Auteur de quatre albums plus (les deux premiers) ou moins (les deux suivants)remarqués entre la moitié des 80's et le milieu des 90's, le groupe Canadien
Sacrifice sort ici son cinquième album, après une pause de plus de 10 ans. Ca commence mal, me direz-vous ? Encore un groupe reformé qui sort une daube ? Et bien, non, non, et trois fois non !
Car il y a thrash et thrash. Et celui-ci est diablement inspiré. Et ça fait la différence. La pochette, déjà, intrigue et fascine, bien loin des Repkatudes habituelles (même si je n'ai rien contre).
Débutant avec une introduction fracassante ("We
Will Prevail" : cri de guerre annonçant le déluge instrumental à venir), le groupe de Rob Urbinati (vocaux, guitares) pose les bases d'un thrashmetal agressif, rugueux et incisif, à l'image de la quasi-totalité des chansons de l'album.
Le son est très équilibré, old-school mais clair, et avec toujours ce côté brut qui crispera les fans de la compression à outrance, mais ravira les nostalgiques des 80's.
Se rapprochant dans l'intensité du très réussi et slayerien "
Forward to Termination", le groupe enquille les morceaux, souvent rapides, mais jamais au détriment de la structure mélodique et des changements de rythmes nombreux et variés. Ainsi, agrémentés tout le long de plans et breaks fracassants dans la plus pure école de
Slayer (le riff d'intro de "The
Devil's
Martyr" au hasard),
Sacrifice pond un opus qui, s'il avait pu sortir en 1989, aurait sans nul doute pu trôner aux côtés d'un "
Ultra-Violence" (
Death Angel), dont il emprunte le groove, lors de riffs rampants de-ci, de-là ("
Desolation Alive").
Technique sans être démonstratif, le groupe a su éviter l'écueil de la monotonie, en variant les plaisirs (l'écrasant début de "Tetragrammaton"), mais surtout en créant des vraies chansons, chacune ayant sa propre personnalité. Il est d'ailleurs délicat de citer un morceau au-dessus du lot, l'ensemble compact et sans remplissage, se buvant comme du petit lait. Un peu comme à l'époque où, en quelques secondes d'un morceau, on faisait reconnaître au fan l'album, le groupe et même la position du morceau sur le vinyle. Nostalgiques, comptez-vous !
Thrash jusqu'au bout des ongles,
Sacrifice se permet quelques touches à la limite du thrash/black (le riff tournoyant de "The Great Wall") mais ne renie jamais son propre style, fait d'accélérations meurtrières, mais aussi de mélodies insidieuses tout au long d'une belle réussite. Mention à la paire de guitaristes, toujours très justes dans leurs interventions.
Sorti en 2009 et quelque peu dans l'ombre d'un "Black Future" ou d'un "Bloodrust
Scythe" (
Vektor,
Hellish Crossfire) datant de la même période,
Sacrifice propose là un top-album d'un thrashmetal inspiré, incisif et ô combien réussi. Soit largement au-dessus de la qualité moyenne des groupes de revival tharshmetal de cette période.
P.S. : Un bonus-track est disponible sur la version européenne Digipack parue chez
Cyclone Empire en 2010, incluant une version live de "
Soldiers of Misfortune" enregistré à
Toronto en 2006, de l'album du même nom. Public assez peu présent, mais son clair et précis.
Étonnant que cet album très réussi n'ait pas touché plus de monde, une vraie bombe pour ma part et en général je suis plutôt rarement surpris par une sortie plus ou moins récente d'un groupe qui a roulé sa bosse dans les eighties et m'en tiens en général à leurs premiers méfaits... mais là je fais une exception car cet album est d'une qualité incontestable !
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