Amusant : essayez de traduire "
Made Out Of Babies" sur Google, et la réponse qui vous sera donnée est "faites des bébés"... En tout cas, le groupe a accouché d'un nouvel album qui mérite qu'on s'y attarde. Installez-vous confortablement, tendez l'oreille, servez-vous un whisky et entrez dans le monde de Julie Christmas et de ses acolytes...
Premier coup d'oeil, c'est bizarre. Une pochette à laquelle on ne comprend pas grand chose, et pourtant ce n'est pas faute d'y prêter attention : on dirait Lucy qui tape la causette à Toumaï (allez faire un tour sur Wikipédia si les fossiles hominidés ne vous parlent pas). Je ne me lancerais pas dans une longue digression analytique, mais on sent déjà par cette illustration la volonté de se démarquer, et peut-être d'annoncer la présence d'une demoiselle au micro.
Et pas n'importe qui, puisque la Julie, elle est pas là pour rigoler. Elle possède une capacité vocale saisissante qui en fera s'étonner plus d'un.
Puissance, justesse, phrasé, voix saturée, elle sait tout faire, et c'est tant mieux car elle porte sur ses épaules une bonne partie de la qualité de la musique des Américains de
Made Out Of Babies. Il suffit d'écouter "Peew" et son bridge très aérien pour comprendre ce que le mot "porter" veut dire dans ce contexte : c'est bien simple, le riff passe au second plan et l'oreille se focalise sur les étranges modulations de la demoiselle. Et l'auditeur n'est pas au bout de ses surprises...
Classiquement, lors de la première écoute, on va fatalement découvrir deux analogies, et même à mon sens de sacrées similitudes. La première d'entre elles frappe dès le deuxième titre, "Grimace". Comment ? Cette introduction aérienne, cette structure rythmique torturée, ces riffs sombres qui saupoudrent littéralement le morceau ? Hé oui, vous avez gagné, on dirait du
Tool. Bon évidemment, la sauce n'est pas la même, mais on y trouvera tout de même énormément de ressemblances selon les passages. Ce titre sonne vraiment "Toolien", et par la suite l'influence atmosphérique va se tasser pour laisser la place à la patte perso du groupe, pour notre plus grand plaisir. On retrouvera cependant des sonorités semblables sur "Invisible Ink", "The Major", ou encore "Bunny Boots"...
La deuxième analogie, plus subtile mais pourtant présente à l'oreille entraînée, concerne la voix. Classiquement, une voix féminine ne colle pas bien avec ce genre de métal. On connaît quelques "exceptions culturelles" comme
Otep ou
Eths, mais ça tape plus dur que Made
Out. Alors, quelle fille fait de la musique torturée, à la limite du malsain ? Encore gagné, c'est Björk. Et je soupçonne fortement Julie Christmas d'être une fan de la chanteuse Islandaise tant elle en prend parfois les accents. C'est carrément flagrant sur "
Buffalo", ça revient beaucoup sur "
Stranger", bien servi d'ailleurs par un excellent jeu des musiciens, avec deux premières minutes fantastiques, qui croisent
Tool et Björk dans un nouveau monde, celui d'un groupe plein d'idées et d'influences, prêt à faire péter les watts.
Concrètement, cet album n'est pas une vulgaire copie de ce qui a déjà été fait. Il rassemble beaucoup de choses, et la formation Américaine a posé sa griffe sur le tout. C'est un peu comme le lait dans le milk-shake : vous avez beau avoir les meilleurs fruits du monde, sans le liant vous n'irez pas bien loin.
Made Out Of Babies nous pond ici un très bon album, classé noise rock par certains, post métal par d'autres. Au diable tous ces carcans étouffants, il s'agit ici d'un métal qui sait aussi bien être torturé que puissant ou mélodieux. On navigue dans la qualité, dans le travail soigné, et c'est un plaisir d'écouter de la bonne musique.
Pour ceux qui ne connaissent pas, ce n'est pas mettre entre toutes les mains... Vous risqueriez d'aimer !!
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