Intarissable.
Depuis l’émergence de
Children of Bodom,
Soilwork et de
Arch Enemy (période Angela Gossow), les combos de death metal mélodique à tendance très technique et plus mélodieuse que brutale, ont littéralement explosé dans le monde. Il suffit simplement de regarder le nombre proprement impressionnant de groupes s’étant créés en Scandinavie ces quinze dernières années.
La France n’a pas été épargné par cette nouvelle gloire et la popularité alléchante qui s’en échappe, les investigateurs de cette scène arpentant les plus grands festivals metal de la planète face à des masses de fans proprement dévoués à leur cause. Même si nous ne pouvons-nous targuer d’avoir un Alexi Laiho national, ni des seconds couteaux aussi importants que peuvent l’être
Norther,
Wintersun (qui, malgré tout, n’ont proposé qu’un unique disque jusqu’à maintenant),
Mors Principium Est ou encore
Insomnium (dont le dénominateur commun est, comme par hasard, la Finlande), des groupes comme Sons of Senoka ou
Yorblind tentent depuis quelques temps de tirer cette scène nationale vers le haut, malgré un public majoritairement plus attiré vers l’extrême (en démontre le nombre gigantesque d’artistes black et death brutal dans l’Hexagone).
Premier album pour les bretons de
Pictured, ils ont à cœur de montrer qu’eux aussi peuvent jouer dans la cour des plus grands.
Le premier constat à l’écoute de "The Strand of Time" est le niveau technique très élevé de ces jeunes musiciens, qui n’ont rien à envier à la plupart des groupes nommés plus haut. Affichant un artwork très graphique, propre au dépaysement et à l’Orient (évoquant plus
Orphaned Land qu’
In Flames) et un digipack très esthétique, les français affichent leurs qualités sans complexe pour infliger une petite déflagration « in your face » à l’auditeur.
Très mélodiques, ciselées et techniques, les guitares de
Sebastien LeBellec et Niko Beleg sont clairement inspirées par la scène neo-classique, tout en incorporant des plans plus thrash et directs sans leur musique. Les vocaux de Niko témoignent d’une noirceur plus proche du black que du death, à la fois criards et froids, comme Alexi Laiho pouvait chanter à ses débuts, tandis que la batterie suit tranquillement le rythme instauré par les grattes, que ce soit à travers des blasts ou au contraire des tempos mid parfaitement maitrisés. "The Howling
Forest" est, en cela, un petit résumé de la musique de
Pictured puisque le morceau alterne les plans et témoigne d’une qualité mélodique qui manque souvent aux jeunes groupe de ce style. "Another" ouvre quant à lui l’album sur un morceau plus cru et simple, parsemé de riffs puisant dans un thrash puissant et efficace. Les soli jouent allègrement avec le vibrato et la fluidité de notes qui s’enchainent très rapidement ; les autres instruments lui laissant suffisamment de place pour correctement s’exprimer et prendre le dessus dans un mix clairement dédié à la guitare et au riffing. Le chant, cru et impeccable (même s’il manquera un peu de coffre ou de variation sur l’ensemble de l’album), parachève un tableau fort appréciable et sympathique, pour un résultat d’une qualité finalement assez rare dans le domaine pour un groupe de nos contrées.
Le bien nommé "
Metal" monte d’un cran le niveau technique et instrumental avec des parties plus vicieuses et inattendues, que certains pourront rapprocher dans l’esprit de
Carcass ou
Coroner. Le chant, très massif, se veut comme une ode au metal et aux guerriers défenseurs de notre style musical.
"To
Hell and Back" (référence au "Roadtrip to
Hell and Back" de
Children of Bodom ?) développe des ambiances plus crues et violentes mais souffre dans le même temps du registre ici plus limité de Niko au chant, qui aurait gagné à se faire plus profond et growlé. Encore une fois, le niveau musical est très élevé et les breaks instrumentaux sont monumentaux de technique, que ce soit du côté de la batterie et des multiples cassures ou des deux guitaristes qui posent des plans virtuoses les uns après les autres avec une facilité déconcertante. A l’inverse, le lent et posé "The
Dwelling" prend le temps de monter en puissance avant de proposer une mélodie très forte et heavy, malgré son caractère un peu facile et cliché au premier abord. Nul doute que, sur une telle composition, l’intégration de chant clair pourrait apporter une richesse supplémentaire dans l’avenir des bretons qui, malgré tout, font plus que forte impression avec une si grande maturité pour un premier disque (après une première démo préalable et seulement quatre ans d’existence). Il n’y a qu’à écouter la seconde partie de The
Dwelling pour être complètement soufflé par, une fois de plus, la puissance des guitares et des soli.
Pictured est donc un sérieux client dans la scène death/black (très) mélodique française qui n’attend qu’un véritable représentant pour éclore à l’étranger. Quand on sait en plus que Dirk Verbeuren « himself » est venu « jammer » avec le groupe pendant l’enregistrement de l’album au Drudenhaus Studio (encore lui) parce qu’il appréciait tout particulièrement la musique de ces jeunes finistériens, on se dit que le groupe a une petite longueur d’avance sur la concurrence et que s’ils parviennent à concrétiser ce premier essai des plus fructueux, l’avenir est entre leurs mains.
Et en live Pictured ça vaut vraiment le coup
Bref c'est une bonne surprise :D
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