Noyé sous un flot incessant de sorties d’albums, il est difficile d’y retrouver ses chats dans le Death
Metal à l’heure actuelle, on nous bombarde de revival se voulant plus old school que
Obituary en 1989 (via les labels
Dark Descent et
Memento Mori notamment), on nous assomme à coup de brutal Death ou de Slam (NSE), on nous mystifie avec des pavés plus techniques que Lionel Messi (Willowtip, Unique Leader), et une myriade de bonnes sorties sont à signaler dans tous ces styles d’ailleurs (et des inutiles aussi), mais courir après le sceptre du groupe le plus old skull, le plus rapide, le plus lourd ou le plus technique ne semble pas être la mission première de Storm Upon The Masses.
Ici point de surenchère ou de dogmes respectés à la lettre chez les belges, juste une volonté de jouer en privilégiant l’efficacité et le songwriting, ça paraissait le b.a.-ba auparavant, mais par les temps qui courent il est bon de préciser.
On ignore si Cyclonic
Entity le premier titre de l’album a un quelconque rapport avec le colossal Cyclonic
Void of
Power des colombiens
Internal Suffering, mais le son et le style sud américain donnent envie de dire oui. Rapidement
Krisiun vient à l’esprit, celui de Works of
Carnage et AssassiNation pour la précision des riffs et d’Apocalyptic
Revelation pour l’intensité. Le chant de Brecht Putteneers proche de celui d’ Alex Camargo ne dément pas cette filiation, mais dès le second morceau
Last Rites apparaissent des accélérations façon
Hour Of Penance /
Hideous Divinity qui les différencient du célèbre trio brésilien.
L’artwork signé Daemorph est graphiquement de qualité, bien que ce genre de scènes de grands anciens invincibles détruisant une ville lors d’une scène apocalyptique soit désormais d’une banalité assez affligeante, mais mieux vaut une pochette bateau bien dessinée qu’une scène originale moisie, parfois on ne peut pas tout avoir…
Musicalement la puissance de
The Ones Who Came Back ne souffre en revanche d’aucune contestation, à l’image de sa percutante chanson titre qui mettra à genoux le plus endurci des deathster ou encore du très intense
Assault Inferior
Domain qui aurait pu figurer à l’aise sur Apocalyptic
Revelation. Savorless
Sadistic Ritual montre même une facette relativement plus à l’ancienne, avec des plans (surtout guitare) sonnant
Sadistic Intent /
Angelcorpse.
Peut être davantage de solos aurait été souhaitable, la lead guitare semble un peu timide à ce niveau, même si le style ne se prête pas forcément à des flamboyances Tipton-Downing style ou des mathématiques quantiques à la Muhammed Suicmez.
L’autre force est l’homogénéité du disque, c’est un gros bloc de titane sans faiblesse alors que trop de combos flamboient sur 3-4 titres et remplissent le reste avec des chutes. Jusqu’au bout on n’en prend plein la gueule jusqu’au
Sworn to
Blasphemy final.
Le jeune combo a sans doute encore besoin de se détacher un peu de certaines influences trop visibles, mais le potentiel aperçu ici augure le meilleur pour la suite et leur premier full lengh est déjà bien réussi.
En résumé si vous aimez le Death sudam des
Krisiun,
Nephasth,
Internal Suffering avec de surcroit quelques réminiscences de la scène italienne,
The Ones Who Came Back est pour vous.
BG
Bonne chro, qui m'a donné un prétexte pour m'envoyer quelques minutes de death bien bourrin comme il y a 28 ans. Il y a des bons riffs, c'est balancé sans fioritures, un peu dommage que la basse soit aux fraises...
tout a fait d'accord avec toi sur la compète death metal de nos jours...
Hails Laurent, merci pour ta chronique, effectivement difficile de mettre plus que 14, c'est diablement efficace, mais malgré la débauche ambiante, quoi de neuf sous le soleil sinon un gros potentiel. Je remarque surtout ton intro qui me parle, en effet je note également une certaine lassitude quant aux sorties actuelles, que je suis pourtant assidument, soit en cd soit en téléchargement, beaucoup de redites et de choses dont nos groupes favoris ont posé les bases et qui seront difficiles à égaler, en encore moins à dépasser. Après une année riche en 2017, ou chacun a sorti son petit album, je trouve 2018 assez pauvre pour l'instant, sinon un Spectral impeccable ou un Portal dévastateur, la majorité des sorties restant à mon gout trop convenue, et ce qui est un comble pour un genre à la base au combien sulfureux. Du coup, je lorgne plutôt sur les rééditions death, ou me refaisant sans me lasser des discographies complètes où je retrouve cette hargne originelle. Egalement, sous l'insistance de Yohann ( Architect of Seth ), je succombe facilement au vieux thrash technique de la seconde partie des 80's, qui savait ce qu'un putain de riff voulait dire.
@JeanEdern : Le Death de Storm Upon The Masses est quand même très différent du Death dit "brutal" qu'on trouvait en 1990.
@Sijj : Oui, j'ai pas écouté grand chose en Death Metal de 2018 pour le moment.toutfeois le nouveau Temple sort clairement du lot, encore meilleur que le premier album, et le Naer Mataron quelle surprise : une vrai métamorphose en Infernal War / Hate Eternal, je le conseille fortement, je l'avais d'ailleurs fait brièvement écouter à Fabien lorsqu'il était passé à la maison il y a 15 jours....
@Beergrinder : Je suis très loin d'être un spécialiste en Death Metal, et l'écoute de Storm Upon The Masses m'a rappelé de vieux souvenirs. Je préférais le thrash à l'époque, mais il se trouve que le premier groupe dans lequel j'ai joué était un groupe de death, en 1990-1993, et le guitariste chanteur me faisait écouter des albums, des démos de death pour essayer de me convertir, ah ! ah ! J'aimais pas trop le death brutal, et quand j'en écoute, c'est à petites doses.
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