«
Rage Against the
Machine s’est reformée ? Ah bon ?! Ah, mais sans Zack ? Du coup c’est pas
Rage Against the
Machine … ». Voilà ce que l’on a pu lire en mai 2016 après l’annonce d’une quasi-reformation du groupe de fusion légendaire des années 1990/2000, Zack n’étant pas de la partie pour des raisons qu’il n’a pas évoquées. Et c’est tout à fait vrai :
Prophets of Rage n’est effectivement pas RATM, mais un nouveau groupe à part entière. Cependant, une réunion de Tim Commerford, Tom Morello et Brad
Wilk suffisait déjà à ravir les éternels rebelles des années 90, rêvant d’un nouveau disque plein de fureur et d’anticonformisme. Zack fut finalement remplacé par Chuck D du groupe de hip-hop Public Enemy et B-Real de Cypress Hill. Un choix logique étant donné que sur « Renegades »,
Rage Against The Machine reprenait déjà « How I Could Just
Kill a Man » de Cypress Hill et que le groupe avait clairement puisé dans le hip-hop pour construire son propre style.
Prophets of Rage (dont le nom est d’ailleurs le titre d’une chanson de Public Enemy) s’est formé à la fin de la campagne présidentielle, au moment où les deux candidats principaux subissaient les foudres du peuple et des scandales. Manifestement anti-Trump (ce qui est peu étonnant étant donné les convictions politiques des membres du groupe),
Prophets of Rage se lance dans une mini-tournée avec pour slogan « Make America
Rage Again », parodie évidente du « Make America great again », de Trump. Le groupe joue en marge de la convention du Parti Républicain à Cleveland et finit par enregistrer un premier EP, « The Pary’s Over ».
Mais bien entendu, il fallait s’attendre à la question qui fâche avec ce genre de groupe : «
Prophets of Rage a-t-il sa propre identité ou n’est-il qu’un
Rage Against the
Machine 2.0 ? ». Avec seulement deux titres originaux sur cet EP, il est assez difficile de répondre à cette question sans faire de prédictions. En revanche, il est clair et net que pour l’instant, le style
Rage Against the
Machine est bien présent sur les deux titres en question. Le morceau «
Prophets of Rage », avec sa basse ronronnante et son riff par petit coup rappelle beaucoup «
Guerilla Radio », qui, par ailleurs, utilisait la même structure et des riffs semblables. « The Party’s Over », quant à lui, avec son rythme hypnotique et sa basse hallucinante, replonge immédiatement l’auditeur dans les morceaux les plus hip-hop de
Rage Against The Machine. Les paroles des deux chansons sont engagées bien entendu, mais leur rage est bien moindre comparée à
Rage Against the
Machine ou Public Enemy.
Du côté des morceaux live, on retrouve reprises : une de
Rage Against the
Machine (le légendaire Killing in the Name, encore une preuve que la pomme n’est pas tombée bien loin de l’arbre), une de Public Enemy (Shut ‘em
Down) et une des Beastie Boys (No
Sleep ‘til Brooklyn, adaptée en No
Sleep ‘til Cleveland à cause du lieu de rassemblement du parti républicain). Autant le dire tout de suite, la reprise de « Killing in the Name » se révèle peu intéressante tant elle est fidèle à l’originale, avec une légère différence dans les paroles (« Some of those that hold office, are the same that burn crosses », comprenez approximativement « certaines personnes au pouvoir sont ceux qui brûlent des croix ») et certains passages joués sous l’effet de somnifères. « Shut ‘em
Down » en revanche, s’avère être un excellent cover du morceau d’origine. Tim Commerford fait un magnifique travail à la basse et Tom Morello adapte parfaitement les scratchs des platines à la guitare comme il a déjà pu le faire sur « Bulls on Parade ». Enfin, « No
Sleep ‘Til Cleveland » s’avère être une reprise efficace sans pour autant apporter de changement majeur à la version d’origine.
Et Chuck D et B-Real dans tout ça ? Les deux rappeurs ont le mérite d’apporter une touche plus hip-hop que Zack à l’époque de RATM, mais leur chant reste beaucoup moins agressif. Cela ne manquera pas de froisser les éternels admirateurs de Zack, mais il faut admettre qu’un peu de changement permet d’obtenir une version différente et tout aussi respectable des chansons que celle
Rage Against The Machine.
« The Party’s Over » vaut-il le coup ? Pour toute personne ayant grandi à grand coup de « Fuck you I won’t do what you tell me », il sera une madeleine de Proust. Pour les autres, il ne sera qu’une pâle copie de ce qu’a pu faire
Rage Against the
Machine. Bien entendu, si le groupe continue à évoluer dans ce style, la comparaison entre les deux formations deviendra justifiée et le groupe perdra de son intérêt. Mais pour l’instant, il convient d’apprécier cet EP pour ce qu’il est : un mini-manifeste avant une probable bombe à venir. Alors, vous reprendrez-bien un peu de nostalgie ?
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