Décidément, Roman Saenko est un personnage incontournable dans la scène black metal ukrainienne. Véritable stakhanoviste, le bonhomme a mené une demi-douzaine de combos de front lorsqu’il a décidé de mettre
Hate Forest en berne, tout en s’efforçant d’essayer de maintenir une régularité et une qualité constante avec
Drudkh, sa formation principale, qui, s’il n’a pas sorti que des pépites, n’a au moins jamais fait de mauvais album. Si le géant ukrainien a adopté un rythme de sorties plus modeste depuis
Eternal Turn of the
Wheel, avec un full length tous les trois ans, ce n’est visiblement pas à cause d’un manque d’inspiration, puisque l’artiste a décidé de former en 2016 Windswept avec ses petits camarades de jeu préférés,
Krechet et
Vlad. Un an plus tard sort
The Great Cold Steppe, sorte de version blastée et plus true de
Drudkh mais un peu trop linéaire pour vraiment faire mouche.
Quoi qu’il en soit, deux ans plus tard, voilà déjà le deuxième album de la formation qui pointe le bout de son nez, j’ai nommé
The Onlooker. Sans surprise, celui-ci nous offre ce que l’on est en droit d’attendre de la part de Saenko et ses sbires, à savoir un très bon black metal ukrainien dépouillé, froid et mélancolique au toucher unique.
Évidemment, on pense tout de suite à
Drudkh à l’écoute de ces 37 minutes, et effectivement la sensibilité musicale des deux combos est très proche : il se dégage la même mélancolie poignante, le même sentiment de grandeur mêlé de tristesse qui nous plonge dans un état second, quelque part entre la contemplation et la prostration. Ceci dit, Windswept se distingue de son illustre aîné par une intensité de tous les instants, un rythme effréné porté par un blast quasi continu qui nous entraîne dans une bourrasque épique réellement bouleversante, et ici, les riffs sont plus travaillés et accrocheurs que sur
The Great Cold Steppe.
C’est un fait,
The Onlooker est indéniablement plus sombre et plus violent que tout ce qu’a fait
Drudkh, et même s’il s’en inspire grandement, il laisse de côté la facette acoustique et champêtre de ce dernier, bien que l’on retrouve cette composante atmosphérique dans le riffing unique de Saenko, toujours aussi profond et habité. Ainsi, les Ukrainiens nous offrent un bloc très compact de sept titres plus une intro qui s’enfilent comme un seul, sans temps mort ni baisse d’intensité, les pleurs et les cris des guitares nous enveloppant de cette fierté ancestrale et païenne qui nous gonfle le cœur et nous fait lever le poing. Inutile de décrire une compo plus qu’une autre tellement l’ensemble est homogène, les morceaux ne se distinguent pas vraiment les uns des autres et s’apprécient comme un tout, d’aucuns diront que l’ensemble est un peu répétitif, mais c’est justement cette simplicité dans les riffs et les structures qui renforce le côté hypnotique et permet de nous maintenir dans cet état de transe. Histoire d’étoffer un peu le propos, distinguons A
Gift to Feel
Nostalgia et Bookworm, Loser, Pauper, deux pièces aux riffs roulants et noirs tiraillés entre fureur guerrière et mélancolie, Gustav Meyrink’s Prague à la mélodie païenne et plaintive que l’on pourrait presque imaginer entonner sur de vieux instruments traditionnels tels la vielle ou la cornemuse, avec ces passages mid tempo qui imposent encore un peu plus ce parfum amer de nostalgie, ou
Insomnia of the Old Men, titre où le chant du frontman se fait incroyablement arraché et haineux, et qui rappellerait presque une version plus mélancolique et moins haineuse de
Hate Forest par son intensité magnétique et glaciale.
Pour le reste, pas grand-chose à ajouter, Windswept fait ce qu’il sait faire, un metal païen ukrainien simple, direct, sincère et bouleversant.
Plus puissant et inspiré que l’album précédent, plus intense que
Drudkh mais avec un sens de la mélodie hypnotique intact,
The Onlooker est en ce qui me concerne la meilleure sortie de Saenko depuis bien longtemps. A réserver à tous les amateurs de black froid, épique et envoûtant qui veulent prolonger l’hiver.
C'est impréssionnant, car ces gars sont toujours très inspirés, et sortent des projets acec une telle aisance et qui restent
en plus de très bonne qualité.
Pour ma part il est vrai que jaurai aimé un nouvel album de Hate-Forest dans al ligné de leur magnifique album 'Purity'.
Mais bon Windswept nous permet de continuer à ressentir l'âme de ses compositeurs.
La chronique m'a donné envie d'aller y jetter une oreille, et comme j'ai bien accroché je vais m'intéresser aux autres projets du gars.
Sinon, c'est assez surprenant lorsque on va écouter un album de black d'entendre en intro une musique d'un film Myazaki, Nausicaa si je me trompe pas.
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