Il est difficile de passer sa tête hors de la meute en musique de nos jours, surtout lorsqu'on officie au sein du
Metal. Il semble que ce soit encore plus vrai pour les pays d'
Europe de l'ouest. En effet, les groupes de la notoriété d'un
Hypocrisy,
Immortal, ou
Helloween pour faire plus proche ne sont pas légion. La Belgique a bien
Enthroned ou encore
Aborted, la France
Nightmare voire
Dagoba,
Gojira surtout, allez citons
Moonspell pour le Portugal, mais dépasser (avec succès) les limites nationales n'est pas chose aisée. Quand en plus on choisit, à l'instar de Taliandorogd, de mélanger des éléments un peu désuets entre eux (mixer le rock n' roll, le death et le black!), on risque fort de ne pas être le groupe en vogue du moment. C'est hélas, en quelque sorte le sort qu'a connu Taliandorogd.
J'avais lu il y a peu un article pondu par je ne sais quel chroniqueur, traitant d'une compilation regroupant apparemment des groupes français relativement modernes, voire metalcore pour la plupart. Et voici qu'un titre de Taliandorogd s'était glissé dans le tracklist, un détail n'échappant pas au dit chroniqueur qui s'empressa de descendre ce morceau en le comparant injustement au reste du cd. Un exemple parmi d'autres que les artistes hors du temps et des modes sont incompris par la majorité (mais qui sait, peut-être les célébrera-t-on dans un ou deux siècles!).
Trêve de prophéties, passons à ce qui me mobilise ici : la qualité indéniable du sublime brûlot qu’est
The Parting, et surtout le savoir-faire de ses géniteurs.
- Deux guitaristes : L’un, ayant le pouvoir de créer des riffs coupants comme des rasoirs, que dis-je, tranchants comme la lame d’une faux, puissants, entraînants, furieux! L’artwork ne trompe pas : les racines et la roche que l’on peut voir sont comme la musique distillée : sinueux, robustes, naturels. Une fois pris dedans, impossible de s’en extirper! L’autre gratteux se spécialise dans les soli mélodiques et les passages acoustiques, chacun d’une grande fluidité ne reniant pourtant pas la technicité et coulant sur les sonorités rugueuses comme une source cristalline dans ses méandres.
- Un chanteur : Accompagné à de très rares moments par la voix claire d’un illustre inconnu en ce qui me concerne (Stephan May, qui a également mixé l’album), ce qui apporte le seul véritable souffle de modernité, le chant principal est lui aussi rude, râpeux, et en impose par sa diction élaborée. De temps à autres, il en vient pourtant à se mettre en retrait en susurrant son texte instaurant ainsi une atmosphère sombre, voire parfois également à s’effacer pour laisser la musique éclater ouvrant la voie à d’irrésistibles battements de tête chez l’auditeur.
- Un bassiste : Supportant sans rougir le talent créatif des autres musiciens, il s’impose comme le maillon assurant la cohérence du groupe et de son oeuvre, rarement sous les feux des projecteurs il est vrai, mais permettant à cette mixture qu’est
The Parting de tenir debout. L’homme de l’ombre sans qui rien ne serait possible.
- Un batteur : À l’aise tant dans le mid-tempo que dans les furieuses descentes de toms et les accélérations au double pédalier, celui-là ne vous laisse aucun répit et place toujours aux bons moments des plans qui font mal, très mal. Doté qui plus est d’un son ravageur, son instrument martèle des rythmes implacables tout au long du disque. Si les débuts du hard rock apeuraient les foules de parents criant à la musique du diable, que diraient-ils aujourd’hui de cette frappe infernale?
- Un claviériste : Sachant doser ses apparitions ainsi que leur importance, il faudra parfois se montrer subtil pour déceler les passages sur lesquels il se cache. Un effet voulu bien entendu, et qui apporte une touche de profondeur à la musique, comme si, entre les racines et la rocaille, des gouffres se dessinaient et menaçaient d’emporter l’auditeur. Un autre personnage agissant dans l’ombre, mais dont le travail d’orfèvre se révèle lui aussi indispensable.
Afin de me plier au désir d’un éventuel lecteur désireux de savoir avec quel(s) titre(s) il pourrait se faire une idée de la bête, je désignerai sans hésiter The Foul Layer et The Cure. Je m’en remets à votre jugement chers metalleux, espérant que grâce à ma maigre contribution, un chef d’oeuvre de la scène française ne passera pas définitivement à la trappe.
Une précision finale en ce qui concerne le groupe, qui a radicalement changé de style, oeuvrant désormais dans un death mélodique aux influences suédoises et ayant au passage perdu plusieurs membres d’origine ainsi que la moitié de son nom, répondant de nos jours au patronyme de
Talian (le tout sans doute dû à un cruel manque de notoriété). Un
The Parting bis (ou un disque dans la même veine) ne me semble donc pas/plus envisageable.
Un bon gros 18/20.
Ca a l'air vraiment intéressant, mais j'ai encore un peu de mal avec les extraits proposés, je vais essayer d'écouter plusieurs fois , pour savoir si je l'achèterai...
En ce qui me concerne, l'obtenir était un peu une chasse au trésor, il faut dire qu'on ne le voit pas partout... C'était le dernier exemplaire sur ebay à ce moment là. Il y en a peut-être d'autres maintenant. Mais une chose est sûre : je suis fier de cette acquisition!
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