D'expérience, le steampunk et la musique moderne ont rarement donné de bons résultats, alors avec le metal... En effet le steampunk étant une mouvance basée sur un univers rétrofuturiste, on préfèrera généralement les musiques anciennes pour apporter l'ambiance de l'époque reculée du XIXème siècle.
Narval, un groupe lyonnais a relevé le défi d'ouvrir l'univers uchronique et enfumé du steampunk à travers le
Death Metal. Après une démo assez prometteuse de deux titres et une longue attente,
Narval passe aux choses sérieuses avec ce premier album, intitulé «
The Seeds of Uprising ».
Premier constat : ça sort de l'ordinaire. Le groupe apporte des sonorités originales et s'essaie à des effets peu caractéristiques du death, ou même du death mélodique. Notamment par l'utilisation du violon et du piano, instruments dont les sonorités donnent ici un côté ancien et authentique à la musique, on sent des influences tirées de la musique classique, renforcées par la courte mais remarquée apparition des chants grégoriens dans «
And Democracy Dies... (under a hail of applause) ». La guitare sèche apporte un agréable contraste avec la guitare électrique, de la même manière que la voix claire contraste avec le growl. Comment ne pas remarquer la myriade de bruits et d'effets sonores utilisés ici ? Ces sonorités se rapportent à l'industrie mécanique, aux machines à vapeur. Bien qu'elles soient assez nombreuses (peut-être trop), on ne tombe pas dans le stéréotype de la musique steampunk avec les bruits d'engrenages et de vapeur à tout va. On a également des bruits sans rapport direct avec l'univers steampunk, tels des bruits de discussions, des cris d'effroi, des bruits de feu de cheminée et un applaudissement. Ceux-ci apportent un côté "humain", donnant une histoire et du vécu à la musique, comme un objet vieux et usé : il a du vécu, il a une histoire. Et c'est (en partie) ce qui attire un amateur de steampunk.
Malgré ce que l'exotisme de cette album pourrait laisser à penser, ça reste du
Death Metal. Des riffs lourds et imposants, une batterie puissante et rapide, un growl qui assure, les bases du death sont présentes. Et sans tomber dans le speed metal, ça va vite. Très vite. On appréciera de ce fait que l'album soit parsemé de moments plus calmes où l'on peut reprendre son souffle. Et on en a besoin, parce qu'on est loin du metal basique avec le morceau composé de quatre notes.
The Seeds of Uprising est en effet un joyau de complexité, ce qui ne le rend pas facilement abordable pour tous. Les sonorités des riffs changent fréquemment, l'intensité des morceaux monte et descend sans jamais s'écrouler, tout s'enchaîne avec précision comme une mécanique bien huilée, aucun moment ne semble brouillon. Certains morceaux, tel «
Blood, Sweat and Tears » pourraient être qualifiés de morceaux "à tiroirs" : on y retrouve les sonorités du début à la fin, celles qui suivent le début précèdent la fin, et ainsi de suite ; comme si la chanson observait une symétrie en son milieu. «
And Democracy Dies... (under a hail of applause) » (Nom qui ressemble d'ailleurs curieusement à une citation de StarWars III où la sénatrice Padmé
Amidala dit : "So this is how liberty dies: With thunderous applause.") est la piste où la complexité et la précision de la composition se ressentent le plus : après un brouhaha qui s'efface pour l'applaudissement, l'intensité monte crescendo avec le violon, sur lequel viennent se greffer les autres instruments, la batterie et la guitare électrique apportent une lourdeur en imposant un rythme ; tout est parfaitement assemblé, sans jeu ni grippage.
Il convient de revenir sur les deux pistes qui composaient la démo, ré-enregistrées pour
The Seeds of Uprising. « Steamwalkers » et « The Unbeliever » ont ainsi été retravaillés, et la comparaison avec la démo est mitigée. Steamwalkers s'est vue dotée d'une bonne intro, le piano fait son apparition et les refrains ont été embellis avec un clavier. Le morceau est plus profond, harmonieux que sa précédente version. Mais tous les boulons ne se vissent pas sur le même écrou, et ce qui a marché avec Steamwalkers donnera un résultat moins bon avec The Unbeliever : l'intensité est beaucoup moins élevée que dans la démo, ça se sent sur les riffs, la voix claire a l'air fatiguée et on sent que le growl a du mal vers la fin. Et ça se ressent le plus sur le riff "central" de ce morceau qui a l'air d'être joué une note en dessous de la version précédente, qu'un effet tente vainement de relever. Le piano à la fin est une bonne idée, mais il aurait gagné à contraster une forte intensité, dommage... Heureusement, « Mechanical Credence » remonte rapidement l'intensité : c'est une tuerie. La puissance du death est là, la transition à la guitare sèche est réussie, les effets sont parfaitement intégrés au morceau ; une note finale admirable pour un album qui la mérite.
The Seeds of Uprising est une œuvre coulée, forgée, découpée, ciselée, assemblée et ornée mais imparfaite. Par cette phrase, j'entends que si l'on sent le travail conséquent derrière le skeud, on n'est malgré tout pas devant un sans faute. Cet album reste néanmoins un excellent départ, il ne nous reste qu'à en profiter jusqu'à l'arrivée du second album qui confirmera les talents de
Narval.
krakoukass56 : mais de rien :-)
Je voulais juste précisé que tous les samples illustrent des moments de l'histoire qui a été écrites pour l'album, chaque chanson est en relation avec un passage de celle-ci.
Et comme vous l'avez deviné, And demcocracy dies... est bien un clin d'oeil à Star Wars!
L'histoire sera bientôt disponibles sur notre nouveau site qui sera bientôt en ligne.
N'hésitez pas d'ailleurs à nous contacter pour si vous voulez vous procurer l'album en attendant qu'il soit en vente en ligne sur le site
Baron Grütensthal
Steampunk et Metal? Ça pique ma curiosité grandement!
Merci pour la chro!
Tu verras, que du bon. À écouter devant une bonne boisson ou en faisant du bricolage rétro-futuriste ;-)
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