Samoth a bien sûr contribué à poser les bases du Black
Metal symphonique en jouant sur les deux premiers légendaires disques de
Emperor, mais a aussi fait décoller la carrière de
Arcturus et
Limbonic Art, grâce à son label
Nocturnal Art. En
1994, point de départ du style mis en lumière par les magiques Constellation et In the
Nightside Eclipse,
Odium se lance à corps perdu dans ce nouveau genre de Black
Metal.
Emmené par Sechtdaemon (futur
Zyklon /
Myrkskog), le quintet compose d’arrache pied et enregistre une démo 6 titres qui va taper dans l’œil du sieur Samoth, lequel vient tout juste de sortir de prison (voilà ce que c’est de jouer avec des allumettes…), il leur offre donc un contrat avec
Nocturnal Art, permettant à
Odium de mettre en boite leur full lenght nommé
The Sad Realm of the Stars (1998).
La pochette mi médiévale mi galactique marque une similitude évidente avec
Limbonic Art, rien d’étonnant vu qu’elle est signée
Morfeus himself, le début grandiloquent de
Winterpath vient d’ailleurs confirmer immédiatement cette impression, le synthé du dénommé Bastodon se montrant imposant et cosmique à la manière de celui du fameux duo.
Odium est en revanche plus vindicatif au niveau des compositions et du son, les guitares de la paire Sechtdaemon /
Charon Martyras sont agressives, tranchantes et savent se montrer parfois directrices, contrairement à celles de
Morfeus dans Limbo qui sont bien souvent ne viennent qu’en appui des claviers. Sur l’agressif The Brigthness of the Weeping
Kingdom, ce sont bien les guitares qui mènent la danse, délivrant des riffs homériques, laissant néanmoins le clavier s’exprimer pleinement lorsque ceci s’avère nécessaire (2 :00).
Même si le côté
Emperor /
Limbonic Art est assez marqué (en même temps, quel groupe de Black sympho ne possède pas ces bases là ?),
Odium sait imposer une musique assez personnelle, grâce notamment au chant très agressif de Sechtdaemon et au jeu de batterie percutant de Andres Eek qui peut ici se lâcher davantage que dans
Funeral, son groupe de
Doom. Et pour n’oublier personne, le bassiste Demariel sait aussi se faire entendre, notamment avec des pulsations magnétisantes à la fin de Toward the
Forest Horizon.
Le mixe de Hans Petter Heggli est judicieux, donnant une place importante à chacun (même si on sait bien que les bassistes ne servent à rien hin hin…), le clavier s’avérant imposant sans être envahissant, toutefois les guitares auraient peut-être mérité un niveau sonore très légèrement supérieur à mon goût.
Un retard au niveau du mixage a retardé considérablement la sortie du disque, disponible via NAP seulement en 1998, mais les morceaux ont tous été composé entre
1994 et 1996 (et enregistrés à la fin de cette année), ils renferment d’ailleurs ce côté authentique et audacieux de l’époque, mais surtout les norvégiens proposent des morceaux aboutis, épiques et totalement prenants, à l’image du fantastique titre éponyme, jouant aussi bien sur la fibre mélancolique que sur celle de la haine. C’est en revanche dommage de ne pas avoir fait figurer les paroles dans le livret afin de s’immerger complètement dans le concept : une page pour chaque tête grimée des musiciens et la place disponible est ainsi complète…
Difficile de mettre en lumière une chanson par rapport à une autre, preuve de l’homogénéité à toute épreuve du produit : aucune faiblesse à déplorer, aucun titre faible ou bouche trou, juste une fresque galactique épique et violente. Si certains groupes reprendront brillamment le flambeau fin 90’s, début 2000 (
Sirius ou
Obsidian Gate),
Odium est à classer dans la première génération du Black sympho, ceux des pionniers ayant défriché le terrain, même si le trio
Arcturus / Dimmu / Limbo avait déjà tombé le gros de la forêt…
Hélas après un single promotionnel honteusement boudé par les labels en 2001,
Odium baissera pavillon, Sechtdaemon se consacrant alors à
Zyklon et
Myrkskog. The
Sad Realm of the Star est à l’heure actuelle difficile à dégoter car le pressage est épuisé depuis des lustres, mais sachez que le jeu en vaut la chandelle et que ce disque n’a pas grand chose à envier aux monuments du genre, bonne chasse donc !
BG
En espérant pouvoir le posséder en original un jour...
J'ai retrouvé une vieille copie de cet album, et je me suis replongé dedans grâce à de multiples écoutes. C'est vraiment très bon! Le mixage est très bien fait et donne une ambiance très particulière à l'ensemble, les claviers prennent une place importante, mais équilibrée face aux guitares et la batterie, qui rendent cet album très agréssif. Un album de black sympho de très bonne qualité et authentique, avant le dérapage du style vers du grandiloquent et caricatural.
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