En préambule à ces quelques lignes, et afin d’être aussi impartial que l’exercice ne l’exige, il m’apparaît comme absolument nécessaire de remettre quelque peu l’œuvre dans son contexte. En ces temps troubles imaginer qu’un quelconque retentissement, autre qu’un éphémère succès d’estime, aurait pu naître à l’écoute de ce
State Of Rock est tout à fait hors de propos. Car en effet le
Hard FM, qui connut durant les années 80 un formidable essor et un engouement sans précédent, est, en cette période de profonds changements, à l’agonie. Il tente, pourtant, désespérément de survivre, dans la seconde moitié de ces années 90, qui virent disparaître, tous styles confondus, pléthore de groupe incapable de se remettre en cause face à ces bouleversements meurtriers. Cependant s’il convient de reconnaître, objectivement, qu’au cœur de cette sinistre hécatombe, le propos éminemment mélodique de
Frontline est, d’emblée, peu à même de provoquer un quelconque regain d’intérêt, cela ne signifie aucunement qu’artistiquement il en soit complètement dénué.
Fondé en 1989 par le guitariste Robby Boebel et le chanteur Stephan Kaemmerer, le groupe tente, avec ce premier opus, de défendre l’expression d’un
Hard-FM dynamique et mélodique affranchi de cette posture insipide et naïve parfois inhérente au genre. Dans la parfaite reproduction d’un exercice de style, il sait composer des morceaux aux refrains immédiat, aisément assimilable, mais aussi user de ces claviers symptomatiques du genre. L’espace dans lequel
Frontline s’emploie à évoluer est donc très clairement restreint, et peu enclin à la surprise tant il fut, déjà, visité par d’autres. Et ce d’autant plus que ces lignes de guitares, certes, belles n’ont rien de singulier et que ces chants, pourtant intéressants, ne sont pas inhabituels et manque même, parfois dans l’usage trop fréquent de ces aigus d’une certaine nuance, et aussi d’une certaine puissance. Et pourtant, malgré cet espace étriqué, les Allemands parviennent à nous proposer une œuvre très intéressante.
Instantanément le propos est charmeur et nous voilà conquis par une musicalité au service de l’efficacité a contrario d’un genre qui met cette harmonie plutôt au service de l’esthétisme. En d’autre terme
Frontline fait principalement dans le convaincant alors que tant d’autres se contentent de produire de la beauté, certes, belle mais souvent stérile. Bien évidemment, le groupe ne peut entièrement se départir de cet aspect très mélodique. Il réussit pourtant, la prouesse remarquable, de nous en proposer une vision, quelque peu, exempte de cette ingénuité insipide, trop souvent, de rigueur. Ainsi des titres tels un attachant
Heaven Knows, The
Night Comes Over You,
Heaven Can Wait,
Endless ou encore un enthousiasmant
Dangerous Game témoigne allégrement de cette différence qui pourrait apparaître comme infime, mais qui pourtant est réelle.
Concernant l’exercice obligatoire de la ballade
Frontline parvient même, avec
Victim Of Madness, à ne pas sombrer dans l’image inévitablement mièvre et immanquablement caricaturale.
Quelques mots encore sur la voix aigu très particulière de ce chanteur qui, sans puissance et sans heurt, parvient à nous séduire tout en douceur.
Ce premier album de
Frontline est donc une œuvre enthousiasmante à bien des titres. Elle s’inscrit dans la démarche sincère et respectable consistant à privilégier l’efficacité aux dépends d’un esthétisme exacerbé vain, souvent, de rigueur au sein de la scène
Hard-FM.
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