choeurs et son orchestre plus vrai que nature et son côté musique de film, c'est aussi le cas sur « Hypostasis » qui rejoint
Bishop Of Hexen pour les claviers type cirque/fête foraine.
L'ensemble des morceaux reste très dynamique et rentre dedans, porté par ce côté extrême.
Seul «
Confession » propose un ensemble majoritairement mid-tempo et envoûtant, avec un travail porté sur les choeurs et le côté mélodique du piano et des riffs, ce qui rappelle fortement l'oeuvre des Allemands de
Sycronomica. C'est là qu'on se rend compte que les inspirations de Diavoliada sont peu communes.
Une bonne surprise en tout cas pour ce groupe venu de l'Est. Ce premier jet est déjà très travaillé, encourageant et bien inspiré, il ne manque plus qu'à perfectionner le tout pour renforcer cette identité et ce côté perturbé qui hante cet album. Les amateurs des groupes précédemment cités devraient pouvoir trouver leur bonheur dans ce « The Unexploration : Chapter 26 ».
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