Une fois n’est pas coutume, je vais pondre ma chronique une semaine seulement après avoir décidé de m’y atteler quand habituellement je mets un mois à y parvenir. 4 semaines, car je les laisse murir, les reprends, les peaufine, ne voulant pas me laisser aller à l’enthousiasme ambiant de la découverte et de la nouveauté. Ne pas écrire à chaud en quelque sorte.
Exception sera donc faite pour ce «
The Red Mist of Endenmore », 3eme opus du trio d’East Alton dans l’Illinois. Formé en 1990,
Powers Court est pour le moins que l’on puisse dire, peu prolifique: 1 démo « Equinoxe » en 1993, l’album éponyme du combo en 1996, et «
Nine Kinds of Hell » en 2001, ce dernier ne m’ayant laissé qu’un lointain souvenir de potentiel en friches.
7 ans après donc, Danie Powers-chant, guitares-, Steve Murray-basse, chœurs-et Daniel Nydick-batterie-nous reviennent avec un album conceptuel. Celui-ci est inspiré d’une histoire originale écrite par la blonde valkyrie dans laquelle un diable devient obsédé par la fille du chef d’un village païen. Il en résulte bien évidement des conflits, de la magie noire, de la sorcellerie, des tarots, des réunions clandestines, espionnages, meurtres et vengeances, et des regrets… La mysticité, la dramaturgie, oscillant entre Geoffrey Chancer et Shakespeare, fournissent un terreau fertile à ce monde ténébreux. La trame et le cheminement sont bien ficelés, bien narrés et intrigants à souhaits. Les lyrics, en ricain, sont nettement et clairement audibles, et l’on s’en imprègne aisément. La résultante étant une plongée inexorable dans cet univers fantastique d’Endenmore où l’intro « Ab Initio » et ses tintements de cloches d’église vous invite.
Musicalement, puisque ce n’est pas une chronique littéraire (lol), et que vous aimez les références,
Powers Court pratique un Heavy/
Power/Prog mélodique très classique, lourd, puissant et énergique. Descendant du métal des années 80, les mélodies assez classiques sont ciselées par les effets guitaristiques. Cela tient un peu d’
Abigail, mais plus encore d’
Iced Earth pour la rythmique guitare et du gothic déluré de
King Diamond pour le reste. Car notre blonde chanteuse guitariste est vraiment un phénomène ! Non seulement elle écrit très bien ; mais d’autre part elle gratte et chante encore mieux, même si les influences de Jon Schaffer, de
Randy Rhoads ou même de
Yngwie Malmsteen se ressentent ; sa virtuosité est colossale. De superbes descentes de manche ultra rapides et précises, des riffs ravageurs ; le panel est complet et valorise aussi bien les tempos speed, que les breaks ou transitions. L’incandescence des guitares de Danie n’a d’égal que sa voix unique, soprano, growls, émotions … ; ses vocalises sont à l’instar des Dickinson,
Dio ou
Halford, du grand art. Clair, guttural, fluide, harmonique … son timbre se calque ainsi à merveille sur l’atmosphère ou l’ambiance de chaque titre pour en tirer la quintessence émotionnelle.
En parallèle à ce surf vocal dans les octaves, le drummer assure un tantinet, c’est le moins que l’on puisse dire. Doubles et blast beasts sont à l’honneur actuellement ; mais Daniel Nydick, qui doit être dopé aux stéroïdes, martyrise lui, les toms et la caisse claire par son jeu speed efficace et original ; et donc foncièrement appréciable.
Que d’éloges jusqu’à présent, devez vous penser. Et bien en fait, oui, j’avoue le coup de cœur pour cet Endenmore est ses ambiances variées, ciselées, ses accélérations énergiques ravageuses et cette voix sublime.
Les deux seuls petits reproches concerneraient d’une part, les lignes de basse de Steve Murray qui auraient pu être plus aventureuses, moins classiques. Le fond sonore est conséquent, sans conteste ; mais la 4 cordes fait un peu figure de parent pauvre. Et d’autre part, la prod qui, correcte, aurait pu mettre encore plus en avant la voix de l’égérie sur certains passages.
Ce «
Powers Court » n’en restera pas moins une des meilleures parutions, et une des découvertes de cette année 2008. A ce titre, je lui réserve d’ores et déjà une place de choix dans mon top 10. A découvrir absolument !!!
18/20 METALPSYCHOKILLER
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