Certains groupes profitent aujourd'hui des moyens de diffusion procurés par la fabuleuse plateforme qu'est internet, leur permettant ainsi de faire connaître leurs travaux pour en récolter des avis, voire de passer le cap de la notoriété pour vivre pleinement de sa vie d'artiste. Cette génération internet aura entre autres permis la découverte de nouveaux talents : une chance pour les formations ne possédant un budget artistique que très limité. Du côté de
The Nearly Deads, c'est ce que l'on pourrait justement appeler le phénomène du buzz.
Ce n'est pas nouveau, le grunge pratiqué aujourd'hui n'est plus le même que celui des 90's ayant eu la réputation d'être plus crasseux, fougueux, et misant davantage sur des sonorités lourdes avec une mélancolie propre à cette époque de gloire, à cet âge d'or du genre. Bien entendu, d'autres tentent néanmoins de renouveler cette expérience et de réaffirmer les codes et l'éthique du Seattle Sound qui a fait couler beaucoup d'encre à son apogée. Mais avec l'arrivée de nouvelles sonorités, de nouvelles tendances ou de goûts, le grunge a bien sûr évolué. Peut-on cependant parler d'une sorte de revival ou de new-grunge pour la musique pratiquée par
The Nearly Deads ?
L'expression est peut-être un peu exagérée, mais pour ce quatuor américain formé en 2010, il est sûr que leur démarche musicale est à l'origine surtout tournée vers le grunge, ou du moins l'enveloppe, la base est en elle-même plutôt grunge si l'on se base sur les guitares et les quelques solos grungy de "
Never Look Back" ou de "
Fact & Friction" par exemple. Cependant, la formation mise de façon paradoxale sur le côté post-hardcore de sa musique, privilégiant ainsi les claviers et le chant pop à l'allure un peu magique de Theresa Jeanne sur ce dernier titre avec une efficacité propre à
The Nearly Deads, que l'on retrouve aussi sur "Thanks for
Nothing" qui charme par ses mélodies simples et prenantes avec une outro qui clôt le titre d'une belle manière.
Mais le groupe n'aurait jamais obtenu le succès qu'on lui doit aujourd'hui sur ce "
The Nearly Deads" sans le single "
Never Look Back" qui avait rassemblé de nombreux internautes sur le clip dirigé par Jon
King, également producteur de cet EP éponyme. Le combo n'a donc pas hésité à qualifier ce phénomène d'épidémie virale. Ce qui peut se comprendre, car malgré le fait que l'ensemble reste très accessible, le morceau dégage des influences punk plutôt modernes avec un aspect grunge plus marqué que sur d'autres titres tels que "Special" ou "
Reasons" - plus orientés vers le rock alternatif avec un refrain énergique et accrocheur et une identité propre au groupe.
En résumé,
The Nearly Deads tape dans un registre à mi-chemin entre le post-hardcore à l'américaine, le punk, le rock alternatif, la pop (d'où la description qu'ils dressent de leur propre groupe « Imagine Kelly Clarkson as front-woman of the Foo Fighters ») ainsi qu'évidemment le grunge, malgré ses nombreuses mutations et son aspect plus lisse et donc plus propre. D'où le fait que parfois, cette dose de modernité emmène la formation à composer des morceaux répétitifs et restant assez similaires à ce qu'il se fait dans le domaine de la pop-music alternative comme "The Perfect Cure" - qui en reste l'exemple parfait mais qui est heureusement rattrapée par le reste de la tracklist.
Encore une fois, il est surtout question de vision de la musique et non des performances de
The Nearly Deads à proprement parler, puisque certains auditeurs pourraient justement être repoussés par l'image et l'aspect moderne que cherche à véhiculer le groupe. Mais la durée de ce second EP auto-produit (une première production est sortie en 2010 "Not Nearly Enough" mais est passée relativement inaperçue) se tient raisonnablement, et possède même de bonnes idées. Le seul risque étant qu'à l'avenir, la formation reproduise son travail de façon similaire, perdant de ses capacités.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire